Publié le 4 Jul 2020 - 10:07

Village dépourvu de tout

 

Oublié par l’Etat, Ndingler doit la quasi-totalité de ses infrastructures scolaires et sanitaires à un couple français.

 

Situé à environ 10 km de Sandiara, Ndingler est un village dépourvu presque de tout. ‘’Même pour acheter de la glace, des légumes… il faut se rendre jusqu’à Sandiara. Nous n’avons pas d’électricité ; pas d’eau ; rien. Les autorités n’ont aucun respect pour notre village’’, fulmine Mbaye Diouf, membre du collectif. Pour parcourir la distance entre le patelin et la ville, c’est un véritable parcours du combattant. Aucun moyen de locomotion ne permet de rallier le hameau à temps plein. Le visiteur est contraint de louer un véhicule, moyennant la somme de 4 000 F CFA. Au bout de 25 minutes sur une route cahoteuse, enfin le tableau indiquant la direction de Ndingler. Mais nous sommes encore loin. "Il reste encore deux kilomètres", sourit le chauffeur, la trentaine révolue. Le reste du trajet est un long chemin d’à peine 2 mètres de large, dont une bonne partie en sable dune.

L’absence de l’Etat est très frappante. Même l’école et la case de santé ont été construites par un ressortissant français. Selon les informations, l’Etat n’avait construit qu’une salle inachevée. ‘’Tout le reste des six classes sont l’œuvre d’un couple français. L’Etat n’a même pas été capable de nous assurer suffisamment d’enseignants. Il y en a cinq sur un total de 6 classes. Même le directeur donne des cours, alors qu’il aurait dû s’occuper d’autres tâches’’, rapporte un interlocuteur.

Pendant longtemps, le village a sollicité, en vain, un mur de clôture. Cette année, grâce au même couple, l’école a été entièrement clôturée.

Affecté dans le village depuis la création de l’école en 1999, le directeur Edouard Diouf se réjouit : ‘’Au début, c’était difficile, mais maintenant, ça va beaucoup mieux. Du point de vue des résultats, c’est même excellent. En plus du personnel qui est engagé, nous avons aussi affaire à des parents qui en veulent. Raison pour laquelle cette école fait partie des meilleures dans la zone. Elle est une école de référence, avec un taux de réussite de 96 % au dernier examen.’’

En ce qui concerne la case de santé située dans l’enceinte de l’établissement, elle a été construite par les mêmes bienfaiteurs, mais ne dispose toujours pas de personnels qualifiés. Pour accoucher, les femmes doivent parcourir plusieurs kilomètres. ''L'autre jour, l’épouse de mon frère avait des complications avec sa grossesse. On croyait même qu’elle était à terme, alors que c’est l’enfant qui a tourné. Comme elle souffrait, on ne savait pas si on peut arriver jusqu’à Ndiaraw pour rencontrer l’ICP. On s’est rabattu sur une matrone qui l’a aidée grâce aux savoirs ancestraux’’.

Dans le patelin, les femmes sont confrontées à toutes sortes de difficultés. Marie Dieng témoigne : ‘’Pour avoir de l’eau, il faut parcourir une longue distance. Nous n’avons pas de marché ; nous n’avons pas de voies ; nous n’avons rien.’’ 

M. AMAR
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