Publié le 1 Oct 2018 - 08:53

Coup d’œil de ceerno wanwanbe sur la situation internationale et sur celle de son pays.

 

A partir du 18e siècle durant la République du Fouta Toro (Sénégal – Mauritanie), les Wane ont occupé plusieurs fois les fonctions d’Almamy (Président de la République Fédérale), et à partir de 1958 après l’éclatement de la Fédération et jusqu’aux indépendances, ils ont occupé les fonctions de chefs traditionnels du Laaw, ce qui faisait dire au professeur Boubacar Barry de l’UCAD (Université Cheikh Anta Diop) que les Wane avaient formé une dynastie régionale et même fédérale au Fouta.

Cursus administratif de Ceerno Wanwanbé.

Ceerno Wanwanbé avait été instituteur, administrateur civil, et avait occupé les fonctions suivantes :

  • Chef de service du crédit ou Ministère des Finances (1960 – 1961)
  • Adjoint au gouverneur de la région du Cap vert (1961–1962)
  • Directeur de cabinet adjoint ou Président Abdou Diouf quand ce dernier était directeur de cabinet du président Senghor (1962 – 1963)
  • Gouverneur du Sénégal oriental (1963 – 1964)
  • Inspecteur Général d’Etat (1964 – 1967)
  • Contrôleur d’Etat Chef du service du Portefeuille (1974 – 1978)

Expérience politique

Ceerno Wanwanbé a adhéré au PAI (Parti Africain de l’indépendance marxiste léniniste) en 1957 après avoir pris connaissance du Manifeste de ce parti dirigé par un comité central dont les principaux membres étaient le 1e Secrétaire Majmout Diop, pharmacien, Khalilou Sall, Ingénieur de SUPELEC, Mouminou Djermakoy (d’origine nigérienne), Professeur agrégé de physique, Tidiane Baidy Ly Professeur, Seydou Cissokho instituteur, Malick Sow, et Malick Camara commis d’administration.

Ceerno Wanwanbé fut copté 1e Secrétaire du territoire du Sénégal et rédacteur en chef de « La Lutte », organe officiel du PAI.

Il se distingua parmi les porteur de pancartes auxquels le Général de Gaulle avait jeté à la figure sa fameuse sortie « Vous voulez votre Indépendance eh bien prenez-la ». Ce fut une douche froide pour les jeunes révolutionnaires.

Lors de la consultation populaire de 1958 qui suivit, notre peuple avait voté largement « oui », comme le voulait le Général de Gaulle, le président Senghor, et nos sages.

Quelques jours après, Ceerno Wanwanbé reçu au concours de L’ENFOM (Ecole Nationale de la France d’Outre-Mer) gela ses activités politiques pour mieux se consacrer à ses études.

Quand il revint au Sénégal en 1960, il trouva son pari dissout, et la plupart de ses dirigeants en prison ou en exil et il en éprouvera beaucoup d’amertume.

Ces événements ont coïncidé avec l’éclatement de la Fédération du Mali.

En 1962, alors qu’il était gouverneur adjoint de la région du Cap Vert, un événement grave se produisit au Sénégal lors de la déposition de la motion de censure contre le gouvernement du

Président du conseil  Mamadou Dia. Ce dernier pour empêcher le dépôt de cette motion de censure avait arbitrairement fait emprisonner dans la nuit, les plus opposés à son action : les députés Abdoulaye Fofana, Moustapha Cissé, Maguette Lô entre autres.

Et le lendemain il avait chassé de l’hémicycle de l’assemblée nationale tous les députés présents pour faire obstacle au vote mais ces derniers se retrouvèrent au domicile du Président Lamine Guèye où la motion de censure fut votée. On sait ce qui s’en est suivi.

Ceerno Wanwanbé considérant que le Président du Conseil avait placé à tort son parti au-dessus de la Constitution, s’était désolidarisé de sa position.

Malheureusement durant son séjour au Sénégal oriental il avait retrouvé les mêmes principes de primauté du parti sur les institutions de la République et sentant que cette attitude est cautionnée par le sommet, il avait préféré démissionner.

Bien que Senghor l’avait nommé Inspecteur Général d’Etat, sa déception était telle qu’ayant retrouvé son ami d’enfance capitaine Momar Ngary Deh qui avec d’autre officiers de son grade s’étaient rendu compte qu’ils avaient été floués par leur chef qui comme eux avait juré sur l’honneur que la crise de 1962 serait résolue politiquement sans arrestation d’un côté ni de l’autre, avait  convenu avec ce dernier la nécessité de renverser pacifiquement le pouvoir, de libérer les détenus politiques, de rappeler les exilés, et de réconcilier la nation.

Lui était  chargé de contacter certaines personnalités civiles et le capitaine Momar Deh de contacter les officiers. Quelques temps après, lui avait fait ce qui était convenu avec certaines personnalités représentatives lesquelles personnalités lui avaient conseillé de laisser tomber, peut-être que c’était la même chose Momar, et ensemble ils avaient décidé de passer l’éponge entre temps il s’était réconcilié avec le Président de la République qui lui avait promis un poste d’ambassadeur en présence d’Abdou Diouf, l’affaire était oubliée et classée.

