Publié le 29 Aug 2013 - 21:10
LÉOPOLD DIOP, ANCIEN MILIEU OFFENSIF DU JARAAF

''J'avais déchiré le maillot de Bocandé''

 

''Nous savions qu'il y avait une possibilité de gagner ou de perdre''

''Je rends grâce à Dieu qui m'a donné la chance de vivre cette grande finale contre une belle équipe du Casa Sport. C'était le grand Casa Sport avec la bande à Jules François Bocandé. Une finale, ça se joue sur des détails et la meilleure équipe ce jour-là a gagné. Cette équipe du Casa Sport n'était pas plus forte que celle du Jaraaf d’antan. Je peux même dire que nous étions techniquement plus au top. Nous étions aussi une bande d'intellectuels, parce qu'il y avait des étudiants au sein de notre groupe. Il y avait une mentalité très forte dans ce Jaraaf de 1979, qui était constitué d'une bande de copains. Nous étions une équipe soudée. Au Jaraaf, c'est l'homme d'abord, forgé par une bonne éducation, avant d'être un sportif. C'est pour cela que dans nos têtes, nous savions qu'il y avait la possibilité de gagner ou de perdre. L'ambiance avant le match était bon, nous croyions à la gagne. Mais il y avait en face de nous une équipe où régnait la cohésion, la volonté de gagner. Cette équipe du Casa Sport de 1979 croyait à la victoire. Ce Jour-là, le Casa a été meilleure.

 

''Des gens payaient 100 à 200 F Cfa à nos séances d'entraînement à l'école de la Médina''

Les séances d'entraînement se tenaient à l'école de la Médina. Il y avait beaucoup de monde, tous sortaient pour nous regarder parce que le spectacle était assuré. Des gens étaient prêts à payer 100 voir 200 F Cfa pour assister aux séances d'entraînements du Jaraaf. C'était toujours comme ça, tous les jours. Le jour du match, le stade Demba Diop était archi-comble. Des gens ont passé la nuit dans le stade, la veille. Et cette mobilisation vous donne forcément envie de vous surpasser. Quand le Casa Sport avait marqué ses deux buts, nous avons tout fait pour revenir au score. Mais rien n'y faisait.

 

''Pour moi, le foot, c'est comme la vie''

Personnellement, je n'ai pas ressenti beaucoup de regret ni de tristesse. Et je pense que ça l'était pour la plupart de mes coéquipiers. Pour moi, le football, c'est comme la vie, il y a des hauts et des bas. Il faut donc travailler en conséquence. Et 34 ans après (1979 à 2013), je ressens toujours la même chose. Je ne regrette pas d'avoir perdu ce match contre le Casa Sport. Car nous avions eu, avant ça, à gagner d'autres trophées. Quand on joue une finale, c'est pour la gagner. Dans une finale, la forme et le mental de l'équipe sont très importants. Et ce jour-là, nous sommes tombés sur une équipe du Casa Sport bien huilée.

 

''Bocandé m'a dit...''

Lors de cette finale de 1979 contre le Casa Sport, je devais avoir 28 ans parce que je suis né en 1951. Je jouais milieu offensif. J'étais, selon ce que les gens disaient (précise-t-il), le meilleur à ce poste et même jusqu'à ce jour. Je me rappelle une action avec Jules François Bocandé. C'était une balle en l'air. Quand nous avons sauté tous les deux, j'ai utilisé mon pied, qui était ma meilleure arme, pour prendre le ballon. Et c'est là que j'ai déchiré son maillot avec mes crampons. Mais Jules a réagi de façon sportive. Il faut savoir que Bocandé m'admirait. Si vous demandiez à Jules qui était son idole, il vous répondait : c'est Léo (Léopold Diop). Il a même gardé le maillot déchiré dans son sac. Et le jour où il a remporté le titre de meilleur buteur du championnat français avec Metz (avec 23 buts en 1985-1986), il avait ce maillot dans ses bagages. Car il ne pensait qu'à moi. Bocandé et moi avions gardé de bonnes relations jusqu'à son décès. Cela aussi grâce à Amadou Diop ''Boy Bandit''. C'est lui qui m'a présenté Jules. 'Boy Bandit' m'avait dit : 'tu vas le voir'. Mais j'avais répondu : 'je n'ai pas de relation avec lui'. Il a insisté et je suis parti le voir. Depuis lors, nous sommes restés liés. C'est un gars extraordinaire. Quand Jules (Bocandé) était venu en vacance en 1986, il m'avait remis 200 000 F Cfa. Je lui ai demandé pourquoi ça ? Il m'a répondu : ''Grand, je te dois beaucoup. Tu es mon joueur préféré et j'ai beaucoup copié sur toi.''      

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