Publié le 29 Jan 2020 - 16:47
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Ben Arfa, le controversé de Valladolid

 

Huit mois après la fin de son aventure rennaise, Hatem Ben Arfa a choisi le mercato hivernal pour revenir au centre des débats. Après d'innombrables pistes, le milieu offensif de 32 ans a choisi de poser ses valises au Real Valladolid, seizième de Liga, après avoir été convaincu par Ronaldo Nazario, président du club depuis un an et demi. Le choix de la confiance plutôt que celui du jeu.

 

Personne ne peut vraiment être surpris, Hatem Ben Arfa avait déjà annoncé la couleur. Dans un entretien accordé à L’Équipe le 3 avril dernier, le milieu offensif se voyait déjà traverser les Pyrénées : « C’est quelque chose qui m’intéresse. Il y a une philosophie du plaisir en Espagne. Après, il faut voir. Un club, c’est tout un cadre, et comme je ne suis pas un béni-oui-oui, il faut trouver un truc qui m’intéresse, où je sens que ça travaille, parce qu’aller dans un club pour aller dans un club, ça ne sert à rien si je sens qu’ils ne veulent pas progresser. » Résultat, Ben Arfa aura mis près de huit mois pour se décider et choisir sa nouvelle dulcinée, après avoir décidé de claquer la porte au nez du Stade rennais via une sortie médiatique remarquée sur son entraîneur Julien Stéphan.

Le natif de Clamart n’a plus foulé une pelouse depuis le mois de mai, mais il n’a rien perdu de son art du contre-pied : ce mardi, il a signé pour cinq mois avec le Real Valladolid, dont le nom renvoie plus à Charles Quint ou Stéphane Guy qu’au football. Un choix étonnant ? Sûrement, mais en rejoignant une équipe de 16e de Liga, et en panne offensivement, Ben Arfa a préféré enfiler le costume du sauveur. Pour s'éclater sur le terrain, il faudra peut-être repasser.

Le poids de Ronaldo

L'aventure de Ben Arfa au Real Valladolid a commencé par une image : celle du Français en train de poser devant le logo du club aux côtés de Ronaldo Nazario, président et actionnaire majoritaire des Blanquivioletas depuis l'automne 2018. Comme une évidence, le champion du monde brésilien s'est imposé comme un argument de poids pour négocier la venue d'un joueur hésitant depuis trop longtemps. Pourtant, les candidats se sont bousculés au portillon depuis l'été dernier : la Sampdoria, Nantes, l'Espanyol, le Betis, Getafe et probablement une palanquée d'autres clubs aux projets plus ou moins intéressants. Sans que personne ne puisse parvenir à convaincre sa majesté HBA, plus occupé à philosopher sur les réseaux sociaux qu'à se trouver un nouveau point de chute. Ronaldo, lui, a su trouver les mots pour sortir l'ancien international français de son énième année sabbatique. « Ronaldo m'a convaincu pour que je vienne ici, a admis Ben Arfa lors de sa première prise de parole devant la presse. Ça a été un choix facile à faire, j'ai senti que le club était très intéressé. Et comme je fonctionne à l'instinct, j'ai senti qu'ici, c'était un bon endroit. »

Il faut dire qu'Il Fenomeno a mis un sacré coup de projecteur sur le club. « Il contribue à ce que des acteurs importants en Europe se penchent sur le Real Valladolid, pose Gonzalo Castro San José, journaliste auprès du club pour ABC Castilla y León. Ronaldo rêve de jouer un jour en Europe avec ce club, Ben Arfa pourrait bien y contribuer, mais il faut espérer qu'il reste une saison de plus. » En attendant, Valladolid aura seulement eu besoin de quelques heures pour faire la connaissance de ce personnage déroutant, qui a justifié son choix de numéro 3 à sa façon : « Sur le maillot violet et blanc, je trouve que ça fait joli. » Une sortie à la Ben Arfa, qui a débarqué dans sa nouvelle maison avec la même étiquette qu'à Newcastle, Nice ou Rennes : celle d'un immense talent, d'une pépite capable de tirer tout le monde vers le haut. « Les fans de Valladolid ne parlent que de Ben Arfa en ce moment, assure le journaliste ibérique. Les gens ont hâte qu'il commence à jouer à Jose Zorilla. Il va se sentir très aimé ici. » Mais peut-il vraiment s'y épanouir ?

« Ben Arfa va se sentir très soutenu »

Après avoir fracassé la philosophie de jeu prônée par Stéphan à Rennes, Ben Arfa avait laissé comprendre qu'il avait besoin d'un challenge excitant pour retrouver le goût du football. Et voilà qu'il débarque chez le 16e du championnat espagnol, qui n'a plus gagné un match depuis le 3 novembre et qui fait partie des pires attaques de Liga (17 buts marqués après 21 journées). Pire, le club de Pucela n'a fait trembler les filets que trois fois sur les neufs dernières rencontres. Pas vraiment le profil d'une équipe pouvant taper dans l'œil du romantique HBA, surtout que l'entraîneur Sergio González est récemment passé de son traditionnel 4-4-2 à un 5-3-2 plus solide pour renforcer les bases défensives de sa formation. « Ben Arfa va se sentir très à l'aise au milieu de terrain, car il sera couvert dans son dos et il aura la liberté de jouer vers l'avant, estime Gonzalo Castro San José. Le Real Valladolid défend mieux qu'il n'attaque. Offensivement, c'est très pauvre. Il fallait un joueur qui fasse le lien entre le milieu de terrain et l'attaque, Ben Arfa peut être cet homme. Il peut être celui qui fera les bonnes passes à trois attaquants (Sandro Ramírez, Sergi Guardiola et Enes Ünal) en manque de réussite. » Une oasis dans un désert footballistique.

Et une incohérence de plus dans la carrière de Ben Arfa : le trentenaire a surtout basé son choix sur la confiance et la volonté d'un homme (Ronaldo, comme Olivier Létang à l'époque de Rennes), plutôt que sur la philosophie de jeu d'une équipe. En conférence de presse, il est resté très évasif sur ses échanges avec Sergio González, le technicien, balayant les deux questions posées en lâchant un banal « ça s'est vraiment bien passé avec le coach » . Mais à 32 ans, Ben Arfa n'avait plus de temps à perdre, il fallait qu'il découvre les joies du football espagnol, et pose enfin ses valises dans un club de Liga. Tant pis pour le spectacle ou le plaisir, il manquait cette expérience sur son CV. L'esthète pourrait débuter sous ses nouvelles couleurs dès samedi, à Majorque, avant de découvrir son nouveau jardin la semaine suivante face à Villarreal. « Il va découvrir un public très exigeant. Ils peuvent rapidement se mettre à critiquer un joueur, prévient Gonzalo Castro San José. Mais je pense qu'avec Ben Arfa, ce sera différent. Les gens veulent le voir réussir et sont très enthousiastes. Il va se sentir très soutenu. » Mais au fond, tout le monde sait déjà très bien comment l'histoire va se terminer.

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