Publié le 23 Feb 2023 - 12:40
CONDAMNÉ EN PREMIÈRE INSTANCE POUR DIFFAMATION

Madiambal Diagne espère être mieux jugé en appel

 

L’affaire de diffamation qui oppose Souleymane Téliko à Madiambal Diagne a été évoquée, hier, à la barre de la Chambre correctionnelle de la Cour d’appel de Dakar. Madiambal Diagne, qui a été condamné en première instance, a interjeté appel pour, selon lui, obtenir un meilleur jugement. Ayant assumé les propos qui ont valu sa citation, il a une nouvelle fois précisé que c’est un lapsus qui a causé sa comparution devant un tribunal.

 

Après plusieurs renvois, l’affaire de diffamation opposant Souleymane Téliko à Madiambal Diagne a été finalement jugée hier, devant la barre correctionnelle de la Cour d’appel de Dakar. Condamné en première instance à trois mois d’emprisonnement ferme assortis d’une amende de 500 mille F CFA, le journaliste Madiambal Diagne était également contraint d’allouer au juge Téliko la somme de cinq millions F CFA en guise de dédommagement.

 Face aux magistrats, le prévenu affirme : ‘’J’ai interjeté appel de ce jugement, dans l’espoir d’être mieux jugé.’’ Les propos qui lui ont valu sa citation directe pour diffamation, ont été tenus lors d’une émission radio ‘’Jury du dimanche’’ sur iRadio. En répondant à une question du journaliste, Madiambal Diagne a servi en direct : ‘’C’est très facile, devant les médias, de se présenter en parangon de vertu et d’éthique, mais dans les comportements de tous les jours, est-ce qu’on l’est ? L’actuel président de l’UMS a été juge des Chambres africaines extraordinaires qui ont jugé Hissène Habré. Il a été épinglé par l’Union européenne dans un rapport officiel, pour avoir perçu des frais de mission pour aller au Tchad, alors qu’il a été totalement pris en charge par le gouvernement tchadien. L’Union européenne a protesté devant le gouvernement du Sénégal. Sidiki Kaba était ministre de la Justice et Souleymane Téliko avait remboursé.’’ Des allégations qu’il a une nouvelle fois assumées devant le juge de la cour d’appel.

Néanmoins, il précise avoir commis un lapsus en parlant de l’Union européenne, alors qu’il voulait évoquer un rapport de  l’Union africaine. Et pour justifier ses propos, il cite un document officiel du ministère de la Justice sénégalaise qui dit que les sommes sont indûment perçues et demande aux Chambres africaines de rembourser. D’ailleurs, il précise que c’est la moitié des sommes perçues qui est réclamée. Et pour M. Diagne, ceci constitue une mansuétude.

S’emportant de temps à autre et coupant la parole au magistrat qui lui posait des questions, le journaliste et chroniqueur déclare qu’il ne veut pas être traité de la même manière que lors de la première instance. ‘’J’en ai marre. On m’a traité ici de noiraud, de méchant et on a tourné en dérision mon nom de famille’’, s’est-il plaint. 

‘’Pour avoir dit la vérité, je risque ma liberté’’

Mais il a été vite rappelé à l’ordre par le juge qui, sur un ton ferme, lui a dit : ‘’Ce n’est pas devant cette barre qu’on vous a traité de tous ces noms.’’ Après s’être excusé, Madiambal Diagne s’est emporté une nouvelle fois, suite à la question de l’avocat général sur ses intentions, lorsqu’il tenait de tels propos à l’encontre de Souleymane Téliko. ‘’J’ai parlé de lui (Souleymane Téliko) en particulier, parce que c’est lui qui a parlé à ses pairs de morale, d’équité et de probité. J’ai parlé de lui en particulier, parce que c’est lui qui a stigmatisé ses pairs. Je n’ai aucune intention de nuire, mais  je défends la justice. Pour avoir dit la vérité, je risque ma liberté’’, a-t-il répondu.

D’après lui, après ce ‘’lapsus’’, il a publié un rectificatif dans le journal ‘’Le Quotidien’’.

La partie civile Souleymane Téliko n’ayant pas assisté à l’audience, la partie appelante a été la première à faire ses plaidoiries. Étant le premier à prendre la parole, Me Abdou Dialy Kane soutient : ‘’Nous devons mettre de côté deux choses : le corporatisme et nos amitiés affectives pour rendre une justice équitable.’’ Mais l’avocat refuse de plaider au fond. D’après lui, la poursuite est irrégulière. ‘’Je ne m’intéresse pas aux faits. Il y a un préalable à respecter.

Personne ne peut me convaincre du contraire. Pourquoi cette procédure est irrégulière ? Cela se trouve dans le Code pénal et dans le Code de procédure pénale. En matière de droit commun, c’est l’auteur du fait délictueux qui est responsable. En matière d’infraction de presse, c’est le directeur de la publication qui est l’auteur principal. C’est indiscutable. Une personne qui initie une citation directe peut écarter l’organe de presse. Téliko a choisi de faire ça. Personne ne peut changer la responsabilité du directeur principal. Madiambal Diagne ne peut être poursuivi que pour complicité. Dans le cas d’espèce, on vous demande de le condamner en tant qu’auteur principal. C’est une violation de la loi. Il a le statut de complice. Ce n’est pas parce que la partie civile est un magistrat, qu’on doit tordre le cou à la loi’’, a souligné la robe noire.

Maitre Kane précise qu’il n’y a aucune possibilité de disqualification. ‘’Nous sommes en matière de diffamation. Le spécial déroge au général. Aucune disposition du Code de procédure pénale n’est citée dans cette citation. On ne peut pas poursuivre quelqu’un dans ce pays par voie de citation directe sans qu’on ne cite les dispositions du Code de procédure pénale. C’est la poursuite qui est irrégulière. Je ne parle pas de la citation directe, car elle est nulle’’, soutient Me Kane qui pense que ‘’c’est  l’occasion de rendre une décision pour le bien de la justice. Parce que la poursuite est irrégulière. Depuis la première instance, je refuse d’évoquer les faits.

Personne ne peut plus réparer cette procédure et personne ne peut condamner Madiambal Diagne. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est la loi qui le veut. Du point de vue de la loi, il ne peut être poursuivi que comme complice. Ce, en vertu des dispositions de l’article 270 du Code de procédure pénaleJe considère que les poursuites qui sont entreprises contre Madiambal Diagne sont irrégulières. Et vous n’avez pas un pouvoir de disqualification. Je sollicite l’infirmation totale de la première décision’’, a plaidé Me Kane.

Son confrère, Me Baboucar Cissé, est du même avis, mais lui décide de plaider au fond. ‘’Mon client vous dit qu’il assume ses propos. C’est ça un homme. C’est ça être honnête. Il est bien vrai que ce qui a été à l’origine de ça, c’est une interview de Souleymane Téliko. C’est lui qui a été à l’origine. Au cours d’une émission, il a abordé l’affaire Khalifa Sall pour s’attaquer vertement à ses collègues. Ce qui lui a valu sa sanction par le Conseil supérieur de la magistrature’’, a relevé Me Cissé qui, à  l’instar de son confrère, a sollicité l’infirmation de la peine.

À la suite de l’avocat général qui s’en est rapporté, les conseils de Souleymane Téliko ont demandé à la cour de déclarer irrecevables les exceptions soulevées par la partie appelante et, à l’unanimité, ont sollicité la confirmation de la première peine.

L’affaire mise en délibéré, la cour rendra sa décision le 18 avril prochain.

MAGUETTE NDAO

Section: 
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