Publié le 7 Dec 2015 - 23:33
BUDGET MINISTÈRE DU RENOUVEAU URBAIN

‘‘On ne comprend pas cette baisse...’’

 

Diène Farba Sarr a été financièrement ‘délesté’ de 23,29% par rapport à son budget de 2015. Un réajustement dû au cadrage macroéconomique, selon le ministre. Par ailleurs les députés se sont inquiétés des problèmes immobiliers récurrents et du retard accusé dans l’exécution des programmes d’habitats sociaux.

 

Une baisse de 7 milliards 359 millions 608 mille 640 F CFA dans le budget 2016, par rapport à l’exercice précédent du ministère du Renouveau urbain, de l’Habitat, et du Cadre de vie. Malgré les initiatives coûteuses comme la télé demande d’autorisation de construire (Télédac), Diène Farba Sarr ne devra se contenter que de 24 milliards 244 millions 154 mille 520 F CFA pour mener à bien ses projets. Ce qui a intrigué le député de Tivaouane, Cheikh Tidiane Diouf qui ne ‘‘comprend pas la baisse du budget au moment où la barre des 3 000 milliards a été dépassée’’, ainsi que le président de la commission des finances de l’Assemblée, Babacar Diamé, qui estime le ‘‘budget insuffisant pour les ambitions et les perspectives de ce ministère, et qu’il faut l’amener à au moins 25 milliards’’. Mais pour le ministre, il est tout à fait possible de s’adapter à cette restriction budgétaire. ‘‘Avec le cadrage macroéconomique, c’était un peu difficile. Il va falloir travailler sous contrainte, les besoins sont alternatifs et concurrents mais il va falloir avoir des priorités. Le gouvernement voulait diminuer et transférer certains projets de mon département. Ce n’est pas grave, nous allons essayer de trouver des financements alternatifs au besoin’’, a déclaré » Diène Farba Sarr. 

Tobago et Namora hors-compétence

Dans les discussions générales, les 34 intervenants ont évité l’épineuse question du recasement des habitants qui avaient élu domicile derrière la Cité Tobago. Seul l’honorable Cheikh Tidiane Ndiaye s’est offusqué de cette situation. ‘‘Il ne faut pas attendre qu’une personne construise pour venir démolir. Ce qui  s’est passé à Tobago, c’est grave. C’est à cause de la négligence car s’il y avait  une surveillance effective,  rien de tout cela ne serait arrivé’’, a-t-il déploré. Une préoccupation que Diène Farba Sarr a éludée, puisque ne relevant pas de son domaine de compétence. ‘‘Mon ministère ne peut pas poser d’actes s’il n’y a pas de baux ou de titres.

Tobago intéresse plutôt le ministre de l’Intérieur qui a géré ce dossier’’, s’est-il défendu. Autre cas litigieux, l’escroquerie qu’ont subie les Sénégalais de l’extérieur avec Namora. Du nom de ce projet immobilier destiné aux expatriés où un opérateur privé de logements sociaux à Tivaouane Peul a disparu avec l’argent des immigrés, laissant derrière des dossiers problématiques. Le ministre, qui a livré la même réponse que sur le cas Tobago, a vu le député Adama Sow l’appeler à se saisir de la question. ‘‘Votre prédécesseur a fait une tournée à l’extérieur avec Abdoulaye Wade et Hadjibou Soumaré. Donc l’Etat du Sénégal s’est engagé. Je veux que ça soit votre dossier, que ça relève de votre compétence. Le ministre des Affaires étrangères était là l’an dernier et a dit que ce n’était pas de sa compétence. J’aimerais savoir de qui ça  relève’’, s’est demandé le parlementaire. ‘‘Namora n'est pas dans mes compétences.

L’affaire a eu lieu bien avant 2012. C’est un promoteur véreux qui a raconté sa vie et mis les émigrés dans le désarroi. Ça ne nous concerne pas directement mais nous allons voir comment régler cette question pour atténuer ces bras véreux. Le fond de ce dossier est en train d’être étudié. Dans les prochains mois, on aura une idée claire et on vous contactera’’, s’est défendu le ministre. Pour lui, les 388 plaintes, 166 soi-transmis du parquet et 52 constructions arrêtées sur la Corniche ouest par la Direction de la surveillance et du contrôle de l’occupation des sols (Dscos), montrent que cette structure ne travaille pas a posteriori. A ce titre, Thiès et Kaolack vont bientôt accueillir leur Dscos. Quant aux 263 maisons détruites de Gadaye où plus de 100 familles ont perdu leur résidence, le ministre annonce qu’il ‘‘n’y a pas de dossiers autorisés par le ministère sur ce site’’. Diène Farba Sarr de poursuivre : ‘‘En matière d’habitat social, nous avons quatre promoteurs privés qui sont décidés à nous accompagner pour mettre en place Kirène-AIBD-Déni Birame Ndao etc. Nous allons atteindre nos objectifs sans que l’Etat n’y mette de l’argent. Mon équipe est là pour réaliser les 15 000 logements par an promis par le président Sall’’.

Satisfecit sur les inondations

S’il y a une avancée dont se sont réjouis les parlementaires, c’est le contrôle total du ministère sur les inondations. Malgré une pluviométrie abondante, le cauchemar de l’eau ne s’est pas répétée, selon les représentants du peuple. ‘’Joal, Bambey, Kaolack, ainsi que les localités de la banlieue dakaroise ont bénéficié de la diligence du ministère. Je vous adresse mes félicitations pour la gestion des inondations, nous n’avons pas connu les mêmes désagréments qu’en 2012’’, s’est réjoui la députée Awa Guèye. Un satisfecit des parlementaires que le ministre explique par la vision d’ensemble sur le traitement de la question. ‘’Cela ne concernait pas que Dakar, mais on a traité de manière globale la question des inondations. Cette année, il a plu beaucoup.

A l’époque, il pleuvait moins et pourtant il y avait le plan Orsec. Nous avons pris le taureau par les cornes, avec mes équipes, pour faire des chantiers sérieux dans les régions. Les gouvernements avaient l’habitude d’ériger des tentes et donner à manger ; ce n’est pas ça la gestion des inondations. Nous avons acheté 305 motopompes, réalisé des drainages, des digues. Le président Sall a beaucoup fait en injectant 70 milliards dans les localités de Bambey, Touba, Dakar et sa banlieue. Je ne dis pas que c’est un mauvais souvenir, mais nous avons atténué le mal de manière radicale’’, s’est félicité le ministre du Renouveau urbain, de l’Habitat, et du Cadre de vie.

Mansour Sy Djamil (Député)

‘’D’où vient l’argent des constructions immobilières à Dakar’’

Le député Mansour Sy Djamil s’est inquiété de l’explosion de constructions à Dakar qui ne correspond pas au développement économique. ‘‘D’où vient l’argent ? Est-ce qu’on n’utilise pas l’immobilier pour le blanchiment d’argent ?  Certains investisseurs ne mettent pas leur argent là où c’est transparent, c’est un phénomène qui gangrène l’attractivité du Sénégal’’, se préoccupe-t-il.

C’est le ministre du Budget qui a tenu à calmer ses appréhensions. Le président Sall s’est résolument tourné contre le blanchiment de capitaux. Les flux financiers illégaux ont atteint 60 milliards. Cette lutte demande une grande coopération et un savoir-faire pour constituer un bouclier efficace contre ce blanchiment. Un système est à pied d’œuvre pour avoir de meilleures informations sur la configuration immobilière d’ensemble’’.

OUSMANE LAYE DIOP

 

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