Dr Fallou Samb

La circulaire récemment prise par le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, sur la prise en charge des urgences dans les structures sanitaires publiques, continue de soulever des vagues. Elle provoque même l’ire du personnel médical, parmi lesquels le Dr Fallou Samb. Membre du Conseil de l’Ordre national des médecins du Sénégal (ONMS), ce dernier s’est fendu hier d’un communiqué pour fustiger la démarche de la tutelle. Dans la note transmise à ‘’EnQuête’’, le toubib estime qu’Abdoulaye Diouf Sarr s’est tout simplement fourvoyé dans sa démarche.
‘’Le problème, ce n’est pas la circulaire qui, du reste, rappelle une partie du protocole de prise en charge d'une urgence (la traçabilité). Ce qui est inquiétant, c'est de voir un ministre intervenir à un niveau opérationnel aussi bas, car une note de rappel interne du directeur général de la Santé aux administrateurs hospitaliers aurait suffi’’, fulmine-t-il.
...Le Dr Fallou Samb attendait ainsi de la part du ministre de la Santé la proposition d'un plan stratégique de gestion des urgences au Sénégal qui impliquerait toutes les forces vives. Soulignant que la gestion d'une urgence ne commence pas à la porte de l'hôpital et toutes les urgences militaires, civiles, domestiques, environnementales qui nécessitent inéluctablement une gestion médicale, il relève que cette circulaire entretient aussi une confusion très grave. ‘’Ils confondent le ministère de la Santé publique et le secteur public de la santé. Le secteur privé de la santé n'est associé à rien, ni aux programmes ni à l'élaboration des politiques de santé.
Le secteur privé de la médecine a réussi là où le public a lamentablement échoué’’, déclare-t-il. Non sans persifler que le ministre Abdoulaye Diouf Sarr oublie que les cliniques privées travaillent sous DSP (délégation de service public) et peuvent être d'un apport consistant dans la gestion des urgences qui fait partie d'ailleurs de leur quotidien. ‘’Un plan stratégique de gestion des urgences au niveau départemental pouvait impliquer à tour de garde les cliniques avec des stratégies de compensation financière. L'essentiel est de mettre au centre du dispositif la patientèle et de créer les conditions d'une sécurité sanitaire sans faille’’, indique-t-il, tout en rappelant que l'exercice de la médecine est une obligation de moyens, un art pratique et non de la philosophie, encore moins des vœux pieux.