Publié le 10 Nov 2012 - 23:45
HOMMAGE A IBU

L’ami, le compagnon, le collège, camarade...

Ibou Faal, sur la Photo debout en face de Buuba

 

 

L’ami, le compagnon, le collège, camarade et conseiller est parti le 11 Octobre 2012 très tôt dans la matinée sur l’Autre Rive, non sans avoir échangé directement et in extrémis avec Awa sa confidente de plus de 4 décennies.

 

Le destin a voulu qu’Awa l’épouse et Buuba l’ami se retrouvent à l’aéroport de Dakar-Yoff le soir du 10 octobre revenant tous les deux de voyage, l’un de l’Ouest et l’autre de l’Est pour reparler de l’état de la santé de Ibu qui tout près, à Ouakam, dans son lieu d’hospitalisation, tenait à les entendre et leur transmettre un message : celui de la vie qui doit continuer, de la lutte politique, sociale, économique et culturelle qui doit continuer, celui de l’éducation qui prépare à la vie, tout au long de la vie et qui se nourrit du souffle de ceux et de celles qui sont déjà sur l’Autre Rive. Tu peux être sûr que ta femme, tes enfants et tes amis veilleront à fructifier le legs.

 

Ibu a été de tous les combats pour les libertés démocratiques depuis les années 60, il a contribué à la reconstruction du mouvement syndical enseignant à travers le SUDES (Syndicat Unique et Démocratique des Enseignants), l’UDEN (Union Démocratique des Enseignants), la FEDER (Fédération de l’Education et de la Recherche). Son militantisme dans la nouvelle gauche anti impérialiste et anti hégémoniste est connu ; il y a apporté la contribution d’un détenteur de savoirs alliant abnégation humaniste, foi communautaire et rigueur scientifique du professeur de mathématiques.

Sections et/ou cellules locales ou régionales dans le SUDES, Le CONGAD (Conseil des ONG d’Appui au Développement), les conseils ouvriers, que ce fut à Sédhiou ou à Dakar, ont bénéficié de l’expérience et de l’expertise de ce digne fils de Ker Mor Ndiaye, dans la région de Thiès, où il a été inhumé, ce digne fils de Thiaroye et de Grand-Dakar. Il a été un nomade infatigable, un sédentaire saisonnier, conjoncturel qui n’hésitait pas à émigrer chaque fois que les prairies fleuries avaient été brûlées par des pyromanes sans état d’âme.

 

Ibu fait partie des membres fondateurs d’ANAFA (Association nationale pour l’alphabétisation et l’éducation des adultes). Sa participation aux grandes campagnes pour l’Education l’ont conduit un peu partout en Afrique dans le reste du monde. Sa figure frêle, sa voix étouffée sont connues des amis en Afrique de l’Ouest, de l’Est, du Centre, du Sud et du Nord à travers les activités de la PAALAE (Pan Africaine pour l’Alphabétisation et l’Education des Adultes), celles de la Plateforme africaine pour l’éducation des adultes (avec Ancefa, Pamoja et Femnet), celles du Conseil international d’éducation des adultes (ICAE).

 

Il s’est investi de toutes ses forces pour coordonner la participation africaine à la VIe CONFINTEA (Conférence internationale pour l’éducation des adultes) à Belém au Brésil en 2009, aux Assemblées Générales de ICAE en Jamaïque il y a 10 ans et en Suède tout récemment en 2011, et aussi à différentes éditions du Forum social sénégalais, ouest africain, africain ou mondial. Les membres du comité d’organisation du Forum social mondial à Dakar en 2011 et beaucoup de participants ont magnifié la part active qu’il a jouée dans la conduite de l’expérience de Dakar Etendu qui a permis à des milliers d’acteurs et d’activistes à travers le monde de participer à l’événement grâce aux vertus des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication).

 

Massification et formation des organisations populaires, supervision et contrôle des processus électoraux au Sénégal ont été aussi des exercices qu’il a pratiqués. Peuvent en témoigner les militants d’AJ/MRND (And-Jef/Mouvement Révolutionnaire pour la Démocratie Nouvelle) autrefois et naguère, ceux de Taxaw Temm pour le rassemblement des patriotiques, la revitalisation des valeurs, la culture de l’Etat de droit, le développement harmonieux et intégré du Sénégal.

 

Ibu était au four et au moulin, conduisant et facilitant opérations techniques et financières, médiation et rupture si nécessaire. Dans toutes les équipes où il a été, il a pu selon les circonstances, assumer avec bonheur et un sourire taquin, son rôle dans la défense, l’attaque ou le milieu du terrain.

 

Régularité, constance et esprit de partage et de sacrifice ont caractérisé Ibu, Baay Pexe (l’homme qui trouve des voies de solutions) comme l’appelait feu Ndongo Diagne, un autre digne fils de l’Afrique. Il était convaincu que pour gagner le combat permanent pour la liberté, la démocratie et le développement, il faut avancer dans l’animation et la consolidation des anneaux solidaires (le local, le national, le sous régional, le régional, l’international)

 

Cher Ibu, tu avais été désigné récemment pour représenter la PAALAE et la Plate Forme Africaine pour l’Education des Adultes à la rencontre de suivi de Confintéa VI (à Johannesburg du16 au 19 Octobre 2012) Belém mais tu n’as pas pu saluer pour la dernière fois les collègues qui ont été avec toi à Belém. Tu as assumé à la fois les fonctions de Secrétaire de la PAALAE, de la Plate Forme Africaine pour l’Education des Adultes, tu as été facilitateur du processus d’IEPALA (Institut Espagnol pour l’Afrique et l’Amérique Latine).

 

Tu peux maintenant prendre un grand repos vieux frère ; le relais est transmis pour la course vers des sentiers plus dégagés, plus larges, plus équitables et solidaires du savoir, savoir-faire, savoir-être et savoir-vivre-ensemble.

 

BABACAR DIOP BUUBA

Président de la PAALAE.

 

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