Publié le 9 Aug 2012 - 20:30
USAIN BOLT

Quand le sprinteur ressemble au guépard !

 

 

Pour courrir encore plus vite, Usain Bolt pourrait s'inspirer de l'analyse de la course de l'animal plus rapide sur Terre, le guépard.

 

Usain Bolt est déjà l'homme le plus rapide de la planète, double détenteur des records du monde du 100 m et 200 m, mais pourrait-il courir encore plus vite en s'inspirant de la technique du guépard, le mammifère terrestre le plus rapide de la planète, capable de pointes à plus de 110 km/h? L'idée de comparer la course d'un bipède, aussi véloce soit-il, avec un quadrupède peut paraître incongrue tant les différences anatomiques sont grandes, mais l'étude scientifique publiée par des chercheurs britanniques dans le Journal of Experimental Biology sur la biomécanique de la course du guépard montre qu'il existe des points communs importants avec le sprinteur jamaïcain.

 

 

 

L'équipe d'Alan Wilson, du Royal Veterinary College en Grande Bretagne a tenté de comprendre pour quelle raison les guépards étaient presque deux fois plus rapides que les lévriers de course greyhound, qui ont pourtant des tailles assez comparables et courent avec le même type de galop rotatoire, avec une phase d'extension où les membres antérieurs et postérieurs sont déployés en même temps. Les greyhounds courent environ à 60 km/h, aussi vite que des chevaux de course mais bien moins que les plus rapides félins africains.

 

 

Pour l'analyse biomécanique du lévrier, les scientifiques n'ont pas eu trop de mal à demander à un chien de courir sur une piste instrumentée dans leur laboratoire, mais pour le guépard, l'expérience a été un peu plus compliquée. Ils ont dû se rendre au zoo de Whipsnade en Grande-Bretagne, et installer en plein air leurs précieuses plaques sensibles à la pression, devant des caméras ultra-rapides. Mais malgré tous leurs efforts, et des bouts de poulets tirés par un câble, les chercheurs n'ont pas réussi à motiver le guépard à courir plus vite que le lévrier, les deux animaux atteignant 65 km/h.

 

 

Malgré le manque de motivation du félin qui a grandi en captivité et n'a jamais eu besoin de courir très vite pour se nourrir, les différences observées entre les foulées des deux animaux suffisent à expliquer leurs différents potentiels de rapidité. A vitesse équivalente, le guépard avait une foulée plus longue que le lévrier (autour de 6 mètres), qui se rattrapait avec une cadence plus rapide (3,5 foulées par secondes contre 3,2). Mais à la différence du canidé qui maintient une cadence à peu près constante lors de son accélération, le guépard garde la même longueur de foulée mais accélère le rythme avec une grande facilité, et peut aller jusqu'à 4 foulées par secondes.

 

A pleine vitesse, les foulées du guépard peuvent dépasser les 7 mètres.

 

L'autre différence mesurée concerne la durée des appuis, avec les pattes des guépards qui restent plus longtemps au sol que celles des lévriers. En allongeant la durée des appuis, cela permet en effet à l'animal de réduire les pics d'efforts que doivent amortir les pattes. «Avec de plus longs appuis, le guépard atteint ses limites d'efforts transmis au sol à des vitesses plus élevées que le greyhound» explique Alan Wilson.

 

 

Bolt combine cadence et longeur

C'est à ce niveau que l'analogie avec Usain Bolt est la plus facile. Avec sa grande taille (1,96 m) et sa puissance, il est capable d'avoir de longues foulées (son record du 100 m a été couru en 41 enjambées contre 44,5 pour le deuxième) de plus de 2,60 m de long tout en maintenant une cadence de course élevée jusqu'à la ligne. Avant l'émergence de Bolt, les sprints étaient dominés par des coureurs explosifs mais peu grands (autour de 1,80 m) avec une fréquence très élevée. De rares sprinteurs ont des foulées plus longues que Bolt, comme le Français Christophe Lemaitre qui allonge jusqu'à 2,72 mètres, mais aucun n'est capable de concilier comme lui longueur et haute fréquence. Comme le guépard, Bolt est capable de transmettre une force considérable vers le sol, grâce à une phase de contact qui est plus longue que les autres coureurs, ce qui lui permet de maintenir une cadence élevée tout en conservant de grandes enjambées.

 

Malgré les similitudes de style entre le félin et l'homme le plus rapide de la planète, c'est bien l'animal qui conserverait un avantage facile en cas de confrontation sur la piste. Le magazine National Geographic a récemment chronométré au zoo de Cincinnati un guépard femelle avec un temps de 5,95 secondes sur 100 m, soit 3,6 s de moins que le record du monde de Usain Bolt.

 

LeFigaro

 

 

 

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