Des dizaines de pro-Morsi tués par des tirs de l'armée

De nouvelles tensions ont éclaté au Caire, lundi 8 juillet, faisant craindre une aggravation de la situation, cinq jours après le coup militaire qui a conduit à la chute de Mohamed Morsi. Selon un responsable du ministère de la santé égyptien, au moins quarante personnes sont mortes et 322 blessées au cours de tirs de l'armée contre une manifestation de partisans des Frères musulmans.
Plusieurs centaines de partisans du président déchu Mohamed Morsi s'étaient réunis lundi à l'aube devant le siège de la Garde républicaine au Caire. L'armée a expliqué qu'un "groupe terroriste" avait tenté de donner l'assaut sur le bâtiment, justifiant ses tirs sur la foule. Sans nier l'attaque, Safouat Hegazi, célèbre prêcheur salafiste et leader des Frères musulmans a admis que ce rassemblement avait pour but de "libérer M. Morsi".
A la suite de cet affrontement, le Parti de la justice et de la liberté (PLJ), vitrine politique des Frères musulmans, "presse la communauté internationale, les groupes internationaux et tous les hommes libres du monde d'intervenir pour empêcher d'autres massacres [et] l'apparition d'une nouvelle Syrie dans le monde arabe".
Lors d'une conférence de presse tenue lundi en fin de matinée, les Frères musulmans ont réitéré leur appel à se soulever contre l'armée, "ceux qui sont en train d'essayer de lui voler sa révolution avec des chars". "Ce jour ne peut pas être effacé. Il restera comme une tache indélébile sur les militaires qui ont ouvert le feu contre des citoyens égyptiens", a tonné un porte-parole des Frères musulmans. Mohamed Badie, chef de file de la confrérie, a également insisté sur le fait que le chef d'état-major Abdel Fattah Al-Sissi voulait faire de l'Egypte la nouvelle Syrie du monde arabe.
"Nous hurlions 'paix ! paix !'"
Alors que le ministère de la santé évoquait lundi au moins 40 morts, pour les Frères musulmans, ce sont trente-cinq de leurs partisans qui ont été tués pendant la dispersion par l'armée d'un sit-in de soutien au président déchu devant le bâtiment de la garde républicaine. De son côté, l'armée n'évoque qu'un officier tué et quarante personnes blessées lors d'affrontements.
Le correspondant du quotidien britannique The Guardian en Egypte, Patrick Kingsley, rapporte sur Twitter des témoignages de victimes des tirs de l'armée. Selon les personnes qu'il a interviewées, l'attaque de l'armée a commencé alors que la manifestation des frères musulmans arrivait à son terme. Selon certains d'entre eux, ils ont été attaqués sur les deux flancs.
L'un des manifestants blessés raconte : "Nous hurlions 'Paix ! Paix !', mais la fusillade a continué malgré tout".
LEMONDE.FR