Guérisseuse des maux de la société
Âgée de moins de 30 ans, belle, humble et charismatique, Denise Marie-Joe Ndiaye est, en bonne chrétienne, très engagée sur le plan social. Ses appels trouvent toujours un écho au sein de la communauté sénégalaise. Avec une bonne présence sur les réseaux sociaux, elle collecte des fonds pour aider les personnes dans le besoin, sans aucune distinction. Grâce à ses actes de charité, la soutenance de sa thèse de doctorat a fait salle comble, à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Denise Marie-Joe Ndiaye fait partie de la 1re promotion de l’école Mère Jean Louis Dieng où elle a obtenu son CFEE et son ticket d’entrée en 6e, après avoir fait un passage au jardin d’enfants Saint-Cœur de Marie. Ensuite, elle est passée par l’Immaculée Conception jusqu’en classe de 3e. Avant de poursuivre ses études secondaires au collège Sacré-Cœur. Le Bac en poche, elle s’est battue corps et âme pour réaliser son rêve d’enfant : devenir médecin.
‘’On voulait que je fasse la série G ; j’ai dit : non, médecine’’, dit-elle. Désormais, il faut l’appeler Dr Ndiaye. ‘’Tout est grâce’’, aime-t-elle répéter. Elle a obtenu ce grade, mercredi dernier, jour de la soutenance de sa thèse. Un hommage à son défunt père, trois mois après sa disparition. ‘’J’ai perdu mon père le 30 mars 2021.
‘’Ce n’était pas évident, car il m’aidait beaucoup dans la préparation, étant professeur en pharmacie. À son décès, c’était dur. Ouvrir mon ordinateur me faisait penser à lui’’, confie-t-elle à ‘’EnQuête’’. Le président du jury de la soutenance, le Pr. Ousmane Ndiaye, était le pédiatre qui a examiné Denise Marie-Joe Ndiaye à ses 8 jours de vie. Son encadreur, le Pr. Gabriel Ngom, est celui qui sépare les siamois au Sénégal. Il lui a proposé, durant son stage rural, le sujet. On pourrait dire que le hasard fait bien les choses, même si la pression était forcément palpable face à deux professeurs qui ont marqué sa vie. Mais Denise Marie-Joe Ndiaye s’en est sortie haut la main.
La thèse de doctorat
‘’Bilan des activités du service d’accueil des urgences du centre de santé (SAU) de Bambey, de la période du 25 décembre au 25 mars 2021’’. Tel est le thème étudié par Mme Ndiaye. Elle a fait une étude prospective de type descriptif. Les paramètres étudiés étaient des aspects épidémiologiques, diagnostiques, thérapeutiques et évolutifs chez 1 818 patients. L’étude indique que les pathologies infectieuses étaient plus fréquemment diagnostiquées (30,13 %), suivies des traumatismes (14,73 %) et de l’hypertension artérielle (9,17 %).
Ainsi, dans la conclusion de son étude, Denise Marie-Joe Ndiaye relève que les patients reçus au SAU de Bambey sont essentiellement des jeunes présentant une pathologie infectieuse, un traumatisme et une hypertension artérielle.
Listant des recommandations adressées aux autorités politiques et hospitalières, celle qui faut désormais appeler Dr Ndiaye a dit qu’’’il y a énormément de choses à améliorer telles que la dotation du SAU du centre de santé de matériel de réanimation’’. Et elle souligne que le personnel du centre de santé est ‘’très bien formé et abat un travail remarquable au quotidien’’. Elle témoigne que ‘’les médecins qui exercent en région ont été félicités, car on se rend compte que ce n’est pas évident, mais ils se donnent les moyens physiques de soigner la population’’.
‘’A cœurs ouverts avec Marie-Joe’’, ‘’Enfants de Marie & Joseph’’…
Il faut surtout souligner que lorsqu’elle soutenait sa thèse de doctorat, elle ignorait qu’elle allait le faire ‘’à guichets fermés’’. Beaucoup n’ont pu accéder à l’amphithéâtre de la faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie, pour apporter leur soutien et encouragement à la brillante jeune dame. Parents, amis, inconnus et même autorités ont permis de faire salle comble. Parmi ces derniers, il y avait le député Toussaint Manga, le député-maire Jean-Baptiste Diouf, le Doyen de la faculté des Sciences et technique (FST) de l’Ucad, Joseph Sarr, le procureur Cheikh Bamba Niang, le directeur des Enquêtes douanières Malick Mbaye.
