Publié le 26 Feb 2013 - 15:24
COTE-D'IVOIRE

Le rapport d'Amnesty qui accable les FRCI

Des policiers dispersent une manifestation pro-Gbagbo interdite, le 16 février 2013 à Abidjan.

 

 

Dans un rapport publié mardi 26 février, Amnesty International accuse l'armée ivoirienne de graves violations des droits de l’homme contre des partisans avérés ou supposés de l'ex-président Laurent Gbagbo, en réaction à une vague d'attaques commises en 2012.

 

Au terme d’un mois d’investigation sur le terrain, de septembre à octobre 2012, les enquêteurs d’Amnesty International ont publié, mardi 26 février, un rapport à charge contre les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), l'armée nationale mise en place par le président Alassane Ouattara après la crise postélectorale de 2010-2011. Ses soldats se seraient livrés, au cours du second semestre 2012, à une « politique de répression », au nom de la « sécurité », alors qu’Abidjan était confrontée à une vague d’attaques, imputées par le gouvernement ivoirien à des fidèles de l'ancien régime, ce que le camp Gbagbo a toujours nié.

 

Intitulé « Côte d'Ivoire : la loi des vainqueurs », le rapport soutient que les actions de représailles menées par la nouvelle armée ivoirienne l’ont été « sur des bases souvent ethniques et politiques », à l’encontre de « dizaines de personnes » victimes d' « arrestations arbitraires » et de « tortures ». Des accusations déjà portées par des représentants de l'ONU. et par une autre organisation de défense des droits de l'Homme, Human Rights Watch.

 

Amnesty, qui épingle aussi les « milices » composées des chasseurs traditionnels « dozo », affirme d’ailleurs qu’au moins deux personnes ont péri sous la torture. « La Côte d'Ivoire doit briser le cycle des abus et de l'impunité », lance Gaëtan Mootoo, chercheur à Amnesty, fustigeant « l'échec des autorités ivoiriennes à instaurer un État de droit », malgré ses promesses.

 

Commission d’enquête

 

L'organisation a réclamé par ailleurs la mise en place d'une « commission internationale d'enquête » sur l'attaque meurtrière de juillet 2012 contre le camp de déplacés de Nahiby, à l’Ouest de la Côte d’ivoire, où s’étaient réfugiés des membres de l'ethnie guéré considérés comme favorable à l'ancien régime.

 

Selon la version officielle, l’attaque du camp de Nahiby a fait huit morts. Amnesty conteste ce chiffre et avance plutôt celui de « 14 personnes tuées », auxquel il faut ajouter un « nombre inconnu de personnes victimes de disparitions forcées ».

 

L’ONG soutient comme d'autres organisations de défense des droits de l'homme et de nombreux témoins que l'attaque contre ce camp gardé par des éléments de l'ONU a été perpétrée par des jeunes venus d'un quartier dioula - ethnie considérée comme pro-Ouattara - de la ville voisine de Duékoué ainsi que par des « dozos » et des FRCI.

 

L'enquête ouverte par la justice ivoirienne piétine jusque-là. Amesty International exhorte la Côte d’Ivoire à aller plus loin afin d’éviter le pire. « Si des mesures de justice et de contrôle des forces de sécurité ne sont pas prises sans délai, l'avenir de la Côte d'Ivoire risque d'être marqué par des crises politiques successives où les espoirs de réconciliation ne cesseront de s'amenuiser », avertit l'ONG.

 

 

 

 

Tourner la page

 

Dans un courrier qui figure au rapport en annexe, le ministère ivoirien de la Justice rappelle que les autorités se sont engagées à poursuivre les auteurs d'éventuels abus, tout en relevant les « efforts déployés par l'État » (par la formation notamment) pour améliorer le respect des droits de l'homme par les forces armées.

 

La Côte d'Ivoire tente de tourner la page de la crise de décembre 2010-avril 2011 qui a fait quelque 3 000 morts après le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite à la présidentielle. L'ex-chef de l'État est soupçonné de crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale (CPI) et détenu à La Haye depuis fin 2011. Nombre de ses partisans ou de ses proches sont, eux, détenus en Côte d'Ivoire.

 

Des soutiens au président Ouattara sont soupçonnés d'avoir commis aussi de graves crimes durant la crise de 2010-2011 mais aucun d'eux n'a encore été inquiété par la justice ivoirienne, pas plus que les militaires accusés d'avoir commis des exactions après les attaques armées de 2012.

 

 

 

 

JeuneAfrique

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