Publié le 4 Jul 2017 - 17:12
DELAI DE LIVRAISON CNI

La longue attente des requérants

 

Beaucoup d’inscrits et peu de détenteurs du précieux document. Entrer en possession de sa carte nationale d’identité biométrique est, pour de nombreux citoyens de Médina, Yoff et des Parcelles Assainies, comme un mirage qui se dissipe à chaque fois qu’on s’en approche.

 

Papa Talla Faye sort furieux de l’ancienne mairie de la Médina. Près du portail, cet homme d’âge mûr s’étrangle de colère du fait que pour la troisième fois, la délivrance de sa carte biométrique Cedeao soit remise aux calendes sénégalaises. ‘‘Ce n’est même pas la peine d’y aller, on ne te la donnera pas’’, lance-t-il à une vieille dame qui demandait après l’endroit exact où l’on retirait les cartes. Peu s’en est fallu qu’il déchirât son récépissé, écorné à force de manipulations. Des reports de délivrance auxquels il commence à s’habituer qui ne font qu’augmenter son dépit à chaque fois. ‘‘J’avais le pressentiment que ma carte  ne serait pas disponible. J’ai déposé depuis le 4 février 2017, et elle devait être sortie depuis le 5 mai. Nous sommes en juillet et ça fait déjà trois fois qu’on me demande de revenir’’, continue-t-il de pester.

 Dans la chaleur étouffante de l’après-midi au marché Tilène, l’homme s’essuie constamment le visage avant d’y aller de son propre verdict. ‘‘Ils savent très bien qu’ils vont se faire laminer à la Médina, c’est pour cela qu’ils font exprès de retarder la délivrance des cartes’’. Un discours que tiendront deux autres personnes interpellées. Une supposée manœuvre qui a manifestement eu l’effet escompté puisque M. Faye affirme qu’il n’y retournera pas de sitôt. Pourtant, son cas est presque une pâle copie de celui de Chérif Mballo qui, en presque une dizaine de visites, n’est pas parvenu non plus à obtenir le sésame. ‘‘Moi j’ai déposé le 14 janvier et on m’avait donné rendez-vous pour le 14 avril. C’est la huitième fois que je viens et je n’arrive toujours pas à avoir ma carte. On me dit que ce n’est pas encore disponible. Je suis blasé, je ne reviendrai qu’après la tabaski’’, déclare-t-il.

 Derrière le centre de planning familial, l’ancienne mairie de la Médina est le théâtre d’une ambiance plutôt animée. Un groupe de personnes de tous âges assiège la petite porte jaune, devant un agent apparemment dépassé par les interpellations de toutes parts. Dans un classeur de documents, il procède à un appel qui ne trouvera pratiquement pas de répondants.  Le président de la commission, trop occupé à satisfaire aux attentes, ne répondra pas à nos questions. Tous les requérants interpellés déplorent les heures matinales de pointage qui les obligent à des nuits blanches, pour rentrer bredouilles en définitive. ‘‘Pour le retrait, à 6 heures du matin on risque de se retrouver à la cinquantième position sur la liste pour qu’on vous fixe un rendez-vous à 16 heures’’.

Une attente commence aux premières heures de la matinée

A Yoff, la seule circonscription électorale du département de Dakar acquise à l’APR, la situation n’est pas plus enviable qu’à la Médina. Sous une chaleur accablante, l’issue de secours de la salle de réunion de la mairie est obstruée par les requérants, trop pressés de vouloir en finir avec une attente qui a commencé aux premières heures de la matinée. Les moins téméraires sont allés s’abriter à l’ombre d’un baraquement spécialement conçu pour la longue attente. Alioune Gérard Dièye qui réside à la Cité Diamalaye est lassé par les allers-retours qu’il doit faire depuis bientôt plus de deux mois qu’il s’est enrôlé dans les listes électorales. ‘‘On m’a même redirigé dans une commission à Guédiawaye qui m’a encore redemandé de revenir à Yoff. C’est à ne rien comprendre’’, déclare-t-il. A l’intérieur de la salle, le président de la commission Alassane Dieng, assisté de plusieurs autres, est lapidaire dans son propos,  invoquant une charge de travail importante pour s'excuser.

Le Sénégal est le premier pays de la sous-région à mettre en œuvre les directives de la Cedeao sur la carte biométrique. Une expérience certes salutaire mais parsemée de cafouillages. En témoigne la troisième prorogation de la validité des anciennes cartes  numérisées par le ministre de l’Intérieur Abdoulaye Daouda Diallo, après les expirations du 28 décembre 2016  et celle du 30 juin 2017. ‘‘Entre le moment où la personne se fait enregistrer dans une commission administrative ou un centre d’instruction de la carte d’identité et le retrait de cette carte biométrique à puce, il se passera environ une quinzaine de jours’’, clame en ligne le site de la Présidence sur la durée de fabrication des cartes biométriques de la Cedeao.

A la commission de retrait du Centre départemental d’assistance et de formation (Cedaf) de l’unité 24 des Parcelles Assainies, les agents ont observé leur jour de repos hier, étant donné qu’ils travaillent du mardi au dimanche de 8h à 16h30. Ce lieu constitue l’autre point de retrait de la commune des Parcelles, en dehors du centre Demba Dia. Les personnes inscrites à l’école HLM Grand-Médine et dans celles des Unités 19, 20, 21, 22 et 25 s’y rendent aujourd’hui pour récupérer leur carte Cedeao dont la délivrance n’est pas aussi évidente qu’elle ne laissait penser. Des prétentions à la baisse avec des délais de livraison qui vont bien au-delà de ce deadline et qui n’a pas fini d’alimenter les complaintes.

DEPARTEMENT LINGUERE 

58,85% des cartes reçues distribuées

A moins d'une semaine du démarrage de la campagne pour les élections législatives prévues le 30 juillet 2017,  dans les commissions installées dans les  six communes que sont Linguère, Dahra, Barkedji, Dodji, Sagatta-Djoloff, Yang-Yang, la distribution des cartes se poursuit. Sur 53 920 cartes reçues  dans les différentes commissions 31 735 ont été  distribuées et 22 185 sont en souffrance soit un pourcentage de 58,85%  de retrait dans le département de Linguère.

Même si la moitié des électeurs inscrits sur les listes électorales ont retiré leurs cartes, on note un taux de retrait faible dans l'arrondissement de Barkedji où sur 7 026 reçues, 3 579 cartes dorment dans  les tiroirs de la commission. La même situation est constatée  à Sagatta-Djolof. Dans cet arrondissement, sur 9 512 cartes reçues, 4 257 sont en souffrance. Une situation qui s'explique par la transhumance des éleveurs dans les zones les plus fertiles.

Joint au téléphone par EnQuête, le préfet de Linguère Amadou Bamba Kone indique que ‘‘des commissions itinérantes sont  créées dans  certains arrondissements. Les membres des dites commissions sillonnent les marchés hebdomadaires communément appelés "louma" pour distribuer les cartes aux populations qui sont souvent des éleveurs’’.

A signaler que sur les 94 553  personnes inscrites dans le département de Linguère, 40 633 cartes ne sont pas encore confectionnées par le ministère de l'Intérieur, soit un pourcentage estimé à 42,97%. Cet état de fait inquiète les populations qui craignent une baisse du taux de participation dans le département.

Mamadou Ndiaye (Linguère)

OUSMANE LAYE DIOP

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