Publié le 16 Feb 2018 - 17:52
DETOURNEMENT PRESUME A LA JEANNE D’ARC

L’ex-président Momar Ndiaye et le comptable relaxés 

 

Le tribunal correctionnel de Dakar a relaxé hier Momar Ndiaye et Pape Abdou Dieng, respectivement ex-président et comptable de la Jeanne d’Arc. Les deux responsables étaient poursuivis pour abus de confiance au préjudice de la vieille dame. La défense jubile, mais la partie civile non satisfaite a fait appel.

 

Blancs comme neige. Momar Ndiaye et Pape Abdou Dieng le sont, dans l’affaire du détournement présumé au club sportif Jeanne d’Arc. L’ex-président et le comptable ont été relaxés des faits d’abus de confiance et de complicité pour lesquels ils étaient poursuivis. Des faits pour lesquels Momar Ndiaye encourait 3 ans ferme comme auteur principal et Abdou Dieng, 2 ans ferme. Le substitut Aly Ciré Ndiaye avait également requis contre chacun d’eux une amende de 300 000 F CFA ainsi que le mandat de dépôt. Mais dans sa décision rendue hier, la première chambre du tribunal correctionnel de Dakar a estimé que les faits ne sont pas établis contre les deux dirigeants.

Par conséquent, la partie civile qui réclamait des dommages et intérêts estimés à 1,5 milliard F CFA a été déboutée. C’est pourquoi leur avocat Me Khassimou Touré est dans tous états. Il se dit ‘’très déçu de la décision inédite du tribunal’’, qui constitue à ses yeux une seconde mort pour la JA dans la mesure où la décision est rendue le jour commémorant la mort de son président Oumar Seck, décédé le 15 février 2013. Le conseil des supporters de la JA considère que ‘’l’indépendance de la justice doit commencer par rendre des décisions saines et justes qui peuvent réconcilier le peuple avec la justice’’. Aussi, Me Touré renseigne-t-il qu’il a déjà relevé appel. Il reste persuadé que la Cour d’appel va très bientôt ‘’dire le droit de la façon la plus nette, équitable’’.

Très critique vis-à-vis de la décision, la robe noire soutient qu’il ne peut concevoir qu’un individu dilapide plus d’un milliard et puisse s’en tirer à aussi bon compte. Pour lui, ‘’la décision regrettable ne participe pas à une bonne administration de la justice’’. A l’en croire, ‘’les supporters de la JA vont se faire entendre, car ils se sentent floués et abusés’’. Aussi promet-il d’être à leurs côtés pour mener le combat.

La défense jubile

Cependant, du côté de la défense, on jubile. Me Abdou Dialy Kane, un des conseils de Momar Ndiaye, confie qu’ils ne sont pas surpris du jugement. Car, argue-t-il : ‘’depuis le début, nous avons toujours soutenu que la procédure n’est pas fondée, du point de vue des règles qui gouvernent la JA’’. Le conseil rappelle que les instances dirigeantes n’ont jamais porté plainte et ont délivré quitus à Momar Ndiaye. ‘’Par voie de conséquence, dit-il, il s’agissait d’un simple règlement de comptes et la justice en a horreur. Ce n’est pas son rôle.’’

Cette affaire, qui va se prolonger à la Cour d’appel, fait suite à la plainte de Moussa Yoro Camara. Ce dernier accuse les responsables de la JA d’avoir dilapidé l’argent issu de la vente d’un terrain de 20 043 m² situé à Sotrac Mermoz. A l’en croire, c’est Momar Ndiaye lui-même qui le lui avait cédé en juillet 2008. D’après le plaignant, c’est un bureau de 15 membres qui a ordonné la vente du terrain. Or, seule l’assemblée générale est habilitée à prendre une telle décision.

Par conséquent, le mandat donné à Momar Ndiaye n’est pas valable. Pour la transaction, M. Camara a allégué que la société de promotion immobilière Benja Sa a versé à la JA, via le notaire Me Moussa Mbacké, la somme de 1,392 milliard de francs Cfa. Ainsi, Momar Ndiaye, en sa qualité de président de la JA, a reçu, pour le compte du club, la somme de 1,061 milliard de francs Cfa. Un peu plus de 142 millions de francs Cfa ont été versés dans les caisses de l’État, représentant la taxe de la plus-value foncière. Tandis que 80 millions de francs Cfa ont été dépensés pour transformer le bail en titre foncier. Les comptes de la JA étant fermés, toutes les sommes ont été, d’après les plaignants, versées au président d’alors qui a récupéré les chèques avec ses collaborateurs.

Devant les enquêteurs et à la barre du tribunal, les prévenus se sont justifiés par rapport à l’utilisation de l’argent. D’après l’ex-comptable, le club devait beaucoup d’argent à Momar Ndiaye qui, a-t-il argué, en a profité pour se faire rembourser. D’autre part, M. Dieng a indiqué que l’argent a aussi servi à payer les salaires des joueurs, de l’encadrement technique et du personnel administratif du club. Ayant retiré 20 millions et 13 millions de francs Cfa du prix de vente du terrain, le prévenu a déclaré avoir agi sur ordre du président, seul ordonnateur des dépenses. Quant à Momar Ndiaye, il a soutenu avoir dépensé l’argent pour les besoins du club, de 2005 à 2008.

FATOU SY

Section: