Publié le 14 Apr 2016 - 07:19
MAMADOU POUYE ET PANAMA PAPERS

Tentative de lecture du montage financier  

 

Le consortium international des journalistes qui a enquêté sur l’affaire Panama Papers a publié, pour chaque pays concerné, les noms des personnalités qui ont implanté des sociétés dans ce paradis fiscal avec schéma des liens capitalistiques à l’appui. S’agissant du Sénégal, le Consortium a publié un schéma mettant en présence Mamadou Pouye (ami et condamné en même temps que Karim Wade dans le cadre de la traque des biens mal acquis au Sénégal), deux sociétés off shores, deux cabinets d’avocats et des actionnaires cachés.

Essayons de comprendre la chronologie et les motivations de ce montage.

- ACTE 1 - Le 27 AOUT 2008, la société SEABURY INC est créée au PANAMA par le cabinet Mossack Fonseca à la demande du Cabinet d’avocat « Helène Mathieu Legal Consultant » sise à DUBAÏ sous le numéro d’enregistrement 50217 (« registered »). En effet, Pouye et compagnie ont besoin de passer par un avocat qui travaille avec le Panama pour y créer une société sans avoir besoin de se déplacer. Les Cabinets d’avocats étant en relations d’affaires, c’est le cabinet de Dubaï qui saisit son homologue panaméen qui fait les formalités locales.

SEABURY INC est détenue par 5 actionnaires (« Bearers ») dont les noms, à l’exception de celui de Mamadou Pouye, n’apparaissent pas dans les registres d’enregistrement. Seule la qualité d’actionnaire (« Shareholder ») est renseignée.

Tous les 5 actionnaires sont également qualifiés de « officer of » c’est-à-dire responsables de la société. SEABURY INC est toujours active.

Rappelons que c’est en 2008 que la concession du terminal du port autonome de Dakar a été attribuée dans des conditions on ne peut plus nébuleuses, à DPW. Et la même année se créée cette société dans un paradis fiscal qui recevra des milliards en paiement soi-disant de services de consultance… Curieuse coïncidence non ! Et surtout, qui sont les 4 autres propriétaires et bénéficiaires économiques réels de cette société fictive qui a perçu des milliards ? Suivez notre regard.

- ACTE 2 - Le 08 AOUT 2012 (soit 4 ans après la création de SEABURY INC et 5 mois après la défaite d’Abdoulaye Wade), LATVAE GROUP INC est enregistrée selon le même processus que la 1ère société au PANAMA sous le numéro 68105. Cette 2ème société compte pour seul actionnaire Mamadou Pouye. Via Mamadou Pouye, LATVAE GROUP INC a donc des liens capitalistiques avec SEABURY INC.

Cette société holding semble avoir été créée pour davantage brouiller les pistes des enquêteurs au moment où les Wade et consorts savaient qu’ils allaient être auditionnés par la CREI. Ils ont profité de la liberté de mouvement qu’il leur restait avant le déclenchement de la procédure judiciaire pour essayer d’effacer toutes traces de leurs méfaits. Mais voilà, ils avaient compté sans Panama Papers.

Rappelons que c’est par lettre en date du 2 AOUT 2012 signée de la main de POUYE (voir sur le site du consortium ou plus bas ici), que ce très proche de Karim Wade a demandé à Mossack Fonseca de désigner des administrateurs de la société LATVAE GROUP INC en s’engageant à assurer la rémunération de leurs services. Tout ça pour brouiller les pistes. Les gérants qui apparaîtront dans les documents administratifs des sociétés écrans seront des résidents de Hong Kong, de Nouvelle Zélande, d’Afrique du sud et autres contrées lointaines et exotiques que les enquêteurs sénégalais ne pourront pas aller auditionner. Ce sont des personnes dont les noms se retrouvent en général des dizaines de fois dans les sociétés montées par les cabinets panaméens dont la spécialité est de cacher l’identité des véritables propriétaires.

Mais les personnes qui bénéficieront réellement des milliards figurant dans les comptes, ce sont les véritables propriétaires et actionnaires cachés. Ce sont elles qui auront les codes d’accès des comptes bancaires et les cartes bancaires délivrées au nom des sociétés qui leur permettront de faire tous types d’opérations financières, partout dans le monde.

Seules deux sociétés révélées pour le moment figurent dans le schéma du site du consortium de journalistes internationaux à l’origine du scandale Panama Papers version Sénégal. D’autres viendront peut-être. Le Consortium a promis d’autres publications début mai. Espérons que cela participera à faire jaillir d’avantage de lumière sur ces ténébreuses affaires.

IBRAHIMA NDIAYE

Mouvement pour le Socialisme et la République

 

Section: 
PROJET DE CODE DES INVESTISSEMENTS : ANALYSE SOUS L’ANGLE DE LA SOUVERAINETÉ  ET DE LA RATIONALITÉ ÉCONOMIQUE
Impératif de mémoire
De Saint-Louis à Diamniadio : L’héritage d’Amadou Mahtar Mbow pour un savoir partagé
Lettre Ouverte adressée au Procureur Général près du Tribunal de grande instance de Tivaouane
Vivre pour la raconter : A la mémoire de mon BFEM, à la mort en face, à mon petit frère
Analyse Économique Comparative : Le Sénégal face à la Guinée, un dépassement temporaire ?
La ligne radicale du Premier ministre Ousmane Sonko l'emporte sur la ligne modérée du Président Diomaye Faye
LE JOOLA, 23 ANS APRÈS : Un appel à la justice et à la dignité pour les familles des victimes
Sénégal : Quand l’urgence devient méthode
POUR PRÉPARER LA RUPTURE AVEC LE NÉOCOLONIALISME : PASTEF DOIT REDEVENIR L’ORGANISATEUR COLLECTIF DU PEUPLE!
Abdou Diouf, la RTS et la mémoire nationale : Encore une occasion manquée
ET SI ON PARLAIT D’INSERTION DES JEUNES A LA PLACE D’EMPLOI DES JEUNES
Tourisme, culture et artisanat : Une articulation stratégique pour le développement
ÉGALITÉ EN DANGER : L’alerte d’Onu Femmes
DU CAPITAL A LA CONNAISSANCE : Transformer la fuite en source, le Brain Drain en Brain Gain
Un cri de cœur pour les clubs sénégalais : Sauvons notre football local  
Matériel agricole au Sénégal : Entre modernisation promise et réalité du terrain
La souveraineté en partage : La diaspora sénégalaise au cœur du financement national
Un champ est une école vivante : Ode à l’intelligence de la terre et à la pédagogie du vivant
Le PRES en partage : Le pacte de Monza entre Sonko et la diaspora