Publié le 21 Oct 2017 - 15:39
ENIEME EXPROPRIATION FONCIERE A BARGNY

Le port minéralier dépossède des centaines de cultivateurs  

 

L’angoisse et la tristesse se lisaient sur les visages des centaines de personnes, majoritairement composées de femmes intervenant dans la culture du gombo à Bargny. Une zone comprise entre Bargny, Sendou et Minam où se trouvent de petites exploitations familiales. Cette bande de culture de 600 hectares va, sous peu, disparaitre, du fait de l’érection du port minéralier et vraquier de Sendou.

Cette perspective a motivé, hier, un vaste rassemblement sur le site, afin de protester contre une injustice venant de l’Etat. Issa Guèye, coordonnateur du collectif de défense des terres de Bargny, révèle que c’est la énième fois que ses concitoyens subissent un tel sort. ‘’Bargny est persécutée, il ne reste plus rien. Les 3/4 du foncier sont pris. Bargny souffre avec l’érosion côtière, Bargny souffre avec l’érection de la centrale à charbon, Bargny souffre avec le pôle urbain de Diamniadio qui a pris toutes nos terres. Aujourd’hui, cette portion de terres qui nous restait est déjà entre les mains de l’Etat qui veut en faire un port minéralier et vraquier’’, tonne-t-il.

Le porte-parole des cultivateurs de Bargny jure, la main sur le cœur, que sa ville est menacée de disparition. ‘’Avec son installation, Bargny va disparaître. Nous sommes déterminés à poursuivre nos activités dans cette zone, au prix de nos vies’’, avertit-il. Après avoir fait savoir que c’est l’angoisse la plus lourde chez les Bargnois.

En effet, renseigne-t-il, ‘’les populations se sont réveillées dans l’horreur et terrifiées devant la décision de l’Etat, avec ses engins, de prendre les terres qui nous restaient. Elles se sont réveillées avant-hier et ont vu les bulldozers entrer dans les champs pour commencer le terrassement, alors que les récoltes viennent à peine de démarrer’’.

Pis, prévient Issa Guèye, il n’y a jamais eu d’études d’impacts environnementaux. ‘’Il n’y a pas encore d’études d’impacts environnementaux et sociaux. Ce qui est un préalable pour tout projet devant être érigé. Nous n’avions jamais été conviés à une concertation, à part la venue du maire qui, comme tout le monde le sait, est dépassé et ne peut agir, face à cette décision de l’Etat’’, se plaint-il.

Rokhaya Kébé fait partie de ces centaines de femmes intervenant dans la culture du gombo dans cette zone menacée d’absorption par le port minéralier et vraquier. Selon elle, ce sont des millions de francs d’investissement qui risquent d’être perdus. ‘’Nous avons investi de l’argent, grâce à des prêts au niveau des banques. Nous avons endossé des crédits pour cultiver le gombo. Mais nous risquons de tout perdre’’, se désole-t-elle tout en faisant savoir que ce sont plus de mille femmes qui interviennent dans la zone.

PAPE MOUSSA GUEYE

 

Section: