Publié le 5 May 2025 - 13:16
Le grand basculement

Du règne de la prédation à l’ordre du mérite

 

Un nouveau récit sénégalais est en train de s’écrire, à rebours des complaintes diffusées à l’unisson par une opposition nostalgique d’un ordre révolu.

À en croire ses porte-voix, «le pays ne marche pas», «l’argent ne circule plus», «l’immobilier est en berne”.

Des refrains lancinants qui, à force de répétition, tentent de travestir un assainissement salutaire en paralysie économique, une transition morale en récession généralisée.

Mais la vérité est tout autre.

Le Sénégal n’est pas à l’arrêt; il est en train de rompre avec une certaine économie de la prédation pour entrer exclusivement dans une économie du mérite.

Loin d’être un assèchement, le tarissement des flux douteux traduit la fermeture progressive des circuits souterrains par lesquels prospéraient les détournements, la concussion, la corruption systémique.

L’argent qui circulait naguère avec insolence, échappant à l’impôt, aux règles, à l’éthique, irriguait une prospérité de façade: des villas construites en cash, des voitures de luxe exhibées comme trophées, des trains de vie hors sol devenus normes dans les allées du pouvoir et de ses alliés.

Dans tous les cas, sur le plan économique, ces sommes issues de pratiques opaques, souvent dilapidées dans des signes extérieurs de richesse, n’ont pas participé  à la création de valeur.

Leur usage ostentatoire détournait les ressources disponibles des secteurs essentiels comme l’éducation, la santé ou les infrastructures productives.

Cet accaparement a engendré des effets pervers: les capitaux qui auraient pu financer l’innovation ou soutenir les petites et moyennes entreprises ont été absorbés par une consommation de prestige improductive.

Il en a résulté une économie déséquilibrée, où l’apparence a supplanté la performance, et où la richesse affichée a, pendant une grande partie de l’ancien régime, masqué un appauvrissement collectif bien réel des populations.

Ces réalités, fondées sur le gaspillage et la rente, ne sauraient en aucun cas être confondues avec des signes de croissance, encore moins d’émergence économique véritable.

En réalité ce n’est pas l’économie réelle qui souffre, mais l’économie parallèle qui s’effondre.

La nouvelle gouvernance ne tarit pas la richesse; elle la moralise.

Elle réoriente les flux vers les services publics : l’école, la santé, les infrastructures, la justice sociale.

Elle remet au centre la valeur travail, l’effort, le mérite, la transparence.

Le gouvernement ne bride pas l’investissement; il assainit les conditions de son épanouissement.

Il ne décourage pas la réussite; il la sort de l’ombre des combines et l’arrache au chantage des connivences.

Dans cette dynamique de rupture assumée, le nouveau pouvoir dirigé par le Président Bassirou Diomaye Faye et le Premier Ministre Ousmane Sonko, fait de la transparence budgétaire un axe central de sa gouvernance.

Il ne s’agit plus de principes incantatoires, mais d’une exigence traduite dans les faits: publication systématique des données budgétaires, lisibilité des allocations, participation citoyenne au suivi de la dépense publique.

L’efficacité budgétaire devient ainsi un critère de pilotage, avec pour horizon une meilleure articulation entre la ressource publique et les priorités nationales.

Finis les budgets creux, les budgets fuyards: chaque franc dépensé devra désormais démontrer son utilité sociale, son impact mesurable, sa conformité à l’intérêt général.

L’État se dote ainsi des moyens d’une politique économique rationnelle, rigoureuse et orientée vers les résultats.

Il s’engage, par ailleurs, à la consolidation d’un environnement des affaires propice à l’innovation, à l’entrepreneuriat et au développement équitable.

C’est ici que retrouve tout son sens la formule du grand juriste Gaston Jèze: «La dépense publique ne peut avoir pour objet que l’utilité publique. »

Elle rappelle avec clarté que l’argent de l’État n’est pas une cagnotte au service des ambitions privées, ni un instrument de rétribution partisane, mais un levier de justice, d’équité et de progrès.

Dans la vision portée par le nouveau régime, cette vérité juridique redevient un principe politique.

La dépense publique, longtemps capturée par des intérêts particuliers, est réorientée vers ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être: un outil au service du bien commun.

Derrière cette mue économique et morale se profile aussi une restauration symbolique: celle des fondations culturelles du peuple sénégalais.

En réhabilitant la valeur de l’effort, la décence dans la richesse, le respect du bien public, l’action gouvernementale renoue avec les piliers de notre tradition historique.

Le culte du kersa (pudeur morale), le ngor (dignité), le jub (droiture), qui formaient autrefois l’éthique invisible de la société sénégalaise, refont surface comme principes actifs de la vie publique.

Ce redressement n’est pas une simple rationalisation administrative ; il est une résurgence culturelle.

Le Sénégal ne se contente pas de se moderniser: il se rappelle à lui-même.

Certes, une part du tissu social peine à s’ajuster à ce virage.

Les bénéficiaires des largesses opaques d’hier se retrouvent démunis de leurs leviers.

Ceux qui se sont enrichis sans création de valeur tentent aujourd’hui de peindre leur déclassement en crise nationale.

Mais leur désarroi n’est pas celui du peuple; il est celui des privilégiés déchus.

L’État n’asphyxie pas l’économie.

Il lui restitue une colonne vertébrale.

C’est pourquoi Il faut également entendre, derrière la rumeur des insatisfaits, le grondement silencieux de millions de sénégalais pour qui la fin de l’impunité est une promesse de dignité retrouvée. 

Le passage d’une société de rentes à une société de droits ne se fait jamais sans heurts: il exige de chacun un effort de réapprentissage, une discipline nouvelle, une patience collective.

Mais c’est le prix à payer pour une République adulte, affranchie des féodalités politiques et économiques.

Alphonse de Lamartine a certainement raison: *Borné dans sa nature et infini dans ses vœux Lhomme est un dieu tombé qui se souvient des cieux*.

L’actuelle opposition sénégalaise semble se souvenir d’une *grandeur* perdue, d’un ciel d’iniquités où le pouvoir était un butin, la richesse un dû, et la parole publique un exercice d’illusion.

Mais, qu’elle le sache l’histoire ne revient pas sur ses pas.

Le Sénégal avance, fort de son héritage et lucide sur ses défis.

Il s’inscrit dans une vision de long terme, où l’État devient enfin un instrument de justice redistributive, non une machine à fabriquer des élites prédatrices.

Le Sénégal inaugure une ère où la richesse ne sera plus un privilège sans contrepartie, mais la récompense d’un engagement, d’un labeur, d’un génie.

Une ère où l’État garantit à chacun un environnement propice à l’épanouissement, sans promettre le luxe à tous ni la rente à quelques-uns.

Le véritable changement, le plus redouté par les détracteurs du nouveau régime, est d’ordre moral: désormais, chacun vivra à la sueur de son front. 

 

Par Abdoulaye Ahmed SEYE, Ancien Inspecteur Général des Finances

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