Publié le 16 Jun 2021 - 16:41
ARRESTATION DE TRAFIQUANTS ET SAISIE DE PEAUX

Les braconniers empoisonnaient les léopards

 

Trois présumés trafiquants de peaux de léopard ont été interpellés à Tambacounda, samedi dernier. Lors de leurs auditions, ils ont confié qu’ils empoisonnaient les animaux pour les tuer.

 

La lutte contre le trafic de peaux de léopard dans le Sénégal oriental est un combat de tous les instants. Le samedi 12 juin, une nouvelle opération a été menée par le Service régional des parcs nationaux de Tambacounda, avec le commissariat central de Kédougou et l'appui du projet Eagle Sénégal. Elle a permis de mettre la main sur trois présumés trafiquants de peaux de léopard, dans un restaurant, en flagrant délit de détention, de circulation et de tentative de commercialisation de deux peaux de léopard. Une espèce faunique intégralement protégée au Sénégal, notamment par l’article L32 du Code de la chasse et de la protection de la faune, ainsi que par la Convention de Washington Cites qui réglemente le commerce international d’espèces protégées et que le Sénégal a ratifiée.

Il ressort de l’enquête que les braconniers utilisent des moyens plus discrets et plus silencieux que les armes à feu, pour ne pas attirer l'attention des patrouilles anti-braconnage du ministère de l'Environnement ou des villageois. Ces méthodes consistent, selon les aveux des prévenus, à empoisonner les léopards et les lions avec des substances chimiques mortelles utilisées en agriculture, dissimulées dans de la viande de bœuf mise à la disposition des grands fauves.

Dans d’autres cas, la viande est déposée dans des pièges qui se referment autour du cou ou d’une patte des fauves, jusqu’à ce que mort s’ensuive par déshydratation et par faim. Souvent, une fois rendus faibles, ils meurent sous les coups de bâtons des braconniers. ‘’Des méthodes cruelles sont illégales, car il s'agit de piégeage d'espèces protégées. Une pratique d'un autre âge indigne de notre beau Sénégal. Le commerce illégal de faune sauvage doit être sévèrement combattu, à l'image des efforts intenses fournis par les services du ministère de l'Environnement et du Développement durable à travers les parcs nationaux et les eaux et forêts, en étroite collaboration avec la Direction générale de la Police nationale et l'appui des ONG de conservation de la faune pour enrayer ce trafic international juteux et bien souvent connecté à d'autres trafiques tels que la drogue, les armes et parfois sournoisement relié à des groupes djihadistes tels que Boko Haram, la Lord Resistance Army et bien d'autres dont les activités sont reliées au terrorisme’’, fulmine une source.

Notre interlocuteur déclare : ‘’Nous invitons à davantage défendre la paix de la faune africaine : nos léopards, nos éléphants, nos pangolins, nos rhinocéros, emblèmes de tout un continent et richesse naturelle du patrimoine africain. C'est le prix à payer pour contribuer à maintenir une bonne stabilité environnementale, économique et sécuritaire en Afrique.’’

Dix peaux de léopards saisis en cinq mois, à Tambacounda

Selon nos informations, cette saisie de deux nouvelles peaux porte à 10, le nombre de peaux de léopard saisies dans le Sénégal oriental, ces cinq derniers mois. Un constat d’autant plus ‘’alarmant’’ que la survie de cette espèce est fragile au Sénégal et dans toute la sous-région.

Eagle Sénégal, experte en matière de trafic de faune en Afrique et présente au Sénégal depuis déjà sept ans, constate que si le rythme de commercialisation des trophées de grands félins comme le léopard a augmenté ces deux dernières années au Sénégal comme dans la sous-région, le modus operandi de prélèvement illégal des léopards en milieu naturel semble avoir aussi  évolué.

CHEIKH THIAM

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