Et si autant de personnalités ont tenu à se déplacer pour assister à sa soutenance et lui donner cadeaux ou enveloppes et bénédictions, ce n’est pas grâce à son sujet, aussi pertinent, soit-il. C’est plutôt grâce à sa sociabilité. C’est elle qui est à l’origine de la création, le 17 avril 2020, de la plateforme ‘’A cœurs ouverts avec Marie-Joe’’.
Charmante jeune femme tenant des œillets avec deux mains de lunettes, teint noir, Denise Marie-Joe Ndiaye a gagné l’affection d’un nombre important de personnes, à travers les réseaux sociaux, grâce à son charisme, sa chaleur et son intégrité. Intelligente, elle ne prend quand même pas trop la vie au sérieux. Elle a le contact facile. Elle est amusante et agréable.
Sollicitée de partout, elle mobilise, à cet effet, des fonds pour venir en aide à des personnes nécessiteuses. Elle a pourtant moins de 30 ans. ‘’Tant que je peux aider, c’est avec plaisir’’, sourit-elle. Elle offre une sépulture à des étrangers décédés au Sénégal, sans famille. C’est d’ailleurs ce qu’elle a fait, lorsqu'elle a eu un écho du cas d’un détenu nigérian mort dans sa cellule, resté près de trois ans sans sépulture au centre hospitalier national Aristide Le Dantec. ‘’Il avait été blanchi après son décès. Mais malheureusement, sa famille ne pouvait réceptionner son corps. Nous avons cotisé pour lui offrir une sépulture. Le même cas s’est présenté pour une Hollandaise décédée à Dakar et dont l’époux était démuni’’, explique Mme Ndiaye.
En juin dernier, la Maison d’arrêt et de correction de Rebeuss a, elle aussi, bénéficié des fonds collectés par Marie-Joe. Au début de la pandémie de la Covid-19, cinq familles, un presbytère, des triplets (à Tataguine), des pouponnières (à Nianing), etc., ont profité, à leur tour, de son aide. A travers sa plateforme, elle a aussi apporté son soutien aux expulsés de Ouakam qui logent au centre Liberté 4, ainsi qu’aux femmes qui dorment dans la rue. Docteur Ndiaye est aussi motivatrice. Elle aide aussi les gens à avoir la meilleure version d’eux-mêmes et à aller à la rencontre de l’autre.
En outre, Denise Marie-Joe Ndiaye a, auparavant, mis sur pied les ‘’Enfants de Marie & Joseph’’, un groupe de prière au service de l'évangélisation et du social, qui organise les journées de l’entrepreneur et des veillées de prières, etc. Cela a permis la rénovation d’églises. ‘’On n’a pas de caisse ; tout se fait par collectes. Les donateurs font le suivi de l’évaluation via les réseaux et reçoivent, après dotation, les images et les factures’’, précise la doctoresse en médecine. La jeune Marie-Joe et son équipe sont notamment appuyées par une marque d’eau minérale. Ils ont également eu l’appui d’une marque de montre Made in Sénégal.
Elle a plusieurs flèches à son arc. Elle est également animatrice à la radio ‘’Espérance FM. Elle explique comment c’est arrivé. ‘’J’étais invitée à l’émission, dans la préparation d’une activité avec les ‘’Enfants de Marie & Joseph’’. L’animatrice, Armande Lô, m’a demandé de la seconder et après, m’a confié son bébé depuis 2017’’, relate notre interlocutrice.
Pourtant plus jeune, Denise Marie-Joe Ndiaye était comme presque tous les jeunes de son âge. C’était les boîtes, les sorties. ‘’J’ai une maman qui prie beaucoup. À chaque fois que je revenais des soirées, je la trouvais avec son chapelet’’. Puis, un jour, le déclic s’est produit. ‘’C’est au travers d’une situation très difficile. Je ne trouvais que la prière pour m’apaiser. Je ne faisais rien d’autre pour me calmer et j’y ai pris goût’’, confie Dr Denise Marie-Joe Ndiaye.
BABACAR SY SEYE