Publié le 19 Jan 2023 - 19:24
INSTRUCTION DE L’AFFAIRE SWEET BEAUTÉ

Maham Diallo envoie Ousmane Sonko en procès 

 

Le juge d’instruction chargé de l’affaire Adji Sarr vs Ousmane Sonko a signé la mise en accusation du leader de Pastef et de Ndèye Khady Ndiaye, propriétaire de l’institut Sweet Beauté, devant les chambres criminelles.

 

L’affaire Sweet Beauté va se prolonger devant le tribunal de grande instance de Dakar. L’ordonnance de renvoi et de mise en accusation devant les chambres criminelles a été rendue, le mardi 17 janvier 2023, par le doyen des juges. Ainsi, Ousmane Sonko a été inculpé par Maham Diallo de ‘’viols et menaces de mort’’, de même que Ndèye Khady Ndiaye, propriétaire de l'institut de beauté où les faits se seraient déroulés. Une procédure notifiée à leurs avocats hier et à ceux de la partie civile. Le juge d’instruction a suivi le réquisitoire du parquet qui demandait au magistrat d’aller en ce sens. Au même moment, les avocats de la défense plaidaient pour un non-lieu.

Une nouvelle étape va bientôt démarrer dans ce feuilleton judiciaire qui tient en haleine le Sénégal depuis bientôt deux ans.

La décision du doyen des juges était très attendue, depuis la fin des auditions menées dans le cadre de cette enquête. Maham Diallo a entendu les sieurs Mamour Diallo, le capitaine Seydina Oumar Touré, MC Niasse ou encore Ndèye Fatou Touré (Mme Tall) à la demande des avocats de la défense. Cela ne l’a pas empêché d’envoyer l’affaire en procès, face aux accusations de complot politique brandies par Ousmane Sonko.  

En effet, le candidat à l’élection présidentielle de 2024 ne cesse de clamer, avec plein d’éléments allant vers ce sens, que toute cette histoire n’est qu’un coup monté au plus haut sommet de l’État, afin de l’empêcher de participer à la Présidentielle.

Le juge d’instruction suit le réquisitoire du parquet

Le maire de Ziguinchor reste tout de même confiant sur son avenir politique. Récemment, il a déclaré, après la clôture de l’instruction sur cette affaire : "Appel à la rébellion, trouble à l'ordre public, diffamation, viol... Actuellement, le régime a monté cinq dossiers contre moi. Tout ce qu'il veut, c'est obtenir que je sois condamné à trois mois assortis du sursis. Mais ce qui s'est passé avec Karim Wade ou Khalifa Sall n'arrivera pas avec moi, car aucun procureur, aucun juge d'instruction, aucun juge de siège ne peut m'empêcher d'être candidat en 2024."

Considéré comme le leader de l’opposition sénégalaise, Ousmane Sonko est accusé par Adji Sarr, une jeune masseuse de l’institut de beauté Sweet Beauté, de viols et de menaces de mort. Cette affaire et les développements qu’elle a engendrés ont valu au Sénégal la mort de 14 personnes, lors des évènements de mars 2021, qui ont été provoqués par l’arrestation du leader de Pastef/Les patriotes, alors qu’il se rendait à une convocation du juge d’instruction.  

Dans le réquisitoire du procureur, Ndèye Khady Ndiaye est également visée pour ‘’incitation à la débauche, diffusion d'images contraires aux bonnes mœurs et complicité de viol’’. La propriétaire de l’institut de beauté a, elle aussi, versé plusieurs éléments corroborant la thèse d’un complot contre le leader de Pastef.

Me El Hadj Diouf crie victoire

Avec le renvoi en chambres criminelles, la plaignante obtient ainsi gain de cause, elle qui a crié sur tous les toits qu’elle désire un procès. Pour son avocat, Me El Hadj Diouf, cette décision est déjà une grande victoire : ‘’Malgré la pression, toute la manipulation, toute la campagne nationale et internationale pour un non-lieu, le juge est resté zen, courageux pour conduire l’instruction à son terme et renvoyer Ousmane Sonko et Ndèye Khady Ndiaye devant la chambre criminelle, parce que le viol a été criminalisé. C’est une première grande victoire contre la campagne effrénée pour le non-lieu’’, réagit-il aux questions de ‘’Dakaractu’’.

La robe noire se projette déjà vers le tribunal et assure qu’avec  son client, ‘’nous le préparons comme nous préparons tous les dossiers. Nous sommes très confiants pour la suite et sans la confiance, on n’allait pas aborder ce dossier’’.

Cette affaire plonge le pays dans une grande incertitude, face aux conséquences de la première arrestation d’Ousmane Sonko. La possibilité qu’il puisse être contraint de retourner en prison, conséquence de sa mise en accusation devant les chambres criminelles, est déjà évoquée.

Un passage en prison n’est pas obligatoire pour Sonko

Membre de Pastef, l’avocat Ngagne Demba Touré rassure tout de même les militants du maire de Ziguinchor : ‘’L'ordonnance de prise de corps devant précéder la mise en accusation et le renvoi de l'inculpé devant la chambre criminelle comme prévu par l'article 175 du Code procédure pénale, ne signifie pas que l'accusé sera systématiquement cueilli et traduit à la maison d'arrêt. Avec les évolutions apportées par la loi n°2016-30 du 8 novembre 2016, l'accusé libre n'est plus obligé de se constituer prisonnier. Il lui est simplement demandé de se présenter au greffe, à la veille de l'audience. C'est ce qui résulte expressément de l'alinéa 4 de l'article 238 précité qui dispose que l'accusé qui a été mis en liberté ou qui n'a jamais été détenu se présente, au plus tard la veille de l'audience, au greffe qui s'assure de sa représentation en justice.’’

ACCUSATIONS DANS LE LIVRE ‘’MACKY SALL FACE A L’HISTOIRE’’

Ousmane Sonko sert une citation directe à Cheikh Yérim Seck

Une autre affaire judiciaire pourrait bientôt concerner le leader de Pastef/Les patriotes. Et cette fois-ci, il en sera l’instigateur. Elle concerne le livre polémique ‘’Macky Sall face à l’histoire’’ du journaliste Cheikh Yérim Seck. Un chapitre concerne Ousmane Sonko, sur l’‘’affaire Sweet Beauté’’.

Et il faut dire que son contenu n’est pas du goût du maire de Ziguinchor qui retient : ‘’Dans cet ouvrage, dont on m’a envoyé un chapitre qui m’est consacré, ce monsieur relate des faits mensongers et diffamatoires à mon compte, en essayant de les maquiller par des propos élogieux sur mon parcours d’opposant et ma place sur l’échiquier politique.’’ Le tout s’accompagne d’une dédicace à l’endroit d’Ousmane Sonko, signé de la main de l’auteur du bouquin.

Face aux ‘’révélations’’ concoctées par l’ex-journaliste de ‘’Jeune Afrique’’, Ousmane Sonko a ‘’instruit (ses) avocats de servir une citation directe à Cheikh Yérim Seck et aux éditions L’Harmattan qui ont servi à diffuser ces inepties’’.

Pour le leader de Pastef, ‘’la stratégie de l’homme est connue : donner l’impression de s’attaquer à la gouvernance calamiteuse de Macky Sall pour mieux s’attaquer à la vraie cible de sa commande : Pastef, ses militants et sympathisants’’.

Dans le livre en question, Cheikh Yérim Seck s’en prend à l’opposant et à ses militants comme les prototypes ‘’de l'homo pastefensis dénué de culture politique et d'intelligence sociologique’’. D’ailleurs, cet argument est repris par le journaliste pour répondre à l’annonce de cette plainte par Ousmane Sonko.

Pire encore, le journaliste a renchéri sur ses accusations. En effet, ajoute-t-il, ‘’M. Sonko, je vais, à la faveur de cette citation directe, donner plus de détails à propos de votre virée sur la corniche-Ouest qui a d'ailleurs fait l'objet d'une main courante de la police’’.

Lamine Diouf

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