Publié le 8 Jan 2025 - 19:05
THIÈS : IMMATRICULATION DES MOTOS-JAKARTA

Les conducteurs de deux-roues approuvent, mais déplorent les conditions de travail

 

Le gouvernement sénégalais, par le biais du ministère des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens, a récemment mis en place une nouvelle mesure visant à renforcer la sécurité routière et à mieux réguler le secteur du transport. Désormais, l’immatriculation des véhicules à deux roues, notamment les motos-taxis, est obligatoire. Les assujettis ont quelques jours pour le faire gratuitement.

 

L’immatriculation des véhicules à deux roues, notamment les motos-taxis, vise à encadrer la circulation des deux-roues et à améliorer la sécurité des usagers de la route, tout en contribuant à réduire les actes d'agression et la criminalité dans la région de Thiès. Cette mesure a été largement saluée par les conducteurs.

Mamadou Diouf, un conducteur de moto-taxi à Thiès, déclare : ‘’Nous sommes heureux que l’immatriculation des motos soit devenue obligatoire. Cela nous permettra de travailler en toute légalité, de mieux nous organiser et d'avoir plus de crédibilité auprès des passagers. C'est un pas important pour la sécurité et l'ordre dans notre secteur.’’ Cette mesure est également perçue comme un moyen de réduire l’anarchie sur les routes où de nombreuses motos circulent sans être enregistrées, rendant difficile leur traçabilité en cas d’accident ou de comportement à risque.

Fallou Sylla, conducteur de Jakarta, abonde dans le même sens et explique que cette mesure d'immatriculation vise à renforcer la traçabilité des motos-taxis, car ce métier est crucial dans les grandes villes comme Thiès où les motos représentent un moyen de transport essentiel pour de nombreuses personnes.

Selon lui, l’immatriculation des motos permettra de mieux contrôler la circulation des véhicules à deux roues et de lutter contre l’anarchie qui caractérise parfois le secteur.

Les conducteurs veulent ainsi mettre fin aux accusations de comportements irresponsables, de fraudes et d’agressions, en raison de l’absence de régulation claire.

Selon les autorités, cette nouvelle initiative va permettre un meilleur contrôle des motos et, par conséquent, de réduire les risques liés aux comportements criminels.

Des conditions de travail précaires

Tout en saluant la mesure, les conducteurs de motos n’en soulignent pas moins les nombreuses préoccupations concernant leurs conditions de travail jugées difficiles et précaires. Oumar Sy, un autre conducteur de moto-taxi, déclare : ‘’Nous travaillons souvent de longues heures, parfois jusqu’à la tombée de la nuit, pour subvenir aux besoins de nos familles. Les conditions de travail sont très dures. La circulation est chaotique, nous manquons de soutien pour l'entretien de nos motos et la sécurité sur la route est loin d'être garantie. Il nous faut des mesures concrètes pour améliorer notre quotidien.’’

Les accidents de la route restent également un risque majeur pour ces conducteurs. De nombreux motocyclistes déplorent le manque de formation en matière de sécurité routière ainsi que l’absence de dispositifs de protection suffisants (casques et gilets de sécurité). Bien que la loi exige le port du casque, l’application de cette règle reste parfois laxiste et de nombreux conducteurs n’ont pas accès à des équipements de sécurité adéquats en raison de leur coût.

L'absence de structures de soutien et de formation

Les conducteurs de motos-taxis réclament également la mise en place de structures de soutien telles que des ateliers de réparation accessibles, des programmes de formation à la conduite sécuritaire ainsi que des assurances pour les accidents de travail.

Selon eux, ces mesures sont essentielles pour améliorer la profession et garantir une meilleure sécurité pour les conducteurs et leurs passagers. Seyni Ba insiste : ‘’Nous demandons aux autorités de nous soutenir dans la formation et la sensibilisation sur la sécurité routière. Il est également important que nous ayons accès à des services d'assistance pour nos motos et à des assurances accessibles qui nous protégeraient en cas d'accident.’’

Il ajoute : ‘’Nous sommes d'accord avec l'idée du ministre, mais il est primordial que l'État nous fournisse une formation adéquate avant son application. Beaucoup d'entre nous n'ont pas été formés de manière professionnelle pour conduire des motos-taxis. Nous avons besoin d'une formation qui nous aide à comprendre non seulement les règles de la circulation, mais aussi comment conduire en toute sécurité, pour nous et pour nos passagers.’’

Ces derniers soulignent qu'une grande partie des conducteurs n'a pas suivi une formation formelle. Beaucoup ont appris à conduire sur le tas, en se fiant à l'expérience plutôt qu'à des enseignements théoriques et pratiques. Cela crée des lacunes en matière de comportement sécuritaire, de respect des règles de circulation et de connaissance des risques liés à la conduite. Les conducteurs sont quotidiennement confrontés à des situations de trafic chaotique où les délits de conduite comme les excès de vitesse, le non-respect des feux de signalisation ou encore les dépassements dangereux sont fréquents.  

Des défis à surmonter

Bien que cette mesure soit largement saluée, des défis demeurent. L’immatriculation des motos nécessite des démarches administratives que certains conducteurs jugent complexes et coûteuses. De plus, l’application effective de la mesure sur le terrain reste un enjeu crucial. Les autorités devront veiller à ce que les motos immatriculées soient réellement contrôlées et que les sanctions pour les motos non immatriculées soient appliquées de manière rigoureuse, indique Ismaila Diouf.

Les ‘’jakartamen’’, bien que soulagés par cette initiative, appellent à un soutien supplémentaire de l'État pour faciliter l'immatriculation et garantir un environnement de travail plus sûr et plus structuré.

En somme, cette réforme pourrait marquer le début d’une nouvelle ère pour les motos-taxis de Thiès, avec des bénéfices à la fois pour les conducteurs, les passagers et la sécurité publique.

NDEYE DIALLO (THIÈS)

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