Publié le 2 Mar 2015 - 07:41
LIBRE PAROLE

Wade, il faut plutôt en rire !

 

Que faut-il opposer au triomphe de la pensée maléfique ? La pensée magique. Ce qui permet sans doute de résister à une maladie d’Ebola…politique. Et cela ne passera pas par les passes d’armes nauséeuses qui ne participent qu’à dévaster un champ politique déjà happer par la pauvreté des débats instructifs.

En choisissant de ne pas s’inscrire dans l’intelligence politique du président Macky Sall qui répond par la politesse du silence aux diatribes vespérales de son prédécesseur, les partisans du camp présidentiel risquent de rejoindre Wade dans son subtil dessein : que l’opinion publique dise des hommes politiques : «ils sont les mêmes, des insulteurs !» Voilà le pain bénit que l’on risque de donner à Wade au lieu de le laisser dans la torture de sa conscience et au jugement de l’opinion sénégalaise qui, du reste, n’a jamais manqué de jugeote.

Les bordées d’injures et les broncas d’insultessortiront l’ancien Pape du Sopi du brouet politique dans lequel il s’est enlisé, dans lequel il a enseveli le peu de crédit social qui lui restait. Les ripostes insultantes comme seules réponses aux propos orduriers de l’ancien président Wade permettront, si l’on n’y prend garde, de le ressusciter non pas de l’implacable naufrage de la vieillesse, mais de la noyade affective du père aveuglé et obnubilé par l’amour de son fils qu’il a pourtant participé à envoyer vers un abîme judiciaire.

Sous ce rapport, les souffleurs sur la braise du camp présidentiel participent à éteindre le feu politique dans lesquels Wade s’est brûlé. La colère noire, l’indignation sans retenue et la révulsion outrancière ne constituent pas de bonnes conseillères, encore moins les meilleures compagnes.

En effet, les derniers propos de Wade ne font que faire refluer à la surface la dangerosité d’un homme que pourtant des esprits lucidesn’ont eu cessede flétrir au point d’apparaître comme ses bourreaux subjectifs. Que nenni ! Ce qui leur faisait et leur fait toujours peur en Wade, c’est son art d’exercer une fascination chez des esprits faibles. La preuve parces «argentivores» des périodes fastes de son pouvoir, aujourd’hui désargentés. C’est aussi parfois sa cohérence têtue et sa bonne dose diabolique d’inspiration. Un tel homme à la tête d’un Etat ou d’un parti peut habiter dans le même manoir que Machiavel. De Wade, Marcel Mendy disait une vérité foudroyante dans son livre La Longue marche du Sopi : c’est un «Machiavel renversé», car pour lui, «les moyens justifient la fin».

Quel esprit avisé n’a pas senti que la trame de fond de la politique de Wade assimilée à la ruse de Ndiombor, que sous sa générosité feinte et surfaite, que sous sa vista à capturer et à captiver les fibres les plus œsophagiques d’une catégorie de Sénégalais, se cachait une détermination diabolique à fracasser nos vertus les plus solides, à morceler, à fragiliser et à faire exploser notre cohésion sociale ? Que sous tout cela, se lovait une entreprise pernicieuse de transformer nos vertus en vices, de nous rendre réceptifs à toutes les couleuvres dont celui de faire de son fils l’homme qui sera toujours au-dessous de nous autres, les «esclaves», les «anthropophage », les descendants de Cro-Magnon ? Il l’a dit. Certes, ce n’est pas une tonalité nouvelle et un ton novateur. Sauf que cette fois-ci, il l’a dit avec une haineuse et méprisante conviction.

Les propos de Wade contre Macky Sall, l’institution présidentielle qu’il incarne, le père de la Nation et de famillenous indignent. Mais ils ne doivent point nous faire pleurer. Ils doivent plutôt nous faire rire…Et d’un rire philosophique, pour dévaliser Foucault.

Soro Diop (Journaliste)

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