Publié le 16 Dec 2018 - 19:52
ITW- PAPA MASSAL DIEYE (SG FSF/CNP)

 ‘’Le Sénégal a tout à gagner, quelle que soit l’organisation patronale, le secteur d’activité’’

 

Interrogé par ‘’EnQuête’’ en marge de cette rencontre, le secrétaire général de la Fédération sénégalaise de la franchise (Fsf) affiliée au Conseil national du patronat (Cnp), Papa Massal Dièye, estime que le Sénégal a tout à gagner dans cette coopération, quelle que soit l’organisation patronale ou le secteur d’activité. Pour M. Dièye, la confiance en soi et celle des partenaires reste un élément important pour tout entrepreneur.

 

En tant qu’acteur du privé national, qu’est-ce que l’accord de coopération entre le Sénégal et la Pologne peut vous apporter ?

Cette manifestation est importante à notre égard. Ce n’est pas seulement lié à la franchise. Au fait, c’est de l’échange que nait certains avantages, une certaine bonification de nos entreprises. Nous sommes partisans de l’entreprise et quelle qu’en soit sa forme. Pour avoir visité la Pologne à trois reprises et fait des affaires avec ce pays, il y a des avantages comparatifs sur lesquels nous devons nous appuyer pour progresser en termes d’acquisition de savoir, de savoir-faire. C’est de cette acquisition de savoir-faire que naitront demain des entreprises sénégalaises à même de concurrencer ces entreprises étrangères. C’est ce qu’a fait, plus ou moins, la Chine, il y a quelques années de cela. Ceci en ouvrant ses portes à énormément d’entreprises étrangères. Qui ont apporté leurs technologies, formé des Chinois qui, avec le temps, se sont bonifiés et qui, aujourd’hui, construisent eux-mêmes sur la base de recherches et de développement leurs propres entreprises.

Pour nous, tout est bon à prendre, dès lors que ça apporte du bénéfice. Peu importe, il ne faut pas sous-estimer l’apport. On peut commencer petit et finir avec de grandes choses, si on sait où est-ce qu’on veut aller. Le Sénégal a tout à gagner, quelle que soit l’organisation patronale, le secteur d’activité. Pour nous, l’appartenance à une telle organisation ou autre n’a aucune importance. Ce que nous voulons faire avancer, c’est l’économie de ce pays. C’est de manière quasi directe, assurer une stabilité sociale. Parce que la population sénégalaise est jeune. Ces jeunes, il faut les former, savoir les intégrer professionnellement. Et ça il n’y a que l’entreprise, le secteur privé qui peuvent le faire. L’Etat ne peut pas absorber l’essentiel de la main-d’œuvre qu’il y a dans ce pays. Et Dieu sait qu’il existe des talents, des bonnes volontés, etc. Nous, nous travaillons à ce que ces cadres d’éclosion d’entreprises, de partenariats, se fassent. Parce qu’ainsi, des personnes s’émanciperont par le salaire, le travail et l’expérience.

Est-ce que, dans ce processus, vous sentez l’accompagnement du gouvernement ?

En tant que privé, je sens l’organisation de l’Etat et à plusieurs niveaux. Mais, souvent, il y a un décalage de perception entre ce que les Etats peuvent faire et ce qu’ils font réellement. Ici, les gens ne connaissent que l’Apix, alors que l’Etat a énormément d’agences qui accompagnent l’entreprise, même dans sa phase de difficulté. Je veux citer le Bureau de mise à niveau de l’Agence de développement des Pme, rattaché au ministère du Commerce, et tant d’autres. Au niveau bancaire, c’est idem. On dit que les banques ne prêtent pas.

Or, si ; elles le font sur des critères de solvabilité. N’oublions pas qu’elles travaillent avec l’argent de nous tous qui y avons des comptes courants et d’épargne. L’économie est un écosystème. Il faut travailler à ce qu’on se comprenne entre acteurs, à ce qu’on essaie de lever les entraves à la bonne marche du fonctionnement des uns et des autres. Parce que, dans un écosystème, lorsqu’un des maillons est grippé, c’est tout le reste qui risque d’en pâtir. Et l’entreprise n’est pas une chose facile en soi. Lorsqu’on décide d’entreprendre, il faut être conscient de la difficulté. C’est renoncer à une zone de confort qu’on peut avoir en étant un cadre ou technicien supérieur ou simple employé d’une entreprise. C’est renoncer à cette sécurité pour aller vers un environnement beaucoup plus incertain, mais qui offre des possibilités au-delà des limites. Nous avons tous des contraintes, mais il ne faut pas avoir peur d’en parler. Il faut aller à la rencontre des difficultés pour leur trouver des solutions et ne pas les fuir. C’est à ça que doit servir le secteur privé. C’est-à-dire aller à la rencontre des difficultés économiques des pays partenaires.

La confiance en soi et celle des partenaires semblent être un élément clé dans l’entreprenariat.

Lorsqu’on traite des affaires économiques entre pays, il y a ce qu’on appelle ‘’le risque pays’’ qui englobe énormément de choses et de caractéristiques. Il y a, d’abord, l’élément juridique. Parce que le droit polonais n’est pas le droit sénégalais. Ensuite, celui culturel et cette culture ne se limite pas seulement à la manière dont nous vivons entre nous. Il y a la culture économique et elle ne peut pas être la même d’un pays à un autre.

J’en veux pour preuve la ponctualité. Nous ne sommes pas ponctuels au Sénégal et c’est une caractéristique qu’il ne faut avoir honte d’exprimer, car nous devons la changer. Et la confiance est importante sur tous les aspects qui concourent à la décision d’un chef d’entreprise. Quelqu’un qui se décide à investir dans un pays a des objectifs. Et l’un d’eux, c’est sa sécurité, pour ne compromettre sa pérennité et faire des bénéfices. Ce n’est qu’ainsi qu’on peut réinvestir et entrevoir l’avenir. Les choses s’entremêlent parfois de manière subtile. Il faut échanger entre acteurs sur toutes les choses qui font que nos décisions sont prises et qui font que nos sociétés puissent avancer. En tant qu’entrepreneurs, nous devons être responsables. Car nous avons une responsabilité pour nos entreprises et pour ce pays. La confiance est importante et il faut savoir la donner, car elle vous crédibilise. Et quand on est crédible, toutes les portes nous seront ouvertes. Que ce soit en matière bancaire, partenariale.

M. DIÉMÉ

 

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