Publié le 26 Sep 2013 - 00:49
LIBRE PAROLE - RÉPONSE À SIDIKI KABA

Ministre de la République du Sénégal, abusant de votre pouvoir, vous inaugurez votre prise de fonction par l'injure…

 

 

Nommé Ministre de la justice, votre casting s'est fait uniquement sur l'affaire HABRE, autant dire que le contrat sur la liquidation du Président HH est la priorité du gouvernement de Macky SALL. C’est le point n°1 sur la feuille de route de votre ministère et sur l'agenda politique du Président de la République du Sénégal ; exécuté avant celui relatif à la réduction de la durée du mandat présidentiel. Tout le monde l'a désormais compris.

Votre nomination a suscité un tollé de protestations, et de condamnations. Indécente, inopportune, cette nomination symbolise aussi un abus de position dominante tout comme elle est contraire à l'esprit démocratique. De multiples arguments ont été avancés pour démontrer l’existence d'un conflit d'intérêts.

Ministre de la justice, votre mission première est d’avoir le souci de préserver les normes exigeantes d'un système judiciaire mais aussi de veiller à l’intégrité de ce système. Et Monsieur, si l’on considère que le Président Habré est un justiciable comme un autre, alors nul n’a le droit de le priver de cette garantie ; il en a va de l’intérêt supérieur de la justice dont vous devez être le garant, après le Président de la République, en avez-vous conscience?

De nombreuses voix se sont élevées pour démontrer ce conflit d'intérêt. Qu’en est-il? Pour exister un conflit d’intérêt suppose l’existence de liens entre une situation ancienne et une récente, mais aussi, une fois que ce lien antérieur  établi, il faut qu'il y ait une connexion avec la nouvelle situation, autrement dit, en l’espèce, votre fonction de Ministre de la justice. Il faut aussi que la personne qui dénonce cette connexion soit exposée à un préjudice, dés lors, le conflit d’intérêts est là.
Mais plus encore, on peut ajouter que ce lien nuit de manière grave et sérieuse à une saine administration de la justice mais aussi porte atteinte aux principes fondamentaux d’égalité de traitement que toute personne est en droit de revendiquer.
En étant Ministre, vous avez aussi des devoirs envers l’administration de la justice, le principe de distanciation tant à l’égard des prévenus que de la cause s’impose à vous, ceci pour sauvegarder ce que l’on appelle l’exigence du maintien de "l’apparence de justice". Votre cas est désormais préoccupant.
La crédibilité contrairement à la bonne foi, ne se présume pas, Monsieur, elle se mérite. Votre jugement, votre loyauté au service public et à une bonne administration de la justice, dés lors qu’elles sont susceptibles d’être affectés défavorablement, dès qu’il y a ce risque, vous êtes en situation de conflits d’intérêts. C’est bien votre cas.
Un ministre de la République représente un gouvernement lequel parle au nom de son pays. Dans mon entendement, un ministre de la République du Sénégal doit agir avec dignité, intégrité, honneur, respect, modération et courtoisie.
Excédé par la solidité des critiques et les réserves sur votre nomination exprimées ça et là, votre réponse a été de nous injurier avec violence.
Est-ce étonnant de votre part? Pas du tout, la violence fait partie du registre de votre camp, elle s’est exprimée tout au long de l’affaire HABRE.
L’indignité de votre bouche est le stade suprême d’un processus qui s’est décliné par le mépris du Droit, le non respect des décisions de justice, l’agression physique lors du kidnapping, et aujourd'hui, l’injure que vous nous infligez est un acte banal dans votre bouche.
Elle symbolise votre violence et elle dévoile que pour vous, nous  ne sommes rien. Ayant réussi le kidnapping du Président HABRE, vous avez, dés lors, banalisé l’atteinte à son intégrité physique. Gonflé à bloc par votre nouvelle station, vous redoublez d’agressivité, conscient de votre impunité.
Ce kidnapping était une étape de votre programme de mise à mort. Pour agir, votre camp a eu recours au registre de la dangerosité. Des exemples dans l’actualité internationale, nous permettent de citer la théorie du «  bunker »(Saddam Hissein, Laurent Gbagbo), ou encore la dangerosité par la présence d’armes de guerre (HisseinHabré) ou de personnes boucliers humains (les populations irakiennes, les Ouakamois). Autant de manipulations de l’opinion pour justifier la violence déversée sur une personne désignée comme la cible à atteindre.

Monsieur, plus, la cible est significative, plus, elle constitue un support idéal d’expression; on intoxique l’opinion, on agresse la cible, on l’injurie;  une mise à mort raffinée en d’autres termes.

La violence de votre camp continuera de s’exprimer, même après la mort, elle s’acharnera sur le corps sans vie de la cible, c’est ainsi. Monsieur, qu’après l’exécution de Patrice Lumumba, on s’est acharné sur son corps en le jetant dans un fût de 200 litres d’acide. Le combat continuait après la mort..., de même, la plus grande démocratie au monde a été incapable de traiter la dépouille mortelle  de Ben Laden comme celle d’un être humain tout simplement. Après l’arrestation de Gbagbo, on a vu les humiliations faites à lui, physiquement, en le déshabillant et en le filmant. De même, Saddam a été aussi montré hagard, la bouche ouverte, avec une barbe de plusieurs mois.
Autant d’actes de violence, d’humiliations pour détruire la cible, la démythifier comme si pour l’atteindre, il fallait s’acharner sur le corps de celle-ci, faute d’avoir pu  atteindre et dominer son esprit, sa liberté et son émancipation. Voici les méthodes de votre camp.

C’est pourquoi, Monsieur, votre injure est une blessure morale, en situation de conflit, elle précède, d’habitude, l’agression physique, mais vous venez de nous apprendre qu’elle peut, parfois, succéder à un acte de violence physique ; le kidnapping.
Ainsi donc, dans votre opération de liquidation politique extrêmement raffinée, l’injure ne se résume pas seulement à un acte verbal, elle est, aussi, un acte physique, elle réduit l’individu à une bête sur laquelle, on s’autorise tout.
Un acte physique peut être aussi une injure; ainsi, par exemple, au Tchad, sous le régime de Tombalbaye, des militaires ont rasé des femmes musulmanes au Nord, c’était un acte physique mais c'est aussi, une injure, une blessure morale,  pour toucher tout un groupe social et non seulement les femmes, exactement comme vos insultes.
Face à des insultes, des injures publiques, les réactions sont diverses, une personne peut franchir toutes les lignes et répondre par une agression physique ou alors, elle peut, aussi, rendre injure pour injure. .

Nommé Ministre de la justice, votre casting s'est fait uniquement sur l'affaire HABRE, autant dire que le contrat sur la liquidation du Président HH est la priorité du gouvernement de Macky SALL. C’est le point n°1 sur la feuille de route de votre ministère et sur l'agenda politique du Président de la République du Sénégal ; exécuté avant celui relatif à la réduction de la durée du mandat présidentiel. Tout le monde l'a désormais compris.

Mme Fatimé Raymonne HABRE

 

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