Publié le 18 Nov 2018 - 00:17
CHEIKH SECK (SECRETAIRE GENERAL DU SDT3S)

‘’La tension de trésorerie ne nous concerne pas’’

 

Les tensions de trésorerie ne préoccupent pas les syndicats de la santé qui comptent continuer leur plan d’action.

 

Après les enseignants, c’est au tour des syndicats de la santé de montrer leur indifférence par rapport aux tensions de trésorerie du gouvernement. Ces derniers ne comptent pas mettre un terme à leur grève qui dure depuis des mois. Le secrétaire général du Syndicat démocratique des travailleurs de la santé et du secteur social (Sdt3s), Cheikh Seck, joint au téléphone par ‘’EnQuête’’, fait remarquer que la masse salariale de la Fonction publique est passée de 75 à 700 milliards. ‘’Cela veut dire, ajoute-t-il, qu’ils ont fait des choses qu’ils n’ont pas prévues.  On donne à tout le monde, sauf aux agents de la santé. On ne va pas arrêter notre lutte. Il y a des institutions budgétivores qui sont là. Vous pensez qu’on a besoin des conseils de collectivités locales ? C’est des chambres d’enrichissement. Même l’Assemblée nationale ne joue pas pleinement son rôle. Nous n’allons plus croiser les bras pour laisser ces politiciens nous dicter leur loi’’, avertit Cheikh Seck.

Aux yeux du syndicaliste, la responsabilité de la gestion de ce pays relève de ceux qui ont été choisis, à commencer par le président de la République et ses collaborateurs. Donc, ‘’s’il y a des ressources dans ce pays, elles doivent être utilisées de façon rationnelle. On ne peut pas parler de tension de trésorerie, parce que gouverner, c’est prévoir. Je connais mon salaire, je ne vais pas avoir un rythme de vie qui dépasse largement les moyens dont je dispose’’, dit-il.

De l’avis de Cheikh Seck, si on en est arrivé à ce stade, c’est parce que les charges ont dépassé largement les moyens dont dispose le pays. ‘’Quand on entrait dans la Fonction publique, c’était par voie de concours, il n’y avait rien de politique. Mais, depuis près de 15 ans maintenant, il faut déposer des dossiers à la Fonction publique et ils vont trier. Dans mon propre secteur, on nous affecte des agents dont nous ne sommes pas demandeurs, au moment où du personnel qualifié est là qu’on n’utilise pas’’, regrette Cheikh Seck.

‘’Politique de folklore’’

A l’en croire, cette tension de trésorerie est liée au fait qu’on a recruté des agents à qui on paie des salaires qui font 4 à 5 fois le salaire des plus diplômés et compétents. ‘’C’est du clientélisme politique. On nomme à des postes de responsabilité des amis. Les gens l’ont tellement compris que tous les directeurs d’hôpitaux ou chefs de services administratifs ont fait allégeance et créent des mouvements de soutien. Ils n’ont plus cette culture de l’Etat ou de la République pour servir l’Etat, parce qu’ils se disent que s’ils ne le font pas, ils seront dégommés. C’est inquiétant pour tout le monde’’, poursuit-il.

Il est d’avis que l’Etat doit apporter des explications à son peuple sur l’évolution de la masse salariale. ‘’Il y en a qui ont des salaires qui peuvent payer 50 personnes et (qui peuvent) recruter plus de 100 infirmiers qui serviront ce pays. Ils font une politique de folklore’’.

VIVIANE DIATTA

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