Publié le 22 Aug 2025 - 08:29
SANCTIONS CONTRE LA CPI

La nouvelle dérive trumpienne

 

Après les sanctions frappant le procureur de la Cour pénale internationale, Karim A. A. Khan, les États-Unis prennent des mesures contre d’autres personnalités de la juridiction, dont le procureur sénégalais Mame Mandiaye Niang et son collègue le juge français Nicolas Guillou. Alors que Paris dénonce cette mesure, Dakar fait profil bas.

 

Trump tape encore fort. Sa cible, cette fois, c’est la Cour pénale internationale (CPI) coupable, selon lui, d’avoir visé des citoyens américains et israéliens pour l’ouverture de poursuites judiciaires. Dans un communiqué rendu public hier,  le département d’État des États-Unis revient sur les sanctions contre des membres de la CPI dont le procureur sénégalais Mame Mandiaye Niang.

“Aujourd'hui, je désigne Kimberly Prost du Canada, Nicolas Guillou de France, Nazhat Shameem Khan des Fidji et Mame Mandiaye Niang du Sénégal conformément au décret présidentiel de Trump 14203, qui impose des sanctions à la Cour pénale internationale”, indique le secrétaire d’État Marco Rubio dans son communiqué.

A en croire le département d’État, “ces personnes sont des ressortissants étrangers qui ont directement participé aux efforts de la Cour pénale internationale (CPI) pour enquêter, arrêter, détenir ou poursuivre des ressortissants des États-Unis ou d'Israël, sans le consentement de l'une ou l'autre nation”.

Pour l’administration Trump, ceci est inadmissible. “Les États-Unis ont été clairs et constants dans leur opposition à la politisation de la CPI, à l'abus de pouvoir, au mépris de notre souveraineté nationale et à l'empiétement judiciaire illégitime”. La cour, à en croire le département d’État, “est une menace pour la sécurité nationale” et constitue “un instrument de guerre juridique contre les États-Unis et notre proche allié Israël”.

Une mesure qui ignore les victimes et défend les bourreaux

Trump promet ainsi que son gouvernement compte “prendre toutes les mesures” qu'il juge nécessaires pour protéger ses troupes, sa souveraineté et ses alliés “des actions illégitimes et sans fondement de la CPI”.

Pendant que Trump déploie l’artillerie lourde pour protéger ses concitoyens, les autorités sénégalaises, elles, préfèrent faire profil bas. Pour l’avocat français Juan Branco, ces derniers ainsi que tous les pays concernés ne doivent pas rester sans réaction. “Les autorités des États concernés ont le devoir de réagir et de protéger leurs ressortissants. Je pense en particulier aux autorités sénégalaises, qui président le Comité pour les droits inaliénables de la Palestine’’.

À en croire l’avocat, il n’y a pas de doute. Les États-Unis ont pris cette décision contre ces personnalités “du fait de leur rôle dans la procédure contre les dirigeants israéliens”.

Paris condamne, Dakar fait profil bas

En attendant la réaction des autres pays concernés, la France, elle, n’a pas attendu pour exprimer son indignation. Dans un communiqué, le Quai d’Orsay appelle les États-Unis à retirer ces mesures.  “La France exprime sa solidarité avec les juges visés par cette décision et réaffirme son soutien indéfectible à la CPI et à son personnel, qui jouent un rôle essentiel dans la lutte contre l'impunité”, indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères, qui réaffirme le soutien de l’Europe à la cour et à ses actions. “Aux côtés de ses partenaires européens et d'autres États parties au Statut de Rome, elle (la France) restera attachée à ce que la cour puisse poursuivre de manière indépendante et impartiale ses efforts pour rendre la justice aux victimes des crimes les plus graves”, a poursuivi la source.

Juan Branco interpelle les autorités sénégalaises

S’il y a quelqu’un qui est content de cette mesure, c’est bien le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Dans un communiqué publié par son cabinet, il se réjouit : "Je félicite Marco Rubio, le secrétaire d'État des États-Unis, qui a décidé d'imposer des sanctions contre les juges de la Cour pénale internationale à La Haye.”

Selon lui, cette mesure est une “action décisive contre la campagne de diffamation et de mensonges visant l'État d'Israël (et son armée) en faveur de la vérité et de la justice".

Outre le Premier ministre israélien et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant poursuivis pour le massacre de Gaza, la cour avait lancé des poursuites contre des militaires américains en Afghanistan, suspectés de crimes de guerre présumés. Rubio de menacer : “J'exhorte les pays qui soutiennent encore la CPI, dont la liberté a souvent été achetée au prix de grands sacrifices américains, à résister aux prétentions de cette institution en faillite.”

Cette décision de Trump et de son administration fera aussi plaisir à leur ami Vladimir Poutine contre qui la cour a aussi lancé des procédures. 

La CPI  dénonce une “offense” contre les États parties

Dans un communiqué, la Cour pénale internationale dit rejeter fermement les nouvelles sanctions américaines contre ses juges et procureurs adjoints. “Ces mesures constituent une attaque flagrante contre l’indépendance d’une institution judiciaire impartiale, une offense envers les États parties au Statut de Rome, l’État de droit international et, par-dessus tout, les millions de victimes innocentes à travers le monde”, a souligné le communiqué.

Par Mor Amar

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