L'identité et la souveraineté en question

Dans le cadre de la 12e édition du Salon national des arts visuels, une causerie ayant pour thème ‘’Arts visuels, identité et souveraineté’’ a été organisée à Dakar.
Une conférence sur ‘’Arts visuels, identité et souveraineté’’ a clôturé la série de rencontres tenues lors de la 12e édition du Salon national des arts visuels. Animée par Souleymane Ngom, conseiller culturel vacataire à l'UGB et consultant, et Aboubekr Thiam, directeur général de l'École nationale des arts et métiers de la culture (Enamc), cette discussion a abordé des enjeux fondamentaux.
Soulignant l'importance des arts visuels, Souleymane Ngom a noté qu'ils permettent ‘’de s'affirmer et de transmettre des idées en utilisant des canaux traditionnels et numériques’’. Le spécialiste a insisté sur leur lien intrinsèque avec les notions d'identité et de souveraineté : ‘’Nous pensons que la base, c'est la souveraineté mentale et culturelle. Il faut une souveraineté culturelle qui se reflète dans les institutions et dans l'organisation culturelle... Nous estimons pouvoir contribuer en éclairant et en participant à la prise de décision dans ce domaine précis.’’
Selon le conseiller culturel, les artistes luttent pour la souveraineté visuelle. Il a donné l'exemple des graffeurs et des acteurs du mouvement hip-hop. ‘’Ces artistes n'ont pas besoin de galeries ; ils peignent dans la rue pour montrer leur art. Leur travail déconstruit les clichés sur la colonisation et remet en question les aspects négatifs de l'histoire imposée. C'est une démarche très positive’’, a soutenu Souleymane Ngom.
De son côté, le DG de l'École nationale des Arts et métiers de la culture, Aboubekr Thiam, soutient qu’il est question de retracer, de voir les voies et moyens de pouvoir fixer un ancrage au niveau de la création artistique. ‘’La création doit s'enraciner profondément dans notre identité pour que l'on puisse y ressentir une véritable authenticité’’, a-t-il indiqué.
A l’en croire, cet ancrage doit se refléter aussi dans la formation artistique, à travers les enseignements que l'on transmet aux jeunes pour qu'ils puissent s'approprier leur propre culture. ‘’Pour préserver notre identité culturelle, il est essentiel d'intégrer notre patrimoine culturel dans la formation de nos élèves. Nous devons mettre à profit nos contes, nos récits, nos coutumes et l'ensemble de notre culture pour enrichir leur apprentissage’’, a soutenu M. Thiam.
Par rapport à la digitalisation, il estime qu'elle permet d'aller plus vite au niveau de la création artistique. ‘’Aujourd'hui, même si la technologie fait partie de la pratique artistique, elle nous permet simplement d'aller plus vite. La créativité, par nature, ne dépend pas d'une seule source d'inspiration’’, a expliqué le DG de l’Enamc.
BABACAR SY SEYE