Le ministre relativise et donne des assurances

Face à la situation décrite par le président de l’Ums, le ministre de la Justice a voulu relativiser, non sans dérouler les chantiers de l’Etat pour le secteur.
‘’J’ai bien noté tout ce que les magistrats demandent. Il s’agit de deux choses : plus d’indépendance pour la magistrature, de meilleures conditions de vie et de travail’’, a réagi le ministre de la Justice. Toutefois, sur l’indépendance de la justice, le professeur Ismaïla Madior Fall a voulu relativiser en soutenant que ‘’c’est une problématique universelle’’.
‘’Vous allez aux Usa, au Kenya…, l’indépendance de la justice est une question permanente. Il y a toujours le sentiment, pour une partie des citoyens, de considérer que la justice c’est compliqué… qu’elle favorise plus les forts que les faibles. C’est une impression qu’il faut dissiper’’, a-t-il avancé, tout en tentant de disculper l’actuel régime. ‘’Ce discours aurait pu être prononcé en 2008, 88, 72, car aujourd’hui, au Sénégal, la volonté du président de la République est de moderniser la justice. C’est pourquoi il m’a institué de constituer un comité de réflexion’’, a-t-il lancé à l’endroit de Souleymane Téliko.
Selon ses explications, le comité a réfléchi sur l’indépendance de la justice, le statut des magistrats, le Conseil supérieur de la magistrature et a formulé des recommandations qu’il va transmettre au chef de l’Etat. Le ministre a ainsi réaffirmé ‘’solennellement’’ sa ferme volonté de renforcer la transparence dans le fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature.
Pour ce qui est du respect de l’inamovibilité, il s’est engagé à œuvrer à l’élimination progressive des nominations par intérim pour se conformer à la rigueur du principe constitutionnel.
Répondant toujours aux interpellations du président Téliko, le ministre de la Justice a soutenu que le président Sall n’a jamais pris l’engagement de recevoir les membres du comité, mais c’est lui-même qui en a formulé la demande. S’agissant des conditions de travail, le Pr. Fall a fait savoir qu’il y a ‘’une amélioration significative’’. A ce propos, il a annoncé qu’un site de 18 000 ha a été identifié sur la nouvelle ville de Diamniadio et attribué au ministère de la Justice. Il a également indiqué que l’Etat sénégalais a décidé de programmer sur un temps relativement court la réalisation de l’ensemble de la carte judiciaire, dont l’objectif est de rapprocher la justice du justiciable. Dans cette dynamique, il a annoncé l’installation, dans les meilleurs délais, du Tgi de Kédougou et des Tgi de Saraya et de Salémata.
‘’Ceux qui jugent ceux qui jugent seront jugés’’
Par ailleurs, le Garde des Sceaux n’a pas manqué d’exhorter les magistrats ‘’à persister et à signer dans leur attitude réputée de serviteur de la loi et d’aucun autre pouvoir’’. Il a également insisté ‘’sur la nécessité de cultiver le culte du droit, parce que, quoi que le magistrat en général et le juge en particulier fasse, il sera condamné notamment par ceux à qui le verdict ne donne pas satisfaction’’.
Cependant, le ministre considère que la critique doit se faire dans le respect des institutions et de la dignité des femmes et des hommes qui les animent. ‘’J’entends souvent des objecteurs de conscience marteler que ceux qui jugent seront jugés. Je voudrais leur rappeler à eux aussi que ceux qui jugent ceux qui jugent seront jugés’’, a martelé le ministre plongeant l’assistance dans un fou rire.
FATOU SY