Publié le 6 Feb 2020 - 20:22
DISPOSITIF POUR LES URGENCES SANITAIRES

L’assurance tout risque des médecins

 

Le Sénégal dispose des capacités pour faire face à toute situation sanitaire. Les assurances viennent des médecins qui ont étalé, hier, lors d’un point de presse organisé par le ministère de la Santé, le dispositif sécuritaire et sanitaire pour rassurer la population.

 

Depuis l’apparition du coronavirus en République populaire de Chine, plus particulièrement dans la province de Wuhan, la peur ne cesse de s’installer au sein de la population. Beaucoup de Sénégalais doutent de la capacité de riposte du système sanitaire. Ce, surtout avec la déclaration du président Macky Sall, lundi dernier, selon laquelle le Sénégal n’a pas les moyens de faire rapatrier ses ressortissants établis à Wuhan, faute de logistique adéquate.

Mais le discours des acteurs médicaux est tout autre. Lors d’un point de presse organisé hier, par le ministère de la Santé et de l’Action sociale, ils ont assuré que le pays a les capacités de riposter, en cas de présence de la maladie au Sénégal.

Selon le directeur du Centre des opérations d’urgence sanitaire (Cous), Docteur Abdoulaye Bousso, le staff du Cous est requis pour aller appuyer des pays dans la gestion de leurs urgences de santé publique. C’est un centre activé par le ministère, donc, c’est celui-ci qui va décider quand le Cous va entrer en jeu. ‘’Nous avons déjà l’expérience avec Ebola qui était une urgence beaucoup plus grave que ce virus que nous avons aujourd’hui. Nous avons entièrement les capacités de pouvoir le manager. C’est une chose que je peux dire et rassurer. Nous n’avons pas peur, comme je le disais avec Ebola, d’avoir des cas, parce que les capacités sont là. Il y a une expérience que nous avons acquise pendant la crise Ebola. Nous pouvons la mettre en œuvre avec le coronavirus’’, précise Dr Bousso.

Pour l’urgentiste, le Sénégal dispose, dans le pays, de l’ensemble des équipements de protection. D’ailleurs, informe-t-il, ils ont déjà commencé à mettre à disposition des équipements de protection pour le personnel, au cas où on aurait des cas suspects ou confirmés d’infection liée au coronavirus. ‘’Nous en avons assez dans nos stocks pour pouvoir équiper l’ensemble des structures sanitaires pour la prise en charge’’, rassure-t-il.

Le Cous est une structure chargée de coordonner les urgences de santé publique et les catastrophes. Ce sont des structures mises en place dans les pays, sur recommandation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le Sénégal a mis en place sa structure depuis le 1er décembre 2014. C’est un service qui, aujourd’hui, a un personnel qui a été formé aux normes de gestion des urgences avec l’appui de l’OMS et du gouvernement américain.

‘’Nous avons entièrement les capacités de pouvoir le manager’’

Dans la même veine, le chef du Service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Fann, Professeur Moussa Seydi, soutient qu’ils ont la logistique, les équipements et les consommables qui leur ont été donnés, en partie, par le Cous. L’autre partie a été assurée par le directeur de l’hôpital Fann et le ministère de la Santé. ‘’Nous avons ce qu’il faut pour prendre en charge les premiers cas. Mais s’il y a beaucoup de cas, on va toujours les solliciter pour obtenir le matériel nécessaire. Du point de vue du personnel, il est bien formé. Parce que nous avons eu à prendre en charge un cas confirmé et beaucoup de cas suspects. Nous avons une expérience au Sénégal, mais aussi une expérience internationale dans des terrains où il y avait beaucoup plus de cas’’, fait-il savoir.

Selon lui, des procédures sont en place. Parce que, sans cela, il y a des risques que la contamination se fasse à l’intérieur de la structure et cela va causer une source de discrimination dans la ville. ‘’Il n’y a pas quelque chose d’inquiétant pour nous, parce que Ebola est beaucoup plus grave. La létalité avec Ebola, c’est au minimum 50 % et 1 malade sur 2 meurt. Avec les chiffres que nous avons pour le nouveau coronavirus, la létalité est de 2 %. Ce n’est pas du tout pareil. On est prêt’’, rassure le Pr. Seydi.  Néanmoins, il précise que, s’il y a des milliers de cas, le service ne va pas gérer seul. Il va falloir l’étendre. ‘’On a un espace derrière le Centre de fièvre hémorragique virale. L’armée dit qu’elle est capable, en 24 heures, d’installer une structure qui pourra permettre de prendre en charge un nombre élevé de malades’’, informe l’infectiologue.

Dans la même veine, le directeur du Samu national, Docteur Mamadou Bèye, informe que le service qu’il dirige a une équipe mobile de réanimation qui sera mobilisée pour prendre en charge, dans les domiciles et dans les périphéries, tous les cas graves. ‘’Il faut qu’on ait une posture pour la prise en charge des cas graves. En dehors de ses activités, le Samu a une antenne permanente au niveau de l’aéroport, qui fonctionne 24h/24, en collaboration avec le service médical de nos frontières. Cette antenne sera mobilisée pour l’investigation des cas suspects, mais également, pour la prise en charge éventuelle de ces cas et de leur isolement’’, souligne Dr Bèye.

‘’Ebola est beaucoup plus grave’’

Pour le ministre de la Santé et de l’Action Sociale Abdoulaye Diouf Sarr, l’ensemble des intervenants ont démontré de façon claire que le Sénégal dispose des capacités pour faire face à toute situation médicale, comme ce fut le cas avec l’épidémie à virus Ebola. Mais, dit-il, nous devons rester toujours vigilant pour parer à toute éventualité. ‘’Le dispositif existant est rassurant et a déjà fait preuve de son efficacité. J’aimerais demander à tous les acteurs de ne ménager aucun effort par rapport à la vigilance exigée. La vigilance doit être de rigueur’’, prévient Diouf Sarr.

Pour sa part, le directeur général de la Santé, Marie Khémesse Ngom Ndiaye, a fait le point sur l’évolution de la maladie. ‘’Au niveau mondial, il y a 20 630 cas confirmés dont 3 241 nouveaux. S’agissant de la Chine, à Wuhan, il y a 20 471 cas confirmés dont 3 235 nouveaux, 425 décès avec 64 nouveaux décès. Hors de la Chine, il y a 159 cas confirmés avec 6 nouveaux, 1 décès et 23 pays touchés’’.

ABDOULAYE DIOUF SARR SUR LES PROPOS DE MACKY SALL

‘’On a donné un autre sens à la déclaration du président‘’

Le ministre de la Santé et de l’Action sociale a profité du point de presse organisé, hier, par son département, pour conforter les propos du président Macky Sall. A en croire Abdoulaye Diouf Sarr, il y a eu beaucoup de manipulations, ces derniers jours. ‘’On a même eu à galvauder la déclaration du chef de l’Etat, en lui donnant un autre sens. Il est tout à fait clair que le dispositif logistique, au sens sécurité sanitaire, le Sénégal ne dispose pas de cela pour descendre à Wuhan. Il faut le reconnaitre et le dire’’, soutient-il.  

Selon lui, il ne faut pas, à partir de là, galvauder les propos du chef de l’Etat qui, depuis le début, manifeste une attention particulière aux étudiants sénégalais résidant à Wuhan. Il a donné toutes les instructions pour que nos compatriotes soient assistés au jour le jour. Non seulement, dit-il, par notre représentation diplomatique, mais aussi par notre partenaire qui est l’Etat chinois. Aux familles des étudiants vivants à Wuhan, il rassure que le chef de l’Etat et le gouvernement sont à leur côté pour suivre, au jour le jour, leur situation

Le secrétaire d’Etat chargé des Sénégalais de l’extérieur, Moise Sarr, précise, quant à lui, que les étudiants ne font l'objet d'aucun traitement discriminatoire. Bien au contraire, ils font l’objet d’un suivi médical tous les jours par les responsables universitaires pour vérifier leur température corporelle et mettre à leur disposition des produits d’hygiène leur permettant d’observer au maximum les consignes.

‘’Nous recevons quotidiennement des rapports circonstanciés de notre ambassade à Beijing. Il faut signaler que certains font preuve de sérénité. Par contre, d'autres sont en situation de nervosité, du fait de l'isolement et du stress. La cellule psychologique du ministère va entrer en contact directement avec les étudiants pour leur apporter un soutien psychologique’’, dit-il.  

Avant-hier soir, il a rencontré les parents des étudiants pour leur expliquer la situation. Selon lui, les autorités sénégalaises travaillent en permanence avec les autorités chinoises pour voir, et de manière convenable, comment mieux assister, accompagner et soutenir ces compatriotes. ‘’Cette exigence de vérité nous a poussé à leur dire que nous souhaitons mettre un cadre avec les familles et leur permettre de disposer d’une information juste et vraie. Le président a décidé de les appuyer individuellement à hauteur de 1 000 dollars pour leur permettre de faire face au renchérissement des produits de denrées de première nécessité’’.

VIVIANE DIATTA

 

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