Publié le 24 May 2023 - 23:25
AFFAIRE SWEET BEAUTÉ

Débats houleux dans la salle 4 pour un renvoi

 

Malgré la demande de renvoi formulée avec ferveur par les avocats des accusés, la Chambre criminelle a retenu cette affaire qui a éclaté en mars 2021. Après plusieurs mois d’instruction, ce dossier, qui a suscité beaucoup d’agitation au Sénégal, a finalement été jugé. Leur client absent à l’audience, les avocats d’Ousmane Sonko, qui espéraient un renvoi, ont vu leur requête refusée. Par conséquent, leur client a été jugé par contumace. 

 

Après plusieurs mois d’effervescence autour du dossier opposant Ousmane Sonko à Adji Sarr, place maintenant à la justice de situer où se trouve la vérité. En effet, l’affaire évoquée hier en audience spéciale à la barre de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar a été retenue et jugée. Ce, malgré les requêtes des avocats des accusés, pour un renvoi afin de mieux s’imprégner du dossier. Les débats entre robes noires, magistrats du siège et celui du parquet ont été houleux. Des échanges qui ont tenu en haleine toute l’assistance. 

Prenant la parole en premier, Maitre Moussa Baldé, constitué pour la dame Ndèye Khady Ndiaye qui est accusée d’incitation à la débauche, diffusion d’images contraires aux bonnes mœurs et complicité de viol, a sollicité le renvoi. ‘’On parle de vidéos et d’images, alors qu’on n’a pas reçu l’intégralité du dossier. Nous demandons d’avoir les photos et les vidéos versées qui sont des pièces maitresses pour la défense de Ndèye Khady. Nous voulons l’entièreté du dossier’’.

Du même avis que son confrère, Maitre Moussa Sarr a rappelé qu’il avait demandé un renvoi lointain, afin d’organiser leur défense. Selon l’avocat, ils se sont constitués, il y a à peine une semaine. ‘’Les conditions exigées par la loi ne sont pas réunies. C’est aujourd’hui que le dossier vient pour la première fois en audience spéciale (…). Il y a une jurisprudence suffisante pour cela. Des affaires criminelles ont été renvoyées pour permettre au parquet de s’organiser’’, a souligné Me Sarr.

Dans la même veine, son confrère Ibrahima Mbengue a rappelé que les droits de la défense sont sacrés. ‘’Nous n’avons pas encore vu les vidéos. Je vois un vidéoprojecteur, ce qui veut dire qu’on risque de voir les images comme tout le monde. Je demande le renvoi, parce que l’affaire vient d’être en état par rapport à vous, mais pas par rapport à nous’’, a dit Me Mbengue. 

Une demande qu’ont refusé d’admettre les avocats de la partie civile. Avec fermeté, ils ont fait part de leur opposition. ‘’Maitres Mbengue et Baldé se sont constitués, depuis le début de cette affaire. Ils ont participé à l’audition depuis l’enquête préliminaire. Depuis que cette affaire a été enrôlée, aussi bien la partie civile et la défense ont été mises sur le même pied. Le parquet a mis le dossier à la disposition des parties’’, a répliqué Me Adama Fall.

S’agissant des vidéos et images consignées dans le dossier, Me Abdou Dialy Kane, autre avocat de la partie Adji Sarr, a précisé que même eux n’ont pas à leur disposition les vidéos et images mentionnées par leurs confrères de la défense. ‘’Nous ne sommes pas devant une juridiction correctionnelle et nous savons tous comment ça se passe ici. D’aucuns disent qu’ils n’ont pas vu de vidéos ou d’images. À l’heure où je vous parle, je n’ai vu aucune vidéo ni entendu un audio. En matière criminelle, les éléments sont discutés à la barre. Par conséquent, ils ont tous connaissance du contenu de ce dossier. L’affaire a été renvoyée à huitaine. Ils avaient donc suffisamment de temps pour prendre connaissance du dossier. Il faut retenir cette affaire et la juger une bonne fois’’, a déclaré Me Kane. 

Avec ferveur, les avocats de la partie civile demandent que l’affaire soit retenue

Sur un ton virulent, Me El Hadj Diouf a déclaré que les avocats de la patronne de Sweet Beauté, par le biais de leurs confrères, demandent le renvoi pour quelqu’un qui a défié la justice. ‘’Il a décidé une désobéissance civique. Il s’agit d’une audience spéciale. Tout le monde devait prendre ses dispositions. Le terme spécial n’est pas respecté et ce n’est pas sérieux. C’est la défense qui a dit ici la dernière fois qu’il y a 471 pages et il y a des audio et des vidéos. La défense qui a parlé du contenu vient de nous dire qu’elle sollicite le renvoi. Ce n’est pas sérieux. Je vous demande d’aller au fond. Parce qu’on ne veut pas que le procès se déroule. Le poltron a fui’’, a-t-il tonné. 

Au même titre que les avocats de la partie civile, le représentant du ministère public s’est lui aussi opposé à la requête des avocats de la dame Ndèye Khady Ndiaye. ‘’Tout a été fait et les parties ont eu largement le temps pour prendre connaissance de cette affaire. Il n’y a pas un élément légal qui peut militer à la faveur du renvoi de cette affaire. Nous vous demandons donc de la retenir’’, a souligné le représentant du ministère public.  

Au terme de toutes ces observations tenues de part et d’autre, le président de l’audience a rejeté les demandes formulées par la défense et a ordonné l’ouverture des débats. 

Les conseils de Sonko tentent vainement d’obtenir un ultime renvoi

C’est à cet instant que les avocats du principal accusé, en l’occurrence Ousmane Sonko, ont à leur tour demandé la parole. Leur client n’ayant pas déféré à la convocation, ils ont tenu à solliciter, à l’instar de leurs collègues, un renvoi. Ils soutiennent que si leur client ne s’est pas présenté à l’audience, c’est parce qu’il n’a pas reçu de convocation.

‘’À ce jour, Ousmane Sonko n’a reçu aucune citation. S’il y a une citation dans le dossier, elle ne peut pas nous lier, parce que c’est un faux et je pèse mes mots. Je vous demande de renvoyer pour régulariser’’, a fait remarquer Me Ousseynou Ngom. Maitre Bamba Cissé de renchérir que le renvoi est nécessaire pour un débat contradictoire. Soulignant que cela va leur permettre de mieux s’organiser.

Pour sa part, Me Ciré Clédor Ly a promis au juge que s’il renvoie cette affaire, la défense prendra toutes les dispositions pour qu’Ousmane Sonko comparaisse. ‘’Qu’Ousmane le veuille ou non, nous le ferons comparaître. Sinon, il nous démet. Il ne faut pas douter de ma parole, Monsieur le Président. Il y a des formalités que nous nous engageons à remplir pour être là à l’audience prochaine’’, a promis Me Ly.

Malgré toutes leurs tentatives pour que le renvoi soit prononcé, le président a déclaré les débats ouverts.

C’est ainsi que les avocats de la défense ont quitté la salle. Ceux de la dame Ndèye Khady Ndiaye ont tout simplement décidé de bouder l’audience, la laissant seule.

Maguette Ndao

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