Publié le 14 Jun 2022 - 15:44
JUGÉS POUR PARTICIPATION À UN RASSEMBLEMENT ILLICITE ET MISE EN DANGER DE LA VIE D’AUTRUI

Les quatre militaires invalides condamnés à un mois assorti du sursis 

 

Le procès de quatre militaires invalides s’est tenu, hier, à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. Arrêtés le 8 juin dernier, ils sont poursuivis pour participation à un rassemblement illicite et mis en danger de la vie d'autrui. Si certains ont reconnu les faits, d’autres ont choisi de se dédouaner. Voulant manifester pour réclamer l’augmentation de leur pension, les choses ont dégénéré suite à l’arrestation de certains d’entre eux. 

 

Le 8 juin 2022, quatre militaires invalides ont été arrêtés au cours de leur manifestation. Ils réclamaient l’augmentation de leur pension. Leur rencontre a vite dégénéré, car il s’en est suivi des affrontements qui les ont opposés aux forces de l’ordre. Durant leur altercation avec les policiers, les anciens soldats ont malmené le commandant du corps urbain Pape Diène. Pis, une bouteille de 10 l contenant de l’essence a été jetée dans sa direction. N’eût été son réflexe d’esquiver le projectile, le pire aurait pu se produire. En effet, non loin de la bouteille qui contenait le liquide inflammable, il y avait déjà des pneus en flammes.

Placés sous mandat de dépôt depuis quelques jours, Doudou Sy, Ousseynou Fall, El Hadj Mamadou Nago Guèye et Abdou Achim Diouf, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, ont répondu des chefs de participation à un rassemblement illicite et mis en danger de la vie d'autrui. 

Entendu en premier, Doudou Sy conteste les faits et renseigne  qu’il n’est qu’un simple membre du bureau et qu’il ignorait que leur manifestation n’était pas autorisée. ‘’On avait jeté les pneus en feu vers les policiers pour les disperser pour que nous puissions sortir et manifester. On a interpellé nos camarades avant même qu'on ne commence notre point de presse’’, a-t-il soutenu. Alors qu’à l'enquête, il avait déclaré qu'ils ont manifesté et allumé des pneus pour avoir de la visibilité et aviser la presse. 

Désigné comme étant celui qui a porté un coup au commandant de la police, Ousseynou Fall affirme n’avoir fait que riposter. D’après lui, c’est le policier qui lui a porté un coup au menton. ‘’Il était en tenue lorsque je lui assenais un coup de poing. Je reconnais l'avoir frappé’’, a-t-il dit avant d’être rappelé à l’ordre par la juge. ‘’Vous pouvez vous faire entendre sans dégâts. Vous pouvez vous faire entendre dans la légalité. Je ne peux pas comprendre que d’anciens militaires violent la loi. Vous avez enfreint la loi’’, leur a dit la juge. ‘’C'est après que les forces de l'ordre nous ont interdit de sortir en nous encadrant que nous avons allumé les pneus que nous avons jetés dehors vers les policiers. Et je faisais partie de ceux qui tenaient la manifestation’’, s’est-il confessé avant de jurer qu’il ne sait pas qui détenait la bouteille d'essence. 

Après avoir contesté être celui qui a jeté la bouteille d’essence au commandant, El Hadj Nago Guèye est revenu sur ses déclarations en avouant son délit. Toutefois, il précise que le commandant n’était pas visé. ‘’Après le point de presse, on a manifesté au siège de notre association’’, a dit Abdou Achim Diouf, ancien militaire, poursuivi pour les mêmes chefs d’accusation que ses coaccusés. 

Entendu à titre de témoin, Oumar Dioum renseigne : ‘’J'étais dans le siège où la manifestation s'est tenue. Je suis un ancien militaire. Et je faisais partie de la manifestation. Pour résumer, c’est le commandant qui a frappé en premier Ousseynou Fall. À 8 h, quand je suis arrivé, j'ai trouvé les policiers sur place. Mais je n'étais pas là quand Nago allumait le pneu. C'est moi qui ai filmé la scène en direct.’’ 

Le représentant du ministère public, qui ne cautionne pas l’attitude de ces anciens militaires, a requis un mois d’emprisonnement ferme contre eux. ‘’… Certes, ils ont le droit de manifester, puisque c’est un droit accordé à tout citoyen. Mais il faut rappeler que ce droit est assujetti à une autorisation. Celle-ci doit se faire trois jours avant. Ce qu'ils n'ont pas fait. J'aurais compris que des citoyens lambda soient dans cette situation. Mais ce sont des citoyens avertis ; ils ont été sous les couleurs du drapeau. Pourquoi ils s'adonnent à de tels actes sans autorisation ? Cela est inadmissible dans ce pays. Autre chose à ne pas encourager, c'est qu'ils ont été encadrés par des forces de l'ordre et eux qui étaient sous les drapeaux, ils devaient négocier et non leur jeter des pneus’’, a regretté le maître des poursuites. 

Espérant plus de compréhension du tribunal à l’endroit des prévenus, Me Assane Dioma Ndiaye a sollicité une application bienveillante de la loi afin qu'ils puissent aller prendre des soins. ‘’Ce n’est pas la première fois. On a vécu d'autres manifestations où finalement, les policiers et les militaires invalides ont fini par se faire des accolades. Je rechigne un peu sur la méthodologie du procureur. C'est vrai qu'il faut défendre la République, les institutions et personne ne peut aller à l'encontre de ces principes’’, a plaidé la robe noire. 

Après les avoir relaxés du délit de participation à une manifestation non autorisée, le tribunal a reconnu les prévenus coupables des autres chefs. Ils ont écopé d’une peine d’un mois assorti du sursis.

MAGUETTE NDAO

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