Publié le 18 Oct 2012 - 18:05
STATUT DE L'OPPOSITION

Le barrage politique de Benno Bokk Yaakaar

 

Exhumée par le président Macky Sall, la question du statut de l'opposition divise d'ores et déjà les acteurs politiques. En arbitre, l'analyste politique Mame Less Camara retient qu'il sera difficile d'y trouver réponse tant que Benno Bokk Yaakaar (BBY) garde sa dynamique.

 

 

«La Constitution garantit aux partis politiques qui s’opposent à la politique du gouvernement le droit de s’opposer. La loi définit leur statut et fixe leurs droits et devoirs. L’opposition parlementaire est celle qui est représentée à l’Assemblée nationale par ses députés.» Ainsi, l'article 58 de la Constitution sénégalaise de 2001 régit le statut de l'opposition. Mais il n'a jamais fait l'objet d'application sous le régime de l'ex-président Abdoulaye Wade, en raison notamment des rivalités entre le Ps et l'Afp, en plus des calculs propres au pouvoir d'alors.

 

Aujourd'hui, il sera difficile de déterminer le chef de l'opposition sénégalaise si l'on sait qu'une partie du noyau de ce que devrait (ou aurait dû) être l'opposition est présentement dans la mouvance présidentielle dite Benno Bokk Yaakaar (BBY). Mais pour le porte-parole de Yoonu askan wi (YAW), Madièye Mbodj, «s'il faut chercher une opposition, il faut la chercher hors de BBY qui est la majorité actuelle qui se reconnaît au pouvoir». En clair, dit-il avec insistance, «les partis qui sont dans BBY ne sont pas de l'opposition».

 

Allant plus loin, le Dr Dialo Diop, secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), déclare : «Si on accepte la validité de notre système électoral, c'est incontestablement au Pds que ce statut de parti d'opposition revient même si tout le monde sait que le Pds ne saurait être une opposition par rapport à Macky Sall.» Un point de vue non partagé par Madièye Mbodji. «L'opposition ne se réduit pas seulement au Pds car il y a d'autres partis qui se réclament justement de l'opposition», indique le leader de Yaw. D'où la nécessité de «définir clairement» les critères du chef de l'opposition. «Si on veut donner un statut à cette opposition, il faut convoquer l'ensemble des acteurs politiques et citoyens concernés pour définir les critères d'attribution et s'entendre sur les règles du jeu», propose-t-il...

 

«Il serait exagéré de désigner le Pds comme le chef de l'opposition»

 

«Il ne faut pas laisser croire au Pds qu'il est l'unique formation politique éligible à la fonction de chef de l'opposition», rétorque Mame Less Camara. Tout en soutenant qu'il serait exagéré de désigner le Pds comme le chef de l'opposition, l'analyste politique n'en reconnaît pas moins la difficulté à trancher cette question. Du moins «tant que Benno Bokk Yaakaar est au pouvoir», précise-t-il. Cela, d'autant plus que «Macky Sall retient captive dans sa trop vaste coalition une partie de ce qui va constituer le noyau de l'opposition autre que le Pds».

 

Pour Mame Less Camara, «on est dans un processus encore inachevé qui peut, peut-être, durer tout le mandat de Macky Sall et qui va s'achever la veille de la fin de son mandat». Une sorte de gel des antagonismes qui n'est pas sans conséquence au sein du parti au pouvoir, ajoute le journaliste correspondant de la BBC à Dakar. «Si Macky Sall tarde à casser la dynamique, c'est même des éléments de l'Apr qui se constitueraient en une opposition», avertit-il. «À défaut d'une opposition dynamique, il y a un groupe au sein de l'Apr qui se constitue pour être le groupe de vigilance pour que Macky respecte ses engagements électoraux. Ça, on l'attendait du Pds s'il était un vrai groupe d'opposition.»

 

ASSANE MBAYE

 

 

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