Publié le 24 Sep 2018 - 21:13
MISE EN ŒUVRE DU PSE

Le Fmi redéfinit les priorités 

 

Pour atteindre l’émergence en 2035, comme prévu dans le Plan Sénégal émergent (Pse), l’unique référentiel du régime de Macky Sall, il est nécessaire, selon le Fmi, de revoir certaines politiques. C’est ce qui ressort du rapport de l’institution intitulé ‘’Race to the next income frontier : how Senegal and the other low-income countries can reach the finish line’’ publié le 14 septembre.

 

Avec le Plan Sénégal émergent (Pse), le chef de l’Etat, Macky Sall, veut faire du Sénégal une économie émergente à l’horizon 2035. Permettre un décollage économique en réduisant la pauvreté et en créant des emplois décents et des opportunités pour toute la population. Il faut noter que le Sénégal s’est toujours distingué de par ses relations internationales, notamment avec l’Occident. C’est aussi un exemple, selon le Fonds monétaire international (Fmi), en matière de ‘’démocratie’’, de ‘’respect des valeurs humaines’’, de la ‘’tolérance et du climat culturel’’. Cependant, dans son rapport publié le 14 septembre dernier, l’institution de Breton Woods signale que cette position de ‘’haute estime peut se détériorer’’, si le pays tarde à assurer son émergence économique, comparé à d'autres économies africaines.

En effet, à travers ce document en anglais de plus de 400 pages intitulé ‘’Race to the next income frontier : how Senegal and the other low-income countries can reach the finish line’’ : (La course à la nouvelle frontière des revenus : comment le Sénégal et d’autres pays à bas revenus peuvent atteindre la ligne d’arrivée) écrit par 25 auteurs, le Fmi redéfinit la voie de l’émergence.

Considéré comme une réaction à diverses exigences nationales et internationales, le Pse vise à faire du Sénégal un hub sous-régional en matière d’infrastructures, de développement du capital humain et de gouvernance.

Ainsi, des secteurs de développement prioritaires ont été ciblés. Il s’agit notamment de l'agriculture, de l'industrie agroalimentaire, les mines et le tourisme. ‘