Et malheureusement mon ami Momar avait trouvé la mort d’ailleurs quelques mois après à la suite d’un accident de la route.

C’est 2 ans après à la suite d’un incident malheureux auquel il était totalement étranger qu’il avait été arrêté à sa grande surprise, interrogé et déféré au parquet, à la suite de quoi il avait été condamné à 10 ans d’emprisonnement et ceux qu’il avait contactés une seule fois, à 7 ans d’emprisonnement.

En 1974 il bénéficia de grâce et d’amnistie et fût reçu par le président de la République qui lui dit :

« En tant que président de la République je suis bien obligé de faire confiance en la justice de mon pays. Après les élections je vous confierai un poste important ». Abdou Diouf l’avait reçu ensuite pour confirmer les dires du Président Senghor et ajouté « je t’aiderai à remonter la pente ».

La page était tournée mais il avait vendu sa maison et avec sa femme et ses enfants quitté le Sénégal pour permettre à la famille d’oublier. Après un an de séjour en France sous la protection de l’OFRA (Office Français des Réfugiés et Apatrides) il se rendit en Mauritanie ou bien du Salut National(CMSN) qui dirigeait le pays sous l’autorité du colonel Mouhamed Khouna Ould HAIDALLA.

 

En 1984 il apprit qu’il était condamné à 5 ans de prison pour détournement de derniers publics d’un montant de 7 millions de FCFA. Avec l’aide de ses parents il réunit cette somme qu’il versa à l’agent judiciaire de l’Etat pour pouvoir bénéficier d’une liberté provisoire au cas où il serait condamné en 1ère instance. Il revient au Sénégal le 29 décembre 1984, le jour même de l’ouverture de son procès devant la cour d’Appel et le 02 janvier 1985, le tribunal, à la suite de la plaidoirie de son avocat maître Yérim Thiam, débouta l’Etat et condamna celui-là à lui rembourser ce qu’il avait versé.

L’Etat se pourvut en cassation et fut débouté.

Ce fut la fin de son exil politique et de son retour au Sénégal. Plein de rancune contre le PS, il avait adhéré au PDS sans rien perdre de ses convictions socialistes de paix et de justice sociale surtout.

A présent, il vit à Dakar sans foyer personnel, « rien ne pèse sur sa bourse mais son cœur pas plus à l’aise » parce que réconcilié avec ses anciens adversaires et n’en voulant plus à personne masha’ALLAH.

Après cette brève présentation voici l’impression qu’il ressent en jetant un œil sur les relations internationales et sur ce qui se passe dans son pays.

S’agissant des relations internationales, il lui apparaît que nous sommes en plein dans une 3e Guerre mondiale qui plonge ses racines au 19e siècle pour ne pas remonter plus loin. Pourquoi le 19e siècle ? Parce que c’est l’époque de la naissance du mouvement sioniste à l’instigation de Thomas Herzel et de Ben Gourion. Une date importante à retenir c’est celle à laquelle le Foreign Office, sur la demande de Rotschild avait accordé aux sionistes l’installation d’un foyer juif en Palestine en 1917.

Les premiers juifs qui arrivèrent en Palestine sous le mandat britannique furent bien accueillis par les palestiniens, ils rachetèrent des terres, s’installèrent à domicile au grand détriment des autochtones.

Il s’ensuivit un véritable massacre des palestiniens. Les britanniques en vinrent à limiter les migrations des juifs dans ce pays, rien à faire. L’arraisonnement de l’Exodus aggrava la situation.

Vint ensuite la guerre 1939–1945, la Shoah, les crimes nazis, la défaite de l’Axe et la sympathie dont les juifs ont bénéficié dans le monde et particulièrement en Europe et l’intensification de la colonisation des sionistes en Palestine. La révolte du monde arabe contre les visées expansionnistes racistes et religieuses des amants des Sions.

Vint la guerre des six (6) jours, en 1967, l’écrasement des forces arabes par les sionistes appuyés par le gouvernement américain. Vint ensuite la guerre de Kippour quand le régime sioniste échappa à la défaite grâce aux forces américaines.

Les palestiniens musulmans et chrétiens furent contraints à l’exil dans des conditions particulièrement éprouvantes à travers le monde.

Cette situation fût le terreau des activités criminelles dans les pays du monde, commises par des musulmans révoltés, humiliés par les plus grandes puissances occidentales et l’Etat israélien qui se moque éperdument des résolutions de l’ONU et de son Conseil de sécurité fort du veto des Etats – Unis à chaque fois que les intérêts d’Israël étaient plus ou moins menacés.

La dernière preuve de l’impuissance des Nations Unies face à l’Etat sioniste c’est qu’elles ne peuvent pas s’opposer, en  fait, à l’érection de  Jérusalem  comme  Capitale d’Israël.

Il est clair que l’extrême droite israélienne aspire à la conquête non seulement de la Palestine, de tout le Moyen Orient et même du monde entier. C’est à Jérusalem qu’elle attend son  Messie qui doit paraître qui doit paraître dans son imaginaire à une date indéterminée vers la fin des temps.

Cette extrême droite est convaincue que cela arrivera  et travaille constamment à cela, heureusement que tous les juifs et même tous les Israéliens ne pensent pas ainsi.

Pour terminer Ceerno Wanwanbé en vient à la situation qui prévaut dans son pays.

Tout d’abord l’actuelle constitution sénégalaise est laïque en ce sens qu’elle permet à chaque citoyen d’exercer sa religion librement et pleinement. Elle ne contient aucune disposition contraire à nos us et coutumes. Au demeurant le régime présidentiel ne lui a jamais paru et ne lui paraît nullement adapté à la situation de pays  nouvellement indépendant. Soixante ans c’est bien peu dans la vie des nations. La preuve en est un certain manque de respect à l’égard du Président de la République, Premier citoyen et symbole vivant de la nation.

Ceerno Wanwanbé pour avoir servi dans les hautes sphères de l’Etat a pu constater sous le régime parlementaire avec Senghor comme président de la République et Mamadou Dia comme Président du conseil (Chef du gouvernement) que le premier était incontestablement respecté par l’écrasante majorité de la population, le deuxième  placé au second rang était surtout obéi et craint par ses compatriotes parce que détenant la réalité du pouvoir exécutif.

A la suite de la crise du 17 Décembre 1962, et de la révision constitutionnelle qui s’en est suivie, Senghor était de venu Chef de l’Etat, Chef du gouvernement et Secrétaire Général du parti « unifié ».

Contrairement à ce que certains pouvaient en attendre, il avait perdu de l’estime populaire ce qui l’avait gagné en prérogative, vinrent alors les émeutes, les arrestations tous azimuts, les condamnations pour délit d’opinion, le tribunal spécial (le tribunal politique) ne chômaient plus.

Il est vrai qu’à partir de 1976, baptisée année de l’ouverture démocratique, la situation avait changé, tous les détenus politiques avaient été graciés. Maître Abdoulaye Wade avait réussi à créer le PDS qu’il avait qualifié de parti de contribution pour amadouer Senghor.

Senghor voulait ainsi réduire le nombre de partis politiques à celui des courants idéologiques existants - Parti Africain de l’Indépendance (PAI), Parti Socialiste (PS), Parti Libéral (PDS). Ainsi, des cadres tels que Mamadou Dia et Cheikh Anta Diop ne réussirent pas à créer un parti ne se réclamant d’aucune de ces idéologies. Au demeurant, le calme était revenu malgré les émeutes de 1963, vite calmées.

Présentement ce qui est le plus remarquable, c’est une régression de la conscience politique de l’intelligentsia sénégalaise.

N’est-ce pas surprenant  que certains intellectuels soient choqués que le chef de l’Etat ait dit avant son élection à la Présidence de la République : « les marabouts sont des citoyens comme tous les autres ». Pourtant, c’est bien ce qui ressort de notre Constitution qui ne prévoit pas l’existence de « sur citoyens » ni de « sous citoyens ».

Autre constatation : certains intellectuels reprochent au Président Macky Sall de n’avoir pas réduit son mandat à 5 ans sans tenir compte de l’avis du Conseil constitutionnel.

D’abord le Président Macky Sall n’a pas un mandat à lui. Il exerce un mandat que son peuple lui a confié pour une durée déterminée et qu’il ne peut abréger de lui-même et s’il pouvait il l’aurait prorogé à sa guise. Qu’aurait crié alors ses adversaires.

Le nombre de partis politique au Sénégal (300) est une preuve de l’indigence politique l’intelligentsia sénégalaise qui  s’attache à des personnes plus qu’à leurs idées.

Et pourquoi reprocherait-on à un citoyen de quitter son parti parce qu’il n’arrive plus à partager les idées de la direction  de son parti et qu’il les trouve dans un autre parti ; ne serait-ce pas là lui reprocher d’exercer sa liberté ? Et pourquoi parle-t-on de transhumance comme si l’on ne cherchait dans un parti que de quoi se remplir la panse, s’empiffrer ?

Le plus grave, c’est quand les citoyens ne font plus confiance à aucune institution de leur pays, de la première à la dernière. Voilà le commencement de l’anarchie et toute anarchie dans un Etat est une antichambre de la dictature qu’elle soit militaire ou autre.

Nous osons espérer que notre peuple se ressaisira, le nombre de partis politiques se réduira considérablement par phagocytose progressive suivant les convictions idéologiques.

Contrairement à ce que disent certains, les idéologies ne meurent pas, elles prennent racine au  tréfonds de l’humain. Ce n’est pas une élaboration intellectuelle.

Mais elles se transforment, régressent ou s’affinent en s’adaptant à l’évolution du monde en constant déploiement tel que nous l’enseignent la science et nos religions.

                                                                          Abdoul Baïla WANE

 

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