Publié le 22 Aug 2017 - 02:42

Désir d’universel

 

Je donne une nouvelle vie à ce petit texte écrit et publié en 2005, reproduit en 2010 dans mon compte Facebook. Contre les communautarismes meurtriers et les discours hystériques. Nous sommes aussi les héritiers lointains et contemporains d’une grande capacité d’universalisme.

L’apôtre Saint Paul, Muhammad Iqbal le Pakistanais, Cheikh H. Kane le Sénégalais ! Le premier visité grâce à ses Epîtres. Le second rencontré grâce au philosophe sénégalais Souleymane B. Diagne dans un magnifique petit livre Islam et société ouverte : la fidélité et le mouvement dans la pensée de Muhammad Iqbal. Le troisième, lu dans le texte précieux qu’est L’Aventure ambiguë.

Pourquoi ces trois noms? Pourquoi ces trois textes-là ? Pourquoi ce croisement-là ? Mais surtout, pourquoi entendre ou réentendre leur Dire ?

 Dans un monde traversé par des convulsions, le repli sur soi, des irrédentismes désastreux, des conflits meurtriers, où l’exaltation des différences sert souvent de paravent pour mieux réprimer les dissonances, ces trois voix indiquent la voie d’un universalisme possible.

 On relève chez Saint Paul, dans l’Epître aux Galates, il y a des siècles, ce propos si insolite à l’époque : 

« Il n’y a ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ».

Et dans l’Epître aux Romains, il déclare :

 « Gloire, honneur et paix pour quiconque fait le bien, pour le Juif premièrement, pour le Grec ! Car il n’y a point d’acception de personne en Dieu ».

 Considéré comme l’inspirateur du Pakistan indépendant, sans pour autant aucune haine à l’égard de l’Inde, Iqbal renonce aux identités fermées pour dire ceci :

 « Il n’y a ni Afghans, ni Turcs, ni fils de Tartarie

Nous sommes tous les fruits d’un même jardin

D’un même tronc

Nous sommes la floraison d’un même printemps ».

 Cheikh H. Kane tient, quant à lui, cet énoncé inouï :

« Chaque heure qui passe apporte un supplément d’ignition au creuset où fusionne le monde. Nous n’avons pas eu le même passé (…), mais nous aurons le même avenir, rigoureusement. L’ère des destinées singulières est révolue. Dans ce sens, la fin du monde est bien arrivée pour chacun de nous, car nul ne peut plus vivre de la seule préservation de soi. Mais, de nos longs mûrissements multiples, il va naître un fils du monde. Le premier fils de la terre. L’unique aussi ».

Et dans une interview accordée à la revue Esprit, Kane ajoute :

« Pourvu que nous gardions nos armes en lieu sûr ».

 Autrement dit, sachons orienter notre pensée et parions sur une action qui ne compromette pas notre désir et notre volonté de « vivre-ensemble ».

Paul, Iqbal et Kane nous mettent ainsi en demeure de conjuguer la montagne et la vallée : il faut absolument traverser les différences sans les nier pour être à même de mettre fin aux différends, du moins pour les tempérer. Ils nous exhortent à semer les nuages d’une pluie apaisante qui détend le monde et le rend un peu moins crispé.

 Disons donc, en toute confiance comme en vérité que le monde, notre monde, doit et peut être un espace où chacun se sent plus heureux et joyeux. Enfin… !

PS : Meurtrière, l’actualité immédiate dans le monde vient rappeler, encore une fois, et tragiquement, que nous n’avons certes pas le même passé, mais que nous vivons le même présent et notre communauté d’avenir est inévitable. Les morts de Ouaga, de Sierra Leone et de Barcelone nous exhortent, rompant avec les vanités, de tisser ici et maintenant, les fils d’une COMMUNAUTE DE DESTIN car « l’ère des destinées singulières est (bien) révolue ».

Par El Hadj Hamidou KASSE

 

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