Publié le 6 Mar 2024 - 22:36

LES POLITICIENS SÉNÉGALAIS A L’ÉCOLE DE LA DESTRUCTION CRÉATRICE

 

Joseph Schumpeter est un économiste autrichien connu pour ses travaux sur l’innovation (il est décédé en 1950). C’est le père de l’expression « destruction créatrice » qui est un processus de remplacement d’activités obsolètes par des activités nouvelles du fait d’actions initiées par un entrepreneur innovateur avec des effets à la fois destructeurs et créateurs sur l’économie.

Schumpeter identifie 5 types d’innovations :
l’innovation de produits, l’innovation de procédés, l’innovation de modes de production, l’innovation de débouchés et l’innovation de matières premières.

Innovation de produits : décret de report de l’élection, loi mettant en place une commission d’enquête parlementaire, loi d’amnistie.
Innovation de procédés : dialogue nationale en l’absence de 17 candidats « validés » par le conseil constitutionnel (sur 19).
Innovation de modes de production : le report était basé sur des soupçons de corruption de deux magistrats du conseil constitutionnel; on n’en parle plus depuis lors et on s’est mis à libérer des détenus politiques.
 

Innovation de débouchés : durant tout son magistère, Macky Sall a préféré accorder des interviews à la presse étrangère plutôt qu’à la presse nationale. C’était pour soigner son image à l’international certainement. Maintenant il s’est mis à accuser la presse internationale de manque d’objectivité. Il accorde un entretien à 4 groupes de presse du Sénégal dont la RTS et Le Soleil.
 

Innovation de matières premières : depuis 2021, la matière première du pouvoir et de ses alliés c’était Ousmane Sonko, le terrorisme, les commandos, l’atteinte à la sûreté de l’Etat, l’outrage à magistrats.
 

Récemment Karim Wade est devenue la matière première. Quand Rose Wardini qui avait une double nationalité est sortie volontairement de la course à la présidentielle, on est passée à la nécessité de voter une loi d’amnistie pour préserver la paix au Sénégal. La notion d’outrage à magistrat a changé de signification puisqu’on accuse de corruption, nommément et sans aucune preuve, deux magistrats membres du conseil constitutionnel et personne ne parle d’outrage à magistrats; quelle innovation !

En principe lors du processus de destruction créatrice, il y a une  première phase au cours de laquelle les destructions sont plus nombreuses que les créations (retournement haut du cycle) et une seconde  phase où les créations deviennent plus nombreuses que les destructions (retournement bas du cycle).
 

Le problème c’est que personne ne sait s’il y aura une seconde phase, puisque la non organisation de l’élection jusqu’à la fin du mandat du président crée une situation nouvelle qui requiert que le conseil constitutionnel se comporte en « entrepreneur innovateur » pour nous sortir d’affaires.

Pr. Abou KANE
FASEG/UCAD

Section: 
Notre souveraineté à l’épreuve de la dette
LIVRE - PAR TOUS LES MOYENS : Dix voix féminines sur le monde
La politique de l'oubli et la défiguration urbaine : Une analyse historique des blessures de Dakar
Attention, nous sommes sur une pente glissante
Piratage massif des Impôts et Domaines : Le pire arrivera si l’État ne fait rien
SOCIOTIQUE : " L'impact de l'IA sur le marché du travail
Dettes cachées : L’impossible transparence ? Le cas du Sénégal et les leçons de l’histoire
Le téléphone portable à l’école : Entre ouverture au monde numérique et vigilance éducative
La vallée du fleuve Sénégal : Entre espoirs et fragilités
PROJET DE CODE DES INVESTISSEMENTS : ANALYSE SOUS L’ANGLE DE LA SOUVERAINETÉ  ET DE LA RATIONALITÉ ÉCONOMIQUE
Impératif de mémoire
De Saint-Louis à Diamniadio : L’héritage d’Amadou Mahtar Mbow pour un savoir partagé
Lettre Ouverte adressée au Procureur Général près du Tribunal de grande instance de Tivaouane
Vivre pour la raconter : A la mémoire de mon BFEM, à la mort en face, à mon petit frère
Analyse Économique Comparative : Le Sénégal face à la Guinée, un dépassement temporaire ?
La ligne radicale du Premier ministre Ousmane Sonko l'emporte sur la ligne modérée du Président Diomaye Faye
LE JOOLA, 23 ANS APRÈS : Un appel à la justice et à la dignité pour les familles des victimes
Sénégal : Quand l’urgence devient méthode
POUR PRÉPARER LA RUPTURE AVEC LE NÉOCOLONIALISME : PASTEF DOIT REDEVENIR L’ORGANISATEUR COLLECTIF DU PEUPLE!
Abdou Diouf, la RTS et la mémoire nationale : Encore une occasion manquée