Publié le 8 Nov 2012 - 17:20
AFFAIRES HABRÉ-CHEIKH AMAR-AUGUSTIN SENGHOR-KARIM WADE-CHEIKH BÉTHIO

Abdoul Mbaye se décrète PM blanc comme neige

 

 

Accusé principalement de blanchiment d'argent sale, de conflit d'intérêts avec l'homme d'affaires Cheikh Amar, entre autres, c'est un Premier ministre «blanc comme neige» qui s'est prêté au feu roulant des questions des journalistes en présence des membres de son gouvernement...

 

Affaire Hissène Habré

Cité plusieurs fois dans une affaire de blanchiment d'argent sale rapatrié du Tchad par l'ancien président Hissène Habré et placé à la Compagnie bancaire de l'Afrique occidentale (CBAO) dont il était le directeur dans les années 1990, le Premier ministre s'est fendu d'un sourire ironique en apportant sa version dans cette sombre affaire. A cet effet, Abdoul Mbaye a jugé «un peu triste» que ce dossier aux relents de diffamation puisse atteindre un tel niveau. «Le blanchiment d'argent sale est un délit et la loi sur le blanchiment d'argent date de 2004 alors que l'affaire remonte en 1990. Il y a diffamation contre ma personne, contre celui qui a pris l'argent», a-t-il affirmé.

 

Pour lui, ce débat n'a pas sa raison d'être d'autant plus qu'à l'époque, il avait pris le soin d'aviser les autorités compétentes avant de procéder aux opérations bancaires susvisées. En outre, ce n'est pas la seule CBAO qui a reçu «l'argent sale» de Hissène Habré. «D'autres banques en ont reçu», se défend-il. «C'est parce que je me suis retrouvé à la Primature qu'on déterre ce dossier 22 ans après. J'étais banquier à la recherche de dépôts, mais c'est avec l'assentiment des autorités sénégalaises. J'ai pris au niveau de ma banque l'argent qui était, au préalable, logé dans une banque centrale.» Heureusement, dit-il, qu'il est préparé psychologiquement à toutes les attaques frontales. «Le chef de l'État, Macky Sall, a eu raison de me conseiller de me bâtir une solide carapace après mon accession à la Primature. Je m'attends à recevoir d'autres coups.»

 

Ce dossier «évacué», le Premier ministre a dû faire face à une autre accusation. Celle d'être un actionnaire dans l'entreprise de l'homme d'affaires Cheikh Amar, proche de l'ancien régime. Réponse : «Je serai toujours honoré de soutenir des compatriotes désireux d'investir dans leur pays, fut-il un Amar.» Et même, dit-il, «en quoi le fait d'être actionnaire dans une entreprise serait-il un crime ?». Une réponse en forme d'aveu. Le public est resté sur sa faim.

 

Ces dossiers auraient-ils été agités pour le défenestrer du gouvernement ? Réplique d'un qui se saurait en sursis. «Le Premier ministre est en permanence sur siège éjectable. Je ne me projette pas dans la durée, je suis un homme de mission. J'essaie, partout où je passe, de mener à bien la mission qui m'est assignée.»

 

Contentieux avec Augustin Senghor

Même sur le registre sportif, Abdoul Mbaye est sur une ligne de conflit. Accusé d'avoir voulu pousser à la démission Me Augustin Senghor, le président de la Fédération sénégalaise de football, il dégage en touche. «Je ne peux pas avoir de contentieux avec une personne que j'estime. Il se trouve qu'au soir de la défaite du Sénégal lors du match contre la Côte-d'ivoire, j'ai eu un entretien téléphonique avec Augustin Senghor qui m'a fait comprendre que la meilleure solution pour le football sénégalais était qu'il déposât sa démission. Appréciant ce geste de grandeur, je me suis permis de lui rappeler cette proposition en présence du ministre des Sports de l'époque, Malick Gackou», raconte le Premier ministre.

 

Sur les marges, Abdoul Mbaye indique que des mesures allant dans le sens du redressement du football sénégalais passe par le choix d'un sélectionneur capable. «La logique voudrait que l'entraîneur soit à la hauteur des joueurs qui évoluent dans les clubs de première division européenne, qu'il soit malien, sénégalais, français ou autre importe peu !» Dans cette foulée, il a promis qu'un système de répartition plus judicieux des fonds alloués au sport sénégalais sera mis en œuvre pour favoriser l'éclosion de talents dans d'autres disciplines.

 

Affaire Karim Wade et Cheikh Béthio

Sur un autre tempo, le chef du gouvernement qui dit s'inscrire dans la perspective d'assainir les finances publiques, met en garde tous ceux qui se seront «enrichis au détriment du peuple (car) ils peuvent s'attendre à être poursuivis», même si le rythme de Dame justice est ce qu'il est, lent. Une allusion à peine voilée qui serait destinée à Karim Wade, qui est dans le collimateur des pandores.

 

A ce niveau, et après cette introduction, Abdoul Mbaye, pour laisser percer sa neutralité sur les questions judiciaires, a passé la parole à la Garde des Sceaux. Mais Aminata Touré n'est pas allée plus loin que lui. Elle s'est simplement contentée de rappeler des principes de base. Du genre : «La lutte contre l'impunité de même que la résolution de la question de l'insécurité constituent des priorités pour le chef du gouvernement, les enquêtes sont en cours, de même que le principe du respect de l'instruction judiciaire.» Silence radio sur le dossier Karim Wade, sur celui de Cheikh Béthio Thioune, marabout incarcéré depuis plusieurs mois pour son implication présumée dans le meurtre de deux de ses disciples.

 

Reprenant la parole, le Premier ministre s'est indigné du regain de violence noté dans le pays. «Je n'ai eu de cesse de dire qu'il ne peut y avoir de développement sans sécurité. Des mesures coercitives sont en train d'être prises pour permettre aux Sénégalais de vivre en toute quiétude. Il y a un mal profond dans ce pays, l'incivisme.» Sur les péripéties ayant conduit au limogeage du ministre de l'Intérieur Mbaye Ndiaye, il s'est justifié : «Il était difficile d'imaginer que les gens allaient marcher ce jour-là. La leçon est désormais tirée.»

 

Syndrome Barsax

Au rayon des malheurs, le chef du gouvernement s'est incliné devant la mémoire des quatre jeunes Sénégalais disparus aux larges des côtes espagnoles. Loin de considérer le décès de Khady Fall, Cheikh Ndiaye, Momath Mbaye et Malick Faye comme un échec de son gouvernement, Abdoul Mbaye a reconnu que «ce drame est l'une des conséquences des difficultés économiques et sociales que nous avons dans nos pays. Le gouvernement s'est engagé, en ce qui le concerne, à tout mettre en œuvre pour y apporter des solutions. Nous avons fait procéder à toutes les vérifications auprès des autorités marocaines et des services diplomatiques accréditées dans le Royaume qui nous ont permis d'établir le nombre exact de quatre Sénégalais décédés».

 

AVERTISSEMENT!

Il est strictement interdit aux sites d'information établis ou non au Sénégal de copier-coller les articles d' EnQuête+ sans autorisation express. Les contrevenants à cette interdiction feront l'objet de poursuites judiciaires immédiates.

 

 

Section: