Publié le 15 Jan 2021 - 19:12
LITIGE FONCIER À BAMBILOR

Les frères Diop, leurs machettes et les séances de bastonnade

 

Mamour Diop dit ‘’Peul’’, Alpha Seyni Diane, Baba Diop, Cheikh Tidiane Diop et Mouhamed Fall ont comparu, hier, à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. Trois parmi les prévenus sont des frères qui ont été jugés pour coups et blessures volontaires, destruction de propriété mobile à autrui, vol en réunion...

 

A coups de machette, les frères Diop boutent hors de ‘’leurs’’ terres quiconque ose y mettre les pieds. Du moins, c’est ce que leur reproche Marie Christine Coudoux, El Hadj Moussa Ndoye, Abdoul Aziz Dabakh et Khadim Wagne. Ils les accusent d’avoir exercé des menaces sur eux.

Arrêtés grâce à un subterfuge, Mamour Diop dit ‘’Peul’’, Alpha Seyni Diane, Baba Diop, Cheikh Tidiane Diop et Mouhamed Fall ont été placés sous mandat de dépôt le 22 décembre 2020. Attraits à la barre des flagrants délits de Dakar hier, pour coups et blessures volontaires, destruction de propriété mobile à autrui, vol en réunion, opposition à l’exercice d’une décision de justice en matière mobilière foncière, ils ont contesté les faits. 

Selon la partie civile Moussa Ndoye, les faits se sont déroulés le 9 décembre 2020 à Bambilor. Directeur d’exploitation, il s’était rendu sur le site avec un collaborateur et le chauffeur Abdoul Aziz Dabakh. Pendant qu’il se tenait à l’écart, son collaborateur et Dabakh échangeaient avec les prévenus. A un certain moment, ça a dégénéré et la bagarre a commencé. A l’en croire, c’est Baba Diop qui lui a jeté une brique et les autres individus se sont rués sur lui. Poursuivant ses déclarations, il déclare que les assaillants en ont profité pour caillasser la voiture de Dabakh qui est depuis lors hospitalisé. Son ordinateur MacBook a également été emporté, si l’on se fie aux déclarations de Ndoye. 

Marie Christine Coudoux, pour sa part, en sa qualité de propriétaire du site litigieux, a brandi un titre foncier. Mais, dit-elle, à cause de l’attitude de la famille Diop, elle ne parvient pas à disposer de son bien. ‘’Mamour était tout le temps sur le site. Il prenait le soin d’appeler tout le monde, quand on arrivait. Ils avaient une voiture dans laquelle ils gardaient leurs machettes. Le terrain m’appartient. J’ai un titre foncier. J’ai investi beaucoup d’argent au Sénégal, parce que j’aime ce pays. A cause d’eux, je ne peux pas vendre mon site’’, a-t-elle soutenu tout en précisant qu’elle avait un litige avec Dansokho. Et eux étaient au courant.

‘’J’ai amené une coopérative et ils les ont chassés avec des machettes. On leur a tendu un piège. Un gendarme de la Dscos s’est fait passer pour un client. Ils se sont approchés de la personne pour discuter avec elle. Quelques instants après, ils ont sorti leurs machettes. Ils ont été arrêtés en flagrants délits’’, a ajouté la dame.

La partie civile Khadim Wagne, pour cause de maladie, n’a pas comparu. Selon Me Diaw son avocat, alors qu’il était parti visiter son terrain qui se situe dans ce site, il a été attaqué par la famille Diop et leurs nervis. Roué de coups, son client a perdu connaissance, selon lui, et a été évacué à l’hôpital Youssou Mbargane de Rufisque. L’avocat a demandé que les intérêts de son client qui est hospitalisé soient réservés. 

Interrogés, les frères Diop ont disculpé Alpha Seyni Diane et Mouhamed Fall. Selon Mamour Diop, ‘’Baba Diop était absent, le jour des faits. Le champ nous appartenait. Quand ils démolissaient les travaux, je me suis opposé. La voiture qui transportait les coupe-coupe, c’était pour couper l’herbe. Nous avons des papiers valables’’, a-t-il raconté.  Cheikh Tidiane Diop de poursuivre : ‘’Il n’y a jamais eu de saccage. Le mercredi 23 novembre, nous avons déposé plainte contre Daouda Mbengue. Il a terrassé 5 hectares de notre champ de manguiers et il l’a vendu. Le commandant Diop nous a donné son numéro et nous a dit de surveiller notre patrimoine. Si on voit quelqu’un apporter du matériel de construction, qu’on l’informe.’’  

Dans sa plaidoirie, Me Ciré Clédor Ly a soutenu que les prévenus sont atteints et convaincus de tous les chefs qui leur sont reprochés. ‘’Ma cliente, depuis 2015, date d’acquisition de ses terrains, subit des menaces. Ils ont été arrêtés en flagrant délit sur le site’’, a plaidé la robe noire. 

S’agissant du délit de coups et blessures volontaires, il a demandé à la partie adverse de ne pas plaider la responsabilité individuelle. ‘’Ils étaient en groupe et personne ne peut être en mesure de les identifier. Ils ont recruté des nervis et étaient plus de 40. Ils sont associés, il y a une entente. C’est établi’’, a relevé Me Ly. Pour Marie Christine Coudoux, il a réclamé la somme de 50 millions de francs CFA et 3 millions de francs CFA pour Moussa Ndoye. En ce qui concerne Abdou Aziz, l’avocat a demandé qu’une expertise soit ordonnée pour déterminer le préjudice esthétique. Et pour le préjudice matériel que ce dernier a subi, il a réclamé 7 millions de francs CFA. 

Après le représentant du ministère public qui a requis l’application de la loi pénale, Me Ndoumbé Wane, avocate des prévenus, a sollicité la relaxe de ses clients. ‘’A la gendarmerie, la partie civile n'a pas identifier le prévenu et attend jusqu’à la barre pour dire que c'est celui qui porte le blouson blanc. La seule personne qui a été capable de désigner, c’est Modou Ly et il n’est pas partie civile’’, a fait remarquer Me Wane. ‘’Rien ne prouve que ces prévenus étaient coupables des faits qui leur sont reprochés. La dame estime qu'elle est propriétaire de 5 hectares parmi les 13. L’infraction n'est pas également caractérisée’’, a-t-elle martelé.

L’affaire, mise en délibéré, le tribunal rendra sa décision le 21 janvier prochain. 

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