Les trésors dorés et cachés du mouridisme

Chargés de symboles, Keur Goumack, Keur Cheikh Ibra Fall et Darou Khoudoss peuvent représenter, à eux seuls, toute l’histoire du mouridisme, pour avoir accueilli le cheikh et son compagnon et fidèle talibé Cheikh Ibrahima Fall, entre autres. Là-bas, sont jalousement gardées plusieurs reliques. Voyage au cœur de ces patrimoines.
Keur Goumack, la grande concession appelée encore Médinatoul ou Boukatoul Moubarack, est le quartier où le cheikh a été mis en résidence surveillée, pendant 15 ans et 20 jours. Dans ce quartier, se trouve une partie des livres du fondateur du mouridisme, mais aussi, et surtout la mosquée qu’il a dessinée de sa propre main. La construction de cette mosquée classée patrimoine historique mondial fut décidée le 11 mars 1918. L’endroit était, à l’époque, occupé par un champ de manioc que son talibé Cheikh Ibrahima Fall exploitait. Après six ans de travaux, l’édifice sortit enfin de terre.
La construction de ce chef-d'œuvre architectural a été réalisée par Serigne Cheikh Issa Diène qui en était le maître d’ouvrage délégué. C’est dans ce quartier que Serigne Touba fut élevé au titre de membre du Comité consultatif des affaires musulmanes. L’histoire raconte que c’est en 1907, après un exil en Mauritanie et un détour sur Thiéyène Djoloff, en raison de l’affluence des talibés, que le colon décida du transfèrement de Serigne Ahmadou Bamba à Diourbel et de le mettre à la disposition du commandant de cercle.
Il débarqua dans cette localité, le mardi 10 septembre 1912, au petit matin. Le colon choisit Keur Goumack. L’administrateur du cercle de Diourbel avait choisi ce quartier pour deux raisons fondamentales. D’abord, parce que le quartier était situé sur un monticule et, ensuite, parce qu’il était éloigné de la ville. Ce qui pouvait constituer une contrainte majeure pour les talibés qui désiraient aller se recueillir auprès de leur maître.
Dans ce quartier, le visiteur peut se rendre à l’endroit où le cheikh priait. Le sable est jalousement gardé. Il abrite aussi un baobab qui aurait été planté par le cheikh.
Les édifices ont été construits par Serigne Cheikh Mbacké Gaïndé Fatma. Son fils Serigne Ahmadou Mactar a entrepris, depuis l’année dernière, la réfection des locaux avec la construction d’un mur de clôture.
Mais évoquer Keur Goumack et laisser de côté le quartier Keur Cheikh Ibra Fall aurait un goût d’inachevé. Car ce quartier a servi de rampe de lancement au grand mouvement qu’est le ‘’baye fallisme’’. Ce mouvement, incarné et mis en place par Cheikh Ibrahima Fall, a joué un rôle incommensurable dans le rayonnement du mouridisme. Le quartier Keur Cheikh, haut lieu de la culture mouride, abrite la maison de Cheikh Ibrahima Fall. C’est le fief de ses descendants.
À côté de ce quartier mythique, il y a aussi Darou Khoudoss. Lieu symbolique, Darou Khoudoss où résident la plupart des descendants de Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké, 1er khalife général des mourides, est un lieu chargé de symboles. On y retrouve les reliques du cheikh. Ce quartier abrite la première école française qui a été mise sur pied par Cheikh Mbacké Gaïndé Fatma, héritier et fils ainé de Mouhamadou Moustapha Mbacké, celui-là même qui entreprit la construction de la grande mosquée de Touba.
BOUCAR ALIOU DIALLO (DIOURBEL)