Publié le 28 Jan 2016 - 23:58
CONDAMNE A 10 ANS DE TRAVAUX FORCES

Lahat a relevé le défi de sa victime par un coup de poignard mortel

 

La Chambre criminelle du Tribunal de grande instance (TGI) de Dakar a condamné hier un marchand ambulant à 10 ans de travaux forcés. Abdou Lahat Sine a été reconnu coupable du meurtre de Malick Sow dit Malaw qu’il a poignardé en septembre 2009, suite à un défi lancé par la victime.

 

En voulant sauver un enfant de 5 ans des griffes d’Abdou Lahat Sine, Malick Sow dit Malaw a fini par y laisser sa vie. C’était un début d’après-midi du 8 septembre 2009. Les deux marchands ambulants étaient en train de prendre leur déjeuner dans une ‘’gargote’’ de la gare routière de Petersen. En bon fumeur, Abdou Lahat Sine a voulu envoyer un enfant de 5 ans lui acheter de la cigarette, après son repas. Devant le refus du gamin, il s’est mis à l’injurier copieusement. Ne pouvant pas supporter la maltraitance que son ami infligeait à l’enfant, Malaw a intercédé en faveur de celui-ci. Ce qui a fait monter la tension entre les deux amis qui en sont venus aux mains.

Lorsqu’ils ont été séparés par la foule, Malaw a invité son antagoniste à un duel à la plage, plus précisément sur la Corniche ouest. Abdou Lahat, qui est dépeint comme une personne belliqueuse, ne se fait pas prier pour accepter le défi. Et lorsqu’ils se sont retrouvés à la plage, le marchand ambulant l’a bien relevé, puisqu’au cours du duel, il a poignardé Malaw à la cage thoracique, avant de retourner à Petersen, en laissant sa victime se tordre de douleur. D’ailleurs, en partant, il a regardé avec indifférence sa victime rampant sur les rochers pour remonter sur la route et prendre un taxi afin de se rendre à l’hôpital. Malgré tous ces efforts de survie, Malaw a succombé à ses blessures, à cause de la forte hémorragie.

‘’Je n’ai pas voulu fuir’’

Pendant ce temps-là, Abdou Lahat cherchait le moyen de fondre dans la nature. Mais le 11 septembre, il a été appréhendé à l’hôtel Pacha, alors qu’il s’apprêtait à se rendre en Gambie. Mais hier, à la barre, il a soutenu qu’il n’en était rien. ‘’En me voyant avec mon sac, les gens ont cru que je me rendais en Gambie, or ce n’est pas le cas. Si je savais que Malaw était mort, je me serais rendu au Commissariat central’’, s’est défendu l’accusé pour expliquer qu’il n’avait nullement l’intention d’ôter la vie à la victime. Selon ses explications, au cours de la bagarre, Malaw a brandi un couteau qu’il avait dissimulé sous ses habits. Il a réussi à le désarmer et à le poignarder pour se défendre. ‘’Puisque vous l’avez désarmé, pourquoi le poignarder ? Pourquoi vous n’avez pas cherché à le secourir  puisque le sang giclait’’ ? A ces questions du président Magatte Diop, Lahat a soutenu qu’il n’avait pas fait exprès et ignorait que la victime était blessée, car il n’avait visé aucune partie.

Pour la représentante du parquet, ‘’le défaut d’assistance montre le sang froid dont a fait montre l’accusé, après son forfait’’. C’est pourquoi elle a écarté l’excuse de provocation et a requis 15 ans de travaux forcés. Mais la défense a réfuté cette thèse. Selon elle, ‘’il y a bel et bien excuse de provocation, compte tenu du défi qui lui a été lancé et qu’il a voulu relever pour une question d’honneur’’. Me Bassène a également écarté l’intention de tuer, en se demandant : ‘’Comment une personne peut-elle prendre la résolution de tuer en plein jour ?’’ Il a également avancé comme argument le fait que ‘’la victime se soit mêlée à une dispute qui ne la regardait pas et ait injurié publiquement l’accusé, avant de le défier’’. Compte tenu de ces éléments, il a demandé une disqualification des faits en coups mortels.

Après délibéré, Abdou Lahat a écopé de 10 ans de travaux forcés.

FATOU SY

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