Publié le 4 Jul 2018 - 15:54
31E SOMMET DE L’UA 

Conflits, migration et corruption 

 

Le 31e sommet de l’Union africaine s’est déroulé du 1er au 02 juillet 2018 à Nouakchott. Les participants ont échangé sur les grands chantiers de l’heure dont la corruption, les conflits latents en Afrique centrale. La question du Sahara occidental étaient également au menu.

 

Ils sont 20 chefs d’Etats africains à avoir foulé le sol mauritanien, à l’occasion de la tenue du 31e sommet de l’Union africaine. Un sommet qui fait suite à celui d’Addis Abeba, organisé en janvier 2018 dernier. Dans le conclave des chefs d’Etat élargi aux autres délégations, plusieurs sujets ont été abordés. Outre celui lié à la corruption qui mine le développement harmonieux du continent, la  réforme de l’UA et les échanges commerciaux dans l’espace africain ont fait l’objet de discussions sérieuses. Il s’est agi également d’appeler les parties en conflit, notamment en RDC, au dialogue et à reconsidérer leurs positions en vue d’asseoir une démocratie apaisée dans leur pays. Le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, a d’ailleurs exhorté les leaders politiques à engager un dialogue franc et sincère.  Mais le sujet qui a le plus retenu l’attention de tous, c’est la question du Sahara occidental.

Un mécanisme africain pour la gestion de la crise au Sahara

Le président de l’Union africaine a soutenu, dans un rapport présenté aux chefs d’Etat, que l’UA doit s’impliquer dans la gestion de la crise entre le Maroc et la République arabe Sahraouie démocratique (RASD). A en croire le Tchadien Moussa Faki Mahamat, l’absence de solution à cette crise risque d’entraver le bon fonctionnement de l’institution continentale‘’Le conflit du Sahara occidental n’a que trop duré. Cette situation est entrée dans une phase où, au-delà de ses effets négatifs bien connus au niveau de la région (…), elle menace aussi le fonctionnement de l’UA et fait obstacle à la mise en œuvre de son agenda. Un tel état de fait ne peut être toléré’’, a-t-il dit.

Après des échanges sur la question, il a été retenu par les chefs d’Etat que les décisions soient prises à New York au siège des Nations unies, tout en mettant en place un groupe d’interlocuteurs auprès de cette haute instance. Ce panel d’interlocuteurs de l’UA sera mis en place par les chefs d’Etat et ne constituera pas un doublon avec le processus de l’ONU. Le président de la commission de l’UA a demandé l’implication des pays voisins pour faciliter la recherche de solution au problème du Sahara occidental. Toutefois, le Maroc a déjà émis des réserves, excluant de facto l’UA qui, à ses yeux, a déjà reconnu implicitement la République arabe Sahraouie, en l’invitant au sommet de Nouakchott.

La crise migratoire

Ce sujet a fait l’objet de débats contradictoires eu égard aux prises de positions, selon les intérêts des uns et des autres. L’on comprendra aisément que le fonds fiduciaire, né du processus de la Valette, divise les Africains. Le problème de l’externalisation des frontières a été critiqué par certains responsables africains, considérant que cette solution est ‘’contre-productive’’, soutient le ministre marocain des affaires étrangères qui n’a pas apprécié la mise en place par l’Union européenne d’une plateforme de débarquement des migrants hors du continent européen.

En lieu et place, le Maroc a proposé la mise en place d’un observatoire africain de la migration qui sera une plateforme de réflexion sur les enjeux migratoires, afin de limiter les flux en Afrique. Le royaume chérifien s’est d’ailleurs proposé d’abriter le siège de cet observatoire. Rabat estime en effet que la crise migratoire affecte les relations entre l’Afrique et ses partenaires de l’UE.

Autres questions abordées lors du sommet, la sécurité au Sahel et G5 Sahel qui réunit la Mauritanie, le Mali, le Burkina, le Niger et le Tchad où sévissent des mouvements djihadistes qui sèment le trouble dans ces pays, excepté la Mauritanie, du moins pour l’instant. Il y avait aussi sur la table des Présidents la question de la candidature à la tête de la Francophonie du ministre rwandais des Affaires étrangères, que Paul Kagamé propose à ses pairs pour remplacer la Canadienne Machaëlle Jean qui briguerait un autre mandat. Autant de sujets traités par ce sommet mais qui seront portés par le Président mauritanien qui succède à Kagamé à la tête de la structure continentale.

Ibou Badiane, correspondant en Mauritanie

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