Publié le 12 Feb 2024 - 12:30
INTERVIEW DE MACKY SALL DANS LES MÉDIAS AMÉRICAINS

Un coup de Com ou coup de pression sur la classe politique ?

 

Le président sénégalais Macky Sall a encore défendu sa décision de reporter l’élection présidentielle, lors d’une interview avec le média américain Associated Press, le samedi 10 février 2024. Un discours qui a encore soulevé beaucoup de commentaires : le chiffon rouge d’une prise de pouvoir des hommes en kaki a été agité par le chef de l’État. Le professeur de sciences du langage sémiotique–sémiologie, Kalidou Sy, passe au crible cet entretien télévisé.

 

L’activité politique repose en grande partie sur la communication, la bataille pour défendre des idées et leur mise en œuvre, la persuasion des électeurs ou adversaires politiques précédant la prise de décision.  Un exercice qui est à la fois passionnant et redoutable.

En une semaine, le président Macky Sall a fait deux communications publiques pour justifier le report de l’élection présidentielle. Pour le chercheur à l’université Gaston Berger, Kalidou Sy, le timing n’est pas propice. ‘’On s'imagine comment ses conseillers en communication ont pu valider ce message et le timing. On est dans un discours de justification perpétuelle qui n'apporte aucun élément nouveau. Il cherche à se rattraper, car le premier discours est mauvais, sauf qu’entre les deux, la tension est montée d'un cran’’.   

En effet, depuis l’annonce du report du scrutin, au moins trois morts sont signalés ainsi que des dizaines de blessés. Des dizaines de manifestations sont notées à Dakar, Saint-Louis, Thiès, Mbour et Ziguinchor. Ce qui revient à dire que l’effet d’apaisement escompté n’a pas eu lieu. Est-ce ce qui a poussé le chef de l’État à s’adresser encore au peuple sous un ton menaçant que certains alliés qualifieraient de mise en garde objective ? Il cite : ‘’Mon rôle en tant que président de la République… c’est de toujours tendre la main et dire aux acteurs politiques : faites attention, car nous ne sommes pas seuls dans la scène. Si les hommes politiques ne sont pas capables sur l’essentiel, d’autres forces organisées le feront à leur place.’’

Une interrogation que l’universitaire met en relief. ‘’Lorsque le président fait allusion à l'armée, il fait de la surenchère sur la violence et les risques encourus par les Sénégalais en pensant que cela aurait un effet psychologique sur eux. Je ne crois pas que ce que soit un appel du pied. Cette surenchère de la violence est inopérante, car les populations sont constamment confrontées à cette violence des forces de l'ordre, de sorte qu'elles ne peuvent pas penser subir plus que ce qu’elles ont déjà vécu’’.

Il prévient : ‘’Le chiffon rouge ne fonctionne pas très bien. C’est une solution ultime et dangereuse.’’

Pour autant, cette partie du discours est la plus commentée par bon nombre d’internautes qui y voient une menace ouverte à l’opposition. C’est le cas de l’ancienne Première ministre Aminata Touré qui a manifesté toute son inquiétude à travers sa page Facebook : ‘’J’ai entendu avec effarement l’évocation subliminale du président Macky Sall de possibles bruits de bottes, si les politiciens n’acceptaient pas sa rallonge illégale de huit mois à la tête de l’État. Si ce n’est pas une menace, ça y ressemble !’’

Macky Sall, coupable de tout et responsable de rien

Malgré les mises en garde de l’opposition et une partie de la société civile, le président et ses collaborateurs persistent dans cette logique de persuasion.

À cet effet, le directeur du laboratoire Gradis relève qu’il y a une ambiguïté dans le dernier entretien. Pour lui, il doit y avoir une dichotomie entre ses devoirs en tant qu’institution et ses ambitions personnelles. ‘’Ces affirmations sont assez suspectes, car il y a une dimension performative de la parole de Macky Sall. Ce n'est pas sa personne qui parle, mais c'est l'institution, le président de la République. Ce qui entraîne souvent une interférence entre la subjectivité et le statut institutionnel du président. Deux positions sont en télescopage. Le fait de se présenter comme garant de la stabilité et un autre fait lié aux prises de position antérieures’’.  Il recommande, dans la foulée, que ‘’ses conseillers auraient dû pointer du doigt cette aspérité dans ce discours pour lisser son message’’.

Sous ce regard toujours critique, Kalidou Sy va plus loin dans cette analyse du discours jusqu’à remettre en cause le choix du média utilisé. Il s’interroge si le président s’adresse à la communauté internationale ou ses propres citoyens. ‘’Ce n'est pas une bonne idée de s'adresser aux Sénégalais par le canal d’une agence de presse américaine. Cela ajoute un sentiment de mépris envers les Sénégalais et la presse sénégalaise. Au même moment, on voit des médias fermés et des journalistes violentés. On comprendrait mal pour apaiser la situation, on porte le choix sur ces médias étrangers alors qu’on cherche des solutions pour les citoyens et par les citoyens. Il aurait dû faire l’interview dans les quotidiens ou télévisions sénégalaises. Tout le monde a entendu la position du département d’État américain dans cette affaire de report’’.

Un discours politique constructif peut contribuer à la démocratie en informant les citoyens, en encourageant le débat et en promouvant le changement positif. Mais l’effet contraire pourrait être néfaste comme le pensent plusieurs théoriciens de la sociologie politique. ‘’Un discours politique clivant peut diviser la société et créer des tensions entre les groupes. Il peut également polariser les opinions et rendre difficile le dialogue constructif’’.

AMADOU CAMARA GUEYE

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