Publié le 17 Mar 2014 - 21:42
IBA SARR, CHARGE DES PROGRAMMES A LA RADDHO

‘’Débarrasser le continent des structures de gouvernance faibles et inefficaces…’’ 

 

Le Parlement africain fête ses 10 ans ce 18 mars 2014. Une occasion saisie par le chargé des programmes à la RADDHO pour jeter un regard sur cette institution qui peine toujours à prendre son envol. Iba Sarr estime que le Parlement panafricain devrait débarrasser le continent des structures de gouvernance inefficaces et faibles.  

 

Vous êtes en Afrique du Sud dans le cadre de la célébration du 10e anniversaire du Parlement panafricain. En tant que défenseur des droits de l’Homme, membre de la société civile, comment jugez-vous l’évolution de ce Parlement ?

Il faut noter qu’au cours de son premier mandat, le Parlement panafricain ne devait exercer que des pouvoirs consultatifs. Suite à une décision de la Conférence des chefs d’État et de Gouvernement demandant à la Commission de l’UA d’initier la réforme du Protocole instituant le PAP, un processus de transformation de la Cour a débuté.

Ce projet d’amendement a été approuvé en mai 2012, par une réunion des ministres de la Justice. Le Conseil exécutif l'a également approuvé, mais avec des réserves relativement aux articles 8 (1) (a) et 8 (2) portant tous les deux sur les pouvoirs législatifs, consultatifs et de contrôle du Parlement.

Par rapport à ce blocage, le PAP a entrepris des missions de sensibilisation dans certains pays afin d’expliquer aux parties prenantes la nécessité de l’amendement du protocole, les limites des pouvoirs du Parlement, mais aussi d’apaiser leurs peurs et préoccupations par rapport au projet d’amendement, car, en réalité, le protocole ne donne au PAP que des fonctions législatives et non des pouvoirs législatifs, comme compris dans le sens des pouvoirs des Parlements nationaux.

Existe-t-il d’autres manquements pour que le Parlement africain joue pleinement son rôle de vrai Parlement ?

Oui parce que les conditions actuelles de fonctionnement du Parlement africain posent problème. C’est la Conférence qui détermine les sujets, les domaines dans lesquels le PAP peut légiférer ou proposer des projets de lois types et ces projets de lois peuvent être soumis à la Conférence pour examen et approbation. Cela signifie que le PAP ne peut même pas s’engager dans un processus législatif, sans l'approbation de la Conférence.

Dès lors, quels sont, selon vous, les défis à relever pour que l’Afrique dispose d’un Parlement digne du nom ?

La devise du Parlement panafricain est : ''Une Afrique, une voix''. Celle-ci devrait refléter la volonté de la majorité du peuple africain, car, à notre avis, la vision des leaders africains lors de l'établissement d'un Parlement continental, comme elle est expliquée dans le protocole de sa fondation, était de fournir une plateforme commune pour les populations africaines et leurs organisations de base, afin qu'elles puissent prendre part aux discussions et à la prise de décisions sur les défis que le continent doit relever.

Les principes de base de la démocratie et de la bonne gouvernance que les populations africaines s'efforcent d'associer intégralement à leurs activités quotidiennes nécessitent que le PAP élabore un agenda qui rendra son travail visible au public, puisqu'il n'a aucun projet de loi dont il doit débattre. En tant que porte-parole des peuples, le PAP doit s'exprimer haut et fort pour la protection des droits humains dont de nombreux peuples ont été privés, souvent, en raison de la faiblesse de leurs propres gouvernements.

Le PAP doit aussi intégrer la voix de la société civile, du secteur privé et des partis politiques dont la contribution est essentielle, dans le cadre de l'effort collectif pour unir les nations africaines. Cependant, dans de nombreux pays, les principes de base de la démocratie, comme le respect de l’État de droit, la liberté d'expression, la liberté d'organiser des scrutins équitables, secrets et supervisés par des autorités indépendantes, ne sont pas appliqués.

Plusieurs membres des communautés pauvres d'Afrique ne sont pas conscients ou sont très mal informés sur leurs droits démocratiques, tandis que l'éducation des électeurs est presque inexistante.Le PAP devrait s'efforcer à débarrasser le continent des structures de gouvernance faibles, inefficaces, bureaucratiques et corrompues qui minent le potentiel de développement et plongent souvent les pays africains dans des conflits sanglants.

C'est le défi que les membres de la plus haute instance parlementaire africaine peuvent entreprendre de relever sans solliciter l'avis d'experts étrangers. Sur cette lancée, l'ensemble du continent africain, qui cherche à se libérer du cercle vicieux de la pauvreté, des conflits et de la marginalisation économique, ne peut imaginer être laissé en rade. Bref, il faut que le PAP se rapproche des populations africaines.

Par Amadou NDIAYE

 

 

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