Publié le 26 Aug 2013 - 13:10
CIMEF - GOUVERNANCE, PAIX ET SÉCURITÉ MONDIALE

«L'islam, un modèle  porteur de progrès»

 

 

Devant l'échec des idéologies qui ont toujours dominé le monde, et en dépit de l'islamophobie ambiante, l'islam représente, selon des observateurs avertis, une alternative porteuse de gouvernance vertueuse. Iba Der Thiam a rappelé la gouvernance appliquée par imam Ali et Oumar Ibn al-Khattab. Mais d'après Tariq Ramadan, il y a aujourd'hui nécessité de résister par «un contre-pouvoir de conscience».

 

 «Malgré la vague d’islamophobie qui balaie le monde et les entreprises de diabolisation savamment distillées par l'Occident, il est nécessaire de revisiter l’histoire de l’islam et celle de l’humanisme dont il est porteur pour examiner les enseignements que la religion prêchée par le Prophète Mouhammad (PSL) peut apporter à l'humanité.» Selon le Pr Iba Der Thiam, ''la religion musulmane est porteuse d'un projet de gouvernance vertueuse prompt à sortir les pays musulmans et le monde entier des crises multidimensionnelles auxquelles ils sont aujourd'hui confrontés''. Mais hélas, «depuis l'assassinat de Imam Ali, aucun pays musulman n'a su tirer profit de ces enseignements'', a regretté l'historien et député.

Selon l'ancien ministre de l'Education nationale, qui intervenait hier dans un panel du 7e Colloque international des musulmans de l'espace francophone (CIMEF), hier à Ucad 2, ''la gouvernance vertueuse n'a jamais été aussi pratiquée sous le magistère des khalifes raachidounes'' (NDLR : bien guidés). Et contrairement à ce que soutient une certaine opinion véhiculée par l'Occident, «l'Islam n'a jamais été une religion d’arriération».

 

''Les dirigeants des pays musulmans, les premiers ennemis de l'Islam''

Au contraire, a rappelé le Pr. Thiam, «pendant toute la période que dura la Révélation du message coranique, Mouhammad (PSL) a mis en place un modèle de gouvernance fondé sur la crainte de Dieu, l’obligation de rendre compte et sur terre et le jour du jugement dernier, la vertu, la droiture (…), l’éthique, la consultation, la gestion contrôlée des derniers publics, l’égalité (…), la promotion de la femme, la cohabitation harmonieuse avec les autres religions, la construction d’un Etat de droit, la protection des faibles, des pauvres,  des indigents, etc.».

Dans un clin d’œil appuyé à l'actualité nationale, Iba Der Thiam a souligné le modèle de gouvernance «tout à fait moderne» avec «les instructions qu'avait données Imam Ali à son gouverneur d'Égypte, à travers la gouvernance qui a été appliquée par Oumar et qui a été saluée par des chercheurs américains, italiens, britanniques, et d'ailleurs». Ainsi, Imam Ali prévoyait déjà dans ses instructions «la déclaration de patrimoine ainsi que la nécessité de procéder à des contrôles inopinés et à des enquêtes de moralité avant de nommer des gens». Puis, comme désolé, le Pr Thiam, avec regret, a affirmé :  «Des choses comme cela, notre pays les ignore parce qu'on a tourné le dos à notre passé, à notre culture et à notre héritage de façon systématique.» 

Dans un monde «en perte de repères et (soumis à une perte de) valeurs, dans un contexte africain marqué par une instabilité surtout dans la sous région ouest africaine», Penda Bâ, diplômée en Sciences politiques, a diagnostiqué une «incapacité» de nos dirigeants à asseoir un modèle démocratique de gouvernance «efficace» qui prend en charge les réalités africaines. S'appuyant sur le cas spécifique du Sénégal, la politologue a souligné que l'échec de la gouvernance sénégalaise, qui perdure depuis l'indépendance, est imputable «au népotisme et au clientélisme politique qui ont toujours gangrené le système. Mais selon Iba Der Thiam, cette gouvernance a été fauchée car «on nous a engagés dans un mécanisme qui a complètement tourné le dos à notre culture, (…) à notre patrimoine religieux et linguistique», ceci afin de nous «orienter vers des modèles qui ne font référence qu'à des cultures totalement étrangères, en nous faisant épouser des querelles qui ne sont pas les nôtres''.

 

''Un contre-pouvoir des consciences pour résister''

«Les dirigeants des pays musulmans sont les premiers ennemis de l'islam», a estimé Serigne Mansour Sy Djamil, modérateur du panel, appuyé par l'islamologue Abdoul Aziz Kébé selon qui «la cité vertueuse dépend de l'Imam vertueux''. Car, explique-t-il, ''le choix de l'Imam et des gens qui l'entourent ne doit pas seulement se fonder sur leurs compétences, mais surtout sur leur éthique''.

Animé par le Pr Tariq Ramadan, le deuxième panel de cette conférence publique a planché sur la Gouvernance et la Paix. Avec des foyers de tensions en Afghanistan, Irak, Égypte, Syrie, etc., la guerre est devenue «un fonds de commerce», s'est indignée Aminata Dramane Traoré, ancien ministre de la Culture du Mali. S'appuyant sur le cas spécifique de son pays, l'altermondialiste a interpellé la responsabilité de tous les dirigeants africains qui «ne sont pas en sécurité et ne le seront plus davantage si le coup d'État perpétré actuellement par l'armée égyptienne avec la complicité des puissances occidentales passe».

«Qu'est-ce qui a fait le conflit et qui fait le conflit» égyptien ? Ce sont «les vraies questions» posées par Tariq Ramadan. «Ce qui a été présenté par Georges W. Bush en 2003 comme un projet de démocratisation du Moyen-Orient est en fait un projet de déstabilisation politique et sociale qui provoque de l'insécurité, (celle-ci) provoquant à son tour des guerres, (ce qui est tout) bon pour l'économie occidentale», dénonce l'universitaire suisse.

Face à la dénaturation de la religion et la prédominance de l'émotivité, les panélistes, dont Tariq Ramadan, ont fait de la «résistance» la seule méthode qui vaille, grâce à un contre-pouvoir transversal aux missions «très claires sur l'économie, le politique, le médiatique». Selon Ramadan, aujourd'hui plus que jamais, «il nous faut un contre-pouvoir des consciences pour pouvoir s'imposer».

Ouvert le 23 août, le Cimef prend fin aujourd'hui après quatre jours de travaux.

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

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