Après le report du combat devant l’opposer à Eumeu Sène, c’est un Bombardier décontracté et en forme  qu’on a trouvé chez lui, ce mercredi, en train de boire du thé avec sa famille et quelques amis. Après quelques salutations d’usage et ayant décliné l’objet de notre présence, le B52 nous demande amicalement de nous adresser à son frère et manager. Pape Mor Dia, de commerce facile et courtois, revient sur le énième report de ce combat tant attendu.

Comment avez-vous accueilli la nouvelle date sur le report du combat de Bombardier contre Eumeu Sène ?

C’est un sentiment de désolation. Vous savez, le contrat a été signé avec le promoteur depuis le 8 septembre 2016. Depuis lors, il y a eu trois reports. Le combat devait se tenir le 4 avril 2017, mais il a été renvoyé au 23 mai, ensuite au 13 août, et voilà que c’est encore reporté au mois de décembre. Ceci n’est pas facile pour un lutteur. Cela peut être défavorable sur sa préparation et sa stabilité. Psychologiquement, on n’est pas tranquille car on ne sait pas quand doit se tenir le combat. Ça peut peser sur le mental. Financièrement aussi, c’est très lourd. Nous espérons que cette date sera la bonne. Nous espérons que ce sera le dernier report et que le combat se tiendra une bonne fois.

Quelles sont les raisons de ce nouveau report ?

Pour chaque report, ils ont émis une raison. Lors du dernier report, ça avait un peu dégénéré. Nous avions d’ailleurs tenu un point presse. Nous leur avions donné un ultimatum, qui était qu’après la fête de Korité, si on ne signait pas le contrat au niveau du CNG (Comité national de gestion de la lutte, ndlr), nous n’allions plus combattre. Ils sont venus nous voir avant la fin de l’ultimatum, à la veille de la fête ; ils nous ont donné des arguments et ils veulent que nous sauvions le combat. Ils nous ont demandé de leur donner un temps afin qu’ils finalisent certains détails. Nous leur avons fait des propositions, eux aussi en ont fait. Nous nous sommes mis d’accord sur des accords de principe. Nous nous sommes aussi mis d’accord sur la date. Mais il nous faudra revoir certaines bases de nos accords. Nous allons nous revoir dans la semaine pour formaliser certaines choses. Après, nous ferons une déclaration unique.

Ces reports ne peuvent-ils être favorables au lutteur ?

Non, cela ne peut être en aucun moment favorable au lutteur. Dès qu’un contrat est signé, le lutteur et son staff n’ont qu’une chose en tête : que le combat se tienne, qu’on respecte les accords, que chacun respecte les normes  et les bases du contrat. Un lutteur a besoin de tenir ses combats à temps. Un lutteur n’a pas besoin, dans sa carrière, de rester un an sans combattre. L’âge compte dans la vie du lutteur. Autre chose : Bombardier, c’est le roi des arènes, donc il doit bénéficier de son titre. Il doit combattre le maximum possible. A 45 ans, on doit penser à la retraite. Les reports portent préjudice. Nous avons beaucoup de perspectives et les reports ne nous permettent pas d’avancer.

Après tous ces reports, comment il va, moralement ?

Ça va très bien. C’est un professionnel. Il a duré dans le cercle de la lutte. Il a un joli palmarès. Aucun jour ne peut être une équation pour Bombardier. C’est la lutte qui est ainsi faite. Il a le moral. Vous-mêmes, vous pouvez en témoigner. Vous l’avez trouvé assis entouré de sa famille et de ses amis en train de boire du thé, rigolant, s’amusant avec tout le monde. Il a un moral solide. Il oublie qu’il a un combat à tenir.

Que disent les fans ?

On tient à nous excuser auprès  de nos supporters et sympathisants. Nous nous excusons vraiment. Beaucoup de gens aiment Bombardier. Certains ne le voient qu’à la télé. Ses combats sont des moments que les gens attendent impatiemment. La population de Mbour aime le slogan ‘’Gudi gudi Mbour’’ ; ça leur manque. Les combats sont des moments de communion et de partage entre Bombardier et ses fans et sympathisants.

KHADY NDOYE (MBOUR)