Publié le 8 Jan 2015 - 08:15
‘’CHARLIE HEBDO’’ VISE PAR UNE ATTAQUE TERRORISTE

La rédaction décimée….

 

La rédaction du journal satirique Charlie Hebdo, au 10, rue Nicolas-Appert, dans le 11e arrondissement de Paris, a été la cible d'un attentat, mercredi 7 janvier en fin de matinée.

 

12 morts, 11 blessés dont 4 graves

Douze personnes ont été tuées dans l'attaque, dont huit journalistes, parmi lesquels les dessinateurs Charb, Cabu, Wolinski et Tignous, et deux policiers, selon une source judiciaire contactée par Le Monde. Bernard Maris, chroniqueur pour Charlie Hebdo et France Inter, a également été assassiné dans les locaux de l'hebdomadaire. On ignore encore l'identité des trois autres journalistes assassinés.

Selon le procureur de Paris, deux policiers ont également étés tués dans l'attaque – un, Franck D., abattu dans la rédaction, l'autre, Ahmed Merabet, à l'extérieur. Enfin, un membre à l'accueil de l'immeuble et une personne qui était invitée à la rédaction, Michel Renaud, font également partie des victimes. Il s'agit de l'attentat le plus meurtrier en France depuis celui de 1961.

Le procureur a également annoncé que 11 personnes sont blessées, dont 4 gravement, parmi lesquels le journaliste Philippe Lançon et deux policiers. Selon les informations du Monde, Philippe Lançon, chroniqueur régulier de Charlie et critique littéraire à Libération, a été grièvement blessé au bas du visage par une balle. Il a été opéré à la Pitié Salpêtrière, et ses jours ne sont pas en danger.

 « Les attaquants étaient renseignés »

Alors que la confusion régnait en début d'après-midi, le procureur de Paris a livré dans la soirée un premier récit des événements tragiques qui ont eu lieu au 10 rue Nicolas-Appert. Selon le procureur, au moins deux hommes cagoulés et vêtus de noir se sont introduits vers 11 h 30 dans les locaux de Charlie Hebdo, situés près du métro Richard-Lenoir.

Munis de kalachnikovs, ils ont tiré sur la personne qui se trouvait à l'accueil, avait de monter à l'étage pour atteindre la rédaction de Charlie Hebdo. Les journalistes étaient alors en pleine conférence de rédaction hebdomadaire. Les assaillants ont commencé à tirer sur les dessinateurs et journalistes, comme l'a relaté Coco, dessinatrice au journal, qui a précisé que les hommes « parlaient parfaitement le français » et « se revendiquaient d'Al-Qaïda. »

 « Les attaquants étaient renseignés et savaient qu'il y avait, le mercredi à 10 heures, la réunion de rédaction hebdomadaire. Sinon, le reste de la semaine, il n'y pas grand monde dans les locaux », explique une journaliste de Charlie Hebdo jointe par Le Monde, qui n'était pas sur place pendant l'attaque.

Les assaillants sont ensuite sortis de l'immeuble. Une vidéo prise par un journaliste de l'agence Premières Lignes montre que les hommes ont crié « Allah Akbar » (« Dieu est grand »), en continuant à tirer. Selon des témoins cités par des policiers, les agresseurs ont également crié : « Nous avons vengé le Prophète. » Sur la vidéo ci-dessous, on les entend crier : « On a tué Charlie Hebdo ! »

Les hommes sont ensuite montés à bord de leur véhicule, puis, dans leur fuite, les hommes ont visé une voiture de police. Sur cette photo que s'est procurée notre envoyée spéciale sur place, on peut voir les tireurs face à une voiture de police. Les hommes ont fait feu, les policiers ont répliqué puis reculé.

Deux autres policiers, qui étaient en vélo sur zone, ont tenté ensuite d'intervenir boulevard Richard-Lenoir. Ahmed Merabe, un policier du commissariat du 11ème arrondissement de 42 ans, est touché par un tir. Les deux assaillants l'ont ensuite froidement abattu, selon le procureur de la République de Paris.

Fuite vers le nord de Paris

Les deux assaillants reprennent alors leur fuite passant place du colonel Fabien, en direction de la Porte de Pantin, où leur voiture a été retrouvée. Entre temps, ils percutent un véhicule Volkswagen, blessant sa conductrice. Ils abandonnent alors leur voiture rue de Meaux, près du parc des Buttes Chaumont situé dans le 19e arrondissement.

Les tireurs auraient ensuite pris la fuite à bord d'une voiture noire et seraient passés par la place du Colonel-Fabien, en direction de la porte de Pantin, où leur voiture a été retrouvée. Là, ils ont changé de véhicule. Ils sont actuellement en fuite et activement recherchés par la police. Ni leur identité ni leur éventuel lien avec une organisation ne sont connus pour le moment.

Une source policière a expliqué au Monde que « de très gros moyens sont mis en œuvre. On s'installe pour tenir dans la durée. Sont mobilisés les services de la DCPJ (direction centrale de la police judiciaire), de la PJPP [police judiciaire de la préfecture de police] et de la DGSI [direction générale de la sécurité intérieure]. Au total, près de 3 000 policiers sont actuellement mobilisés ».

Plan Vigipirate et cellule de crise

En conséquence, le plan Vigipirate a été relevé à « alerte attentats », le niveau le plus élevé, en Ile-de-France, a annoncé Matignon. Les sorties scolaires à Paris ont ainsi été suspendues jusqu'à nouvel ordre et les effectifs de soldats en patrouille passent de 450 à 650 hommes.

Le chef du gouvernement, Manuel Valls, a « activé la cellule interministérielle de crise et a confié la conduite opérationnelle au ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve ». Un dispositif policier a également été déployé à proximité des autres rédactions parisiennes.

Hollande dénonce une « horreur absolue »

Devant les journalistes, François Hollande, qui s'est rendu sur place, a dénoncé « une exceptionnelle barbarie » visant un journal, « c'est-à-dire l'expression de la liberté ». « La France est aujourd'hui devant un choc, devant un attentat terroriste, ça ne fait pas de doute », a-t-il déclaré. « Dans ces moments-là, il faut faire bloc. »  M. Hollande interviendra à la télévision à 20 heures de l'Elysée.

 Toute la journée, les réactions se sont multipliées pour dénoncer le drame. Particulièrement ému, l'ancien directeur de Charlie Hebdo, Philippe Val, a réagi sur l'antenne de France Inter, jugeant que « notre pays ne sera plus le même ».

Menaces courantes et protection policière

Selon le rédacteur en chef, Gérard Biard, actuellement à Londres et joint par Le Monde, « les menaces étaient ressenties de façon moins forte ces derniers temps à Charlie Hebdo. L'attaque est d'autant plus choquante. »

Une journaliste de Charlie Hebdo, qui n'était pas sur place mais en contact avec des collègues sur place, explique que « ces derniers mois, on ne sentait pas une inquiétude immense malgré les menaces ».

« Bien sûr, nos locaux étaient sous protection policière, Charb était sous protection policière, mais il se déplaçait parfois sans ses policiers, ce qui est un signe qu'il n'était pas inquiet à chaque instant. (...) Luz et Riss avaient eux aussi eu une protection policière, mais elle avait été levée il y a un an environ. »

Organisation de rassemblements de solidarité

Après l'attaque, des appels à des rassemblements de solidarité avec la rédaction de Charlie Hebdo se sont multipliés partout en France. La rédaction du Monde a compilé une carte listant ces manifestations.

(Lemonde.fr)

 

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