Publié le 19 Nov 2021 - 12:06
APRÈS AVOIR DISSIMULÉ SA GROSSESSE À TOUTE SA FAMILLE

Souadou Sambou jette son nouveau-né dans la fosse septique 

 

Après avoir passé plus de trois ans en détention préventive, Souadou Sambou est sur le point de recouvrer la liberté. En effet, cela se fera si le juge de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar suit le réquisitoire du parquet qui a requis son acquittement. La jeune dame âgée de 25 ans est accusée d’infanticide. Selon le maître des poursuites, le doute plane sur Les circonstances de la mort du nouveau-né qui était de sexe masculin. Après avoir accouché dans les toilettes, Souadou avait jeté dans la fosse sceptique son bébé. Le cadavre n’a été trouvé que 10 jours après. 

 

Engrossée et abandonnée par son petit ami militaire Ousmane Sonko, Souadou Sambou jette son nouveau-né dans une fosse septique. Pour justifier son atrocité, elle martèle qu’elle voulait échapper aux remontrances de son père qui n’allait jamais lui pardonner. D’ailleurs, durant les huit mois qu’elle a passés à Bignona, elle est parvenue à masquer son ventre. L’accouchement étant imminent, la demoiselle, qui venait fraîchement d’échouer au Bac, vient se réfugier à Dakar chez sa sœur qui est domiciliée aux HLM Niague.

Au bout de 15 jours, Souadou, qui a également réussi à cacher sa grossesse à sa frangine, accouche dans les toilettes. Le bébé de sexe masculin qu’elle a contemplé pendant un moment, sera jeté dans la fosse septique. Dix jours après son acte, le cadavre de l’enfant a été retrouvé au cours d’une opération de vidange. Pour découvrir l’auteure de cette ignominie, les occupants de la concession conduisent les jeunes filles susceptibles de procréer chez une sage-femme pour se faire ausculter. C’est ainsi que Souadou a été désignée comme la présumée coupable.

Cuisinée par les limiers, elle passe aux aveux et renseigne : ‘’Le bébé a pleuré à la naissance. Mais au bout de quelques minutes, il ne respirait plus. J’en ai déduit qu’il était mort. C’est ainsi que je l’ai jeté dans la fosse septique. Par la suite, j’ai nettoyé les toilettes avant d’aller me coucher.’’ Des allégations qu’elle avait réitérées devant le juge d’instruction.

Mais hier, face aux juges de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar, Souadou Sambou, âgée de 25 ans, conteste le chef d’infanticide qui lui est reproché. ‘’L’enfant n’était pas vivant. Je ne l’ai pas tué. Néanmoins, je reconnais l’avoir jeté dans la fosse septique’’, marmonne-t-elle dans un wolof peu clair. Comment as-tu fait pour couper le cordon ombilical ?, lui a demandé le juge. Souadou craque et fond en larmes avant de confesser : ‘’Je ne me rappelle plus comment j’ai procédé.’’ Sur les raisons qui l’ont poussée à dissimuler et à accoucher sans assistance, elle lâche entre ses sanglots : ‘’J’avais peur de la réaction de mon père. Une de mes grandes sœurs a vécu une situation pareille et mon père ne l’a pas épargnée. Je ne voulais pas vivre la même chose. Mais là, je regrette amèrement mon acte. Depuis la prison, j’ai appris beaucoup de choses et si c’était à refaire, je ne commettrais pas un acte pareil.’’ 

Sur cette note de mea-culpa, le représentant du ministère public ajoute que rien ne prouve que l’enfant fût en vie. En effet, selon le maître des poursuites, l’état de putréfaction du cadavre ne permettait pas au médecin légiste de déterminer les circonstances de la mort du nouveau-né. Ainsi, le substitut du procureur de la République a requis l’acquittement de la comparante. 

Réquisitoire apprécié par les avocats de la défense qui ont également sollicité le renvoi de leur cliente des fins de la poursuite. ‘’On n’a pas l’avis d’un sachant. Dans ce dossier, il se pose une question d’imputabilité. Je demande la disqualification  en violation des règles relatives à l’inhumation. Dans le dossier, on nous dit  qu’elle a accouché dans un pot de chambre avant de jeter l’enfant dans la fosse septique. Si l’élément matériel est là, l’élément intentionnel n’est pas établi’’, a plaidé Me Abou Abel Daff.

L’affaire mise en délibéré, la décision sera rendue le 1er décembre prochain.

MAGUETTE NDAO

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