Publié le 11 Mar 2023 - 12:49
AFFAIRE DES 98 MILLIARDS F CFA DU PSD

Les explications de Mansour Faye

 

Hier, lors d’une visite de chantiers de Pikine, le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement a répondu aux attaques de Bougane Guèye Dani concernant l’affaire de 98 milliards F CFA du Plan spécial de désenclavement (PSD).

 

Depuis un certain temps, le leader du mouvement ‘’Geum sa Bop’’, Bougane Guèye Dany ne cesse d’accuser le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, d’avoir pris 98 milliards FCFA des fonds destinés au Programme spécial de désenclavement. Hier, lors d’une visite de chantiers à Pikine, Mansour Faye en a profité pour répondre indirectement à M. Guèye.  ‘’Malheureusement au Sénégal, il y a des apprentis politiciens qui s’adonnent à des jeux dangereux. C’est devenu un sport favori de débiter des contrevérités. Et c'est dommage. Alors je ne vais pas m’appesantir sur ces questions, puisque, ce qui est important, vous l'avez vu tout à l'heure. On a été à Mbao où vous avez vu des travaux réalisés dans le cadre du Plan spécial de désenclavement (PSD), dans sa composante voirie urbaine’’, a d’abord raillé le ministre.

Mansour Faye d’ajouter : ‘’Le PSD est un programme important qui va permettre à l’Etat du Sénégal, sur 5 ans, de réaliser plus de 2 850 km de route et aussi des centaines de kilomètres de pistes. C’est un programme qui touche toutes les régions, tous les 46 départements du Sénégal’’. S’agissant de son financement, le ministre renseigne qu’il s’agit ‘’d’un crédit long terme que l’État du Sénégal est en train de contracter avec ce qu’on appelle la coopération anglaise, pour un montant à peu près de 453 milliards de francs CFA’’. 

Ainsi, étant entendu que les programmes réalisés par les bailleurs prennent beaucoup de temps, en termes de processus. Pour éviter un retard ou des attentes assez longues, un système de crédit relais, dit-il, a été trouvé, pour un montant de 150 millions d'euros environs 100 milliards F CFA. Mansour Faye assure que les deux, le crédit à long terme et le crédit relais, ont suivi toutes les étapes de validation au niveau des ministères concernés. Notamment, le ministère de l'Économie et le ministère des Finances, à travers le Comité national de la dette publique qui a validé le processus.

‘’Donc, c'est dire que, par rapport à l’État, tous les financements garantis pour la réalisation d'ouvrages, que soit des infrastructures ou d'autres financements, passent nécessairement par ces ministères-là, à savoir le ministère technique, mais aussi par le ministère en charge de l'Économie. Ce qui est important, c'est qu’aujourd’hui, avec ce crédit relais, les travaux ont été lancés à l'échelle nationale. Entre Kolda, Sédhiou, Matam, entre autres, les travaux sont en cours de réalisation. Dans la région de Dakar, c’est 50 km de voiries. Dans tous les départements, les travaux qui entrent dans le cadre du PSD ont démarré. C’est ce qui nous intéresse le plus. Je ne vais pas m’appesantir sur des détails ou sur des gens qui sont en mal de popularité, qui font des interpellations sans aucun fondement. Ce qui est important, c’est ce que la population ressent. Nous y sommes pour faire du Sénégal un pays ou la mobilité sera facilitée pour l’ensemble de la population’’, martèle Mansour Faye.

Bretelles de l’autopont de Cambérène : les travaux seront livrés dans 3 mois

Concernant les travaux entamés au niveau de l’autopont de Cambérène qui a été ouvert à la circulation, il y a de cela une semaine, présentement, selon le ministre, il y a les travaux relatifs aux bretelles qui sont en cours et qui seront livrés dans 3 mois graduellement. C’est pour dire, à ses yeux, que cette infrastructure a un impact positif sur la circulation au niveau de la nationale 1, mais aussi de l’autoroute. Cela a été constaté, selon lui, par les usagers qui ont manifesté un état de satisfaction appréciable.

‘’Généralement, les délais de réalisation des autoponts sont respectés. Non seulement, il y a les délais, mais aussi la qualité de l’ouvrage qu’on peut apprécier très positivement, du côté des ouvrages, comme des aménagements qui sont des espaces de communion pour les populations. C’est pour dire que les autoponts, une fois l’aménagement livré dans quelques mois, servira aussi de cadre de rencontre pour les populations riveraines et c'est tout à saluer, parce que cela entre aussi dans le cadre de la réalisation des autres autoponts initiés et financés par l'État du Sénégal avec le concours de la Société Générale.  Aujourd’hui, il y a un autre autopont en  cours de réalisation, qu’est celui de Front de Terre et qui sera livré dans les délais. Cet ensemble agrégé permettra d'améliorer davantage la mobilité au niveau de Dakar, en plus effectivement de la régulation aussi qui sera intégrée. Je suis très satisfait du travail réalisé. Mais, la satisfaction doit être, en fait, mesurée à travers l'expression des populations’’, renseigne le ministre des Infrastructures.

Ainsi, dit-il, ‘’aujourd'hui, nous constatons qu’effectivement, il y a moins de congestion dans ces axes-là et le travail va continuer pour essayer d'améliorer davantage la mobilité au niveau de Dakar’’.   

98 MILLIARDS DU PROGRAMME NATIONAL DE DESENCLAVEMENT

Le ministère des Finances explique ses mécanismes à Bougane Guèye

Une source autorisée au Ministère des Finances et du Budget, interrogée par EnQuête, a démonté hier les accusations portées contre le gouvernement par Bougane Guèye au sujet du financement du Programme national de désenclavement. Dans un sommaire précis de finances publiques, elle rappelle que les financements extérieurs sont toujours logés dans les banques et non au Trésor public.

 

‘’L’ancien Premier ministre Hadjibou Soumaré a seulement posé une question sur un don qu’aurait fait le Président de la République à une personnalité étrangère, et il a été convoqué à la police ; Bougane – (Ndlr Bougane Guèye, l’opposant leader du mouvement Geum Sa Bopp) interpelle Mansour Faye (Ndlr – le ministre des Infrastructures et du Désenclavement) sur la gestion de milliards et rien ne lui arrive… » C’est, ramassé, le propos qui circulait comme un serpent de mer dans les réseaux sociaux, depuis quelques jours.

Si l’ancien président de la Commission de l’Uemoa a finalement été placé sous contrôle judiciaire, l’opposant patron de presse, lui, n’a pas encore entendu un écho à ses sorties. Aurait-il touché un point sensible ? « C’est plutôt un silence de condescendance de la part des autorités », nous explique un haut fonctionnaire des régies financières de l’Etat. Après divers recoupements, EnQuête est en mesure d’établir que Bougane Guèye parle effectivement du Programme spécial de désenclavement conçu pour « construire, réhabiliter et mettre à niveau des routes, ponts et infrastructures connexes contribuant à désenclaver un certain nombre de terroirs et zones d'activité économiques ».

Mais le candidat déclaré à la présidentielle se voit opposer des arguments ayant trait à l’organisation des finances publiques au Sénégal.

Le programme porte sur un montant global de 691,9 millions d'euros (453,86 milliards de FCFA hors taxes, soit 816,45 millions (535 milliards FCFA toutes taxes comprises). Il est exécuté par le Fera (Fonds autonome du réseau routier) avec l'Ageroute comme maître d'ouvrage délégué. Mais, selon le patron de D-Média, il y a anguille sous roche. « Nul besoin de vous rappeler que les fonds évalués à 98 milliards FCfa n’ont pas atterri au Trésor public, mais sont plutôt logés dans un compte privé. En toute illégalité, violant toutes les règles de transparence en la matière. Plus grave, les fonds en question ont été prêtés à une banque de la place. Autrement dit, en mode dépôt à terme (DAT). Pire, ces fonds produisent des intérêts. Lesquels intérêts sont versés dans un compte au nom de l’Etat du Sénégal, à l’insu des services du ministère des Finances, en l’occurrence du Trésor public », accusait le candidat déclaré à la présidentielle de 2024.

Interrogé par nos soins, notre source fait d’abord remarquer que la signature de la convention de financement par le Ministère de l’économie, du Plan et de la Coopération est prévue en mai 2023. Dans la chronologie du projet, on apprend qu’une offre de financement par crédit export garanti par UKEF, a été approuvée par le Comité national de la Dette publique du Ministère des finances et du budget, en sa session du 13 août 2021. « En vue de lancer la phase urgente, un crédit relais de 150 millions d'euros 98,4 milliards FCFA a été mis en place. L’accord de financement y relatif a été signé par le Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération et un avis juridique délivré par la Cour suprême », explique notre source.

Sa mobilisation se fait sur autorisation du Fera, après vérification et avis de non objection de la demande de paiement, devant être préalablement certifiée par Ageroute en sa qualité de maître d’ouvrage délégué. Ces dispositions ont été approuvées par les entités compétentes, y compris le Ministère des Finances et du Budget, dit-on. Mais contrairement aux allégations de Bougane Guèye, les financements extérieurs sont toujours logés dans les banques et non au Trésor public. « Ce sont les banques commerciales qui reçoivent dans des comptes dédiés ces financements et non le Trésor public, contrairement à ce qui est insinué », explique le haut fonctionnaire. Par exemple, si c’est si le Maroc, le bailleur principal, il est tout à fait normal que les fonds soient logés à Attijari Wafa Bank. Idem pour la France.

La revue des archives relatives aux financements des derniers grands travaux de l’Etat met en exergue le fait que les agences ont une certaine autonomie. Par exemple, l’Apix (Agence pour la promotion des investissements et des grands travaux) n’a eu besoin d’aucune autre structure pour indemniser les impactés du Train Express Régional. Il y a plus de 509 projets dans le budget qui sont gérés ainsi. En dernier ressort, la validation est accordée par le Comité national de la Dette publique.

Amadou FALL

CHEIKH THIAM

 

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