Publié le 27 Nov 2021 - 23:41
16 JOURS D’ACTIVISME

Alioune Tine exige le choix d’une femme à la Primature

 

Profitant de la signature d’un mémorandum d’entente avec ONU Femmes hier, Alioune Tine a constaté la faible représentation des femmes dans les hautes institutions de la République et plaide pour le choix d’une femme à la Primature, pour atténuer le déséquilibre. Revenant sur les affaires de viol, il rappelle : ‘’Nous avons une culture du ‘yaktaan’ qu’il faut éradiquer.’’

 

C’est un Alioune Tine d’attaque qui a fait face, hier, à la presse pour cracher ses vérités aux décideurs et à la société sénégalaise toute entière. A en croire le président du think thank Afrikajom Center qui signait un MOU avec ONU Femmes, il est temps qu’on donne à la femme le rôle qui doit être, véritablement, le sien dans la société. Il peste : ‘’Il suffit de regarder la configuration de nos institutions pour voir combien nos femmes sont mises à l’écart. Dans toutes les institutions - Exécutif, Assemblée nationale, Conseil économique, social et environnemental - partout, c’est des hommes qui, non seulement dirigent, mais sont aussi plus représentatifs. Il n’y a que le Haut conseil des collectivités territoriales qui est dirigée par une femme. C’est une anomalie qu’il faut corriger.’’

Alioune Tine ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Pour lui, avec la restauration du poste de Premier ministre, c’est l’occasion de choisir une femme pour rééquilibrer un peu. ‘’Je pense que le président de la République devrait laisser le poste de Premier ministre aux femmes. Ce serait une excellente chose. Il faut prendre en compte la question du genre dans le choix des dirigeants de nos plus hautes institutions’’, plaide celui qui est présenté par la directrice régionale d’ONU femmes comme un défenseur invétéré de la cause des femmes.

‘’Nous avons une culture de ‘yaktaan’’’

Pour le président d’Afrikajom Center, les causes des mises à l’écart et autres violences faites aux femmes sont assez profondes et tirent leurs origines dans notre propre société. Revenant sur les affaires de viol qui défraient la chronique, il déclare : ‘’Le viol est un crime abominable. Malheureusement, chez nous, nous avons une culture du ‘yaktaan’ qu’il faut combattre énergiquement. C’est bien de porter plainte, mais il faut aussi conscientiser. Il faut promouvoir les droits de la femme auprès des hommes, en vue d’éradiquer cette culture du ‘yaktaan’. Aussi, je pense que les associations qui s’activent dans ce domaine doivent intégrer ces organisations (comme Miss Sénégal) et faire un bon plaidoyer pour que les gens puissent en tenir compte.’’

Et de pester contre les propos de la présidente du comité d’organisation de Miss Sénégal : ‘’Quand une femme ose dire que si une femme est violée, c’est parce qu’elle l’a bien voulu, c’est la preuve d’une extrême ignorance. C’est un indicateur pour se dire qu’il y a une faille. Il faut un travail de conscientisation auprès des hommes et des femmes pour que l’égalité entre les sexes soit intégrée dans notre culture.’’

Loin des frontières du Sénégal, l’objet de la rencontre entre ONU Femmes et Afrikajom Center portait surtout sur la condition de la femme dans le Sahel. Selon les deux organisations, ‘’il est impérieux de créer des axes de collaboration stratégiques émanant de leurs expériences de terrain respectives et du potentiel impact d’un partenariat pareil pour les femmes de la région dans un contexte de vulnérabilité généralisée y inclus au niveau mondial’’.

‘’Quand on parle de paix, on pense au leadership des hommes…, mais…’’ 

Rappelant que les femmes vivent dans des conditions extrêmement difficiles dans le Sahel, la directrice d’ONU femmes déclare : ‘’Ces violences sont multiformes : mariages précoces, exclusion du système éducatif, excision… et tant d’autres pratiques traditionnelles. De plus, les femmes, avec les enfants, sont les principales victimes de ces conflits meurtriers. Mais en plus d’être victimes, nous avons la conviction qu’elles font partie de la solution. C’est pourquoi nous avons pris la décision de signer ce mémorandum d’entente pour les impliquer davantage dans la lutte contre les conflits.’’

Pour ce faire, estime-t-elle, il faut les organiser, les renforcer, les outiller pour le retour de la paix. Embouchant la même trompette, le président d’Afrikajom Center déclare : ‘’L’implication des femmes, surtout dans le domaine de la paix au Sahel, est extrêmement importante dans la lutte contre les conflits. Ce que nous remarquons, c’est que d’abord les dynamiques de paix sont faibles. Et généralement, quand on parle de paix, on pense au leadership des hommes : chefferie traditionnelle, autorités administratives, des religieux… mais rarement de l’implication des femmes. Souvent, elles ne jouent aucun rôle et il faut corriger cela’’.

Or, poursuit l’ancien d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, l’implication des femmes est extrêmement importante, parce que les conflits les plus meurtriers ce sont les conflits entre les communautés. ‘’Il me semble, souligne-t-il, que les femmes pourraient jouer un grand rôle, parce que ce sont leur mari, leurs enfants, leurs frères qui sont au front. Mais il faut les encadrer, les renforcer. Ça aussi doit être le rôle de la communauté internationale’’. Pour lui, il est temps qu’il y ait davantage d’initiatives africaines dans la lutte contre les tensions au Sahel.  

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