Publié le 21 Sep 2021 - 15:47
MALADIES ET BLESSURES LIEES AU TRAVAIL

Près de 2 millions de personnes meurent chaque année

 

Les maladies non-transmissibles, l’exposition à de longues heures de travail, entre autres, sont responsables de la mort de millions de personnes. C’est ce qui ressort du rapport conjoint 2000-2016 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Organisation internationale du travail (OIT) publié le 17 septembre dernier.

 

Les maladies et les blessures liées au travail sont responsables de la mort de 1,9 million de personnes par an. C’est du moins les premières estimations conjointes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Organisation internationale du travail (OIT). Selon le rapport mondial 2000-2016 des deux organismes, publié ce 17 septembre, la majorité des décès liés au travail sont dus à des maladies respiratoires et cardiovasculaires. Les maladies non-transmissibles représentent 81 % des décès. Les plus grandes causes de décès, révèle le rapport, sont les maladies pulmonaires obstructives chroniques (450 000 décès), les accidents vasculaires cérébraux (400 000 décès) et les maladies cardiaques ischémiques (350 000 décès). Les accidents du travail sont à l’origine de 19 % des décès (360 000).

L’étude prend en compte 19 facteurs de risques professionnels. Cela y compris l’exposition à de longues heures de travail et l’exposition au travail à la pollution de l’air, aux asthmagènes, aux agents cancérigènes, aux facteurs de risque ergonomique et au bruit. Le principal risque soulevé à ce niveau est l’exposition à de longues heures de travail liées à environ 750 000 décès. L’exposition en milieu de travail à la pollution atmosphérique (particules, gaz et fumées) est responsable de 450 000 décès. Ce qui fait dire au directeur général de l’OMS qu’il est choquant de voir autant de personnes littéralement tuées par leur travail.

‘’Notre rapport est un signal d’alarme pour les pays et les entreprises. Cela, afin qu’ils améliorent et protègent la santé et la sécurité des travailleurs en honorant leurs engagements à fournir une couverture universelle des services de santé et de sécurité au travail’’, déclare le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Selon le rapport, les maladies et les blessures liées au travail mettent à rude épreuve les systèmes de santé. Elles réduisent également la productivité et peuvent avoir un impact catastrophique sur les revenus des ménages. À l’échelle mondiale, les décès liés au travail par population ont diminué de 14 %, entre 2000 et 2016. Cela peut refléter des améliorations en matière de santé et de sécurité au travail, indique le rapport.

Cependant, les décès dus aux maladies cardiaques et aux accidents vasculaires cérébraux associés à l’exposition à de longues heures de travail ont augmenté de 41 % et de 19 % respectivement. Cela reflète une tendance à la hausse de ce facteur de risque professionnel relativement nouveau et psychosocial.

Les effets de la Covid-19 vont ajouter une autre dimension à ce fardeau

Ce premier rapport de suivi mondial conjoint OMS-OIT permettra aux décideurs, selon le Dr Tedros, de suivre les pertes sanitaires liées au travail aux niveaux national, régional et mondial. Cela permet aussi, soutient-il, d’établir une portée, une planification, un établissement des coûts, une mise en œuvre et une évaluation plus ciblés des interventions appropriées pour améliorer la santé de la population des travailleurs et l’équité en santé. Le rapport montre que davantage d’actions sont nécessaires pour garantir des lieux de travail plus sains, plus sûrs, plus résilients et plus justes sur le plan social. Cela, dit-on, avec un rôle central joué par la promotion de la santé sur le lieu de travail et les services de santé au travail.

Chaque facteur de risque comporte un ensemble unique d’actions préventives, qui sont décrites dans le rapport de suivi pour guider les gouvernements, en consultation avec les employeurs et les travailleurs. Par exemple, pour ce qui est de la prévention de l’exposition à de longues heures de travail, il nécessite un accord sur des limites maximales saines du temps de travail. Pour réduire l’exposition du lieu de travail à la pollution de l’air, il est recommandé de contrôler la poussière, de la ventilation et de l’équipement de protection individuelle.

De l’avis du directeur de l’OIT, ces estimations fournissent des informations importantes sur la charge de morbidité liée au travail. Elles peuvent aider à façonner les politiques et les pratiques visant à créer des lieux de travail plus sains et plus sûrs. ‘’Les gouvernements, les employeurs et les travailleurs peuvent tous prendre des mesures pour réduire l’exposition aux facteurs de risque sur le lieu de travail. Les facteurs de risque peuvent également être réduits ou éliminés par des changements dans les habitudes de travail et les systèmes. En dernier recours, l’équipement de protection individuelle peut également aider à protéger les travailleurs dont les emplois signifient qu’ils ne peuvent pas éviter l’exposition’’, conseille Guy Ryder.

Directrice du Département de la gouvernance et du tripartisme à l’OIT, Vera Paquete-Perdigao estime que les normes internationales du travail et les outils et directives de l’OMS-OIT constituent une base solide pour mettre en œuvre des systèmes de sécurité et de santé au travail solides, efficaces et durables à différents niveaux. Les suivre, souligne-t-elle, devrait contribuer à réduire considérablement ces décès et handicaps.  

Par ailleurs, le rapport note que la charge totale de morbidité liée au travail est probablement beaucoup plus importante. Car les pertes de santé dues à plusieurs autres facteurs de risque professionnel doivent encore être quantifiées à l’avenir. De plus, les effets de la pandémie de Covid-19 vont jouter une autre dimension à ce fardeau qui sera pris en compte dans les estimations futures.

VIVIANE DIATTA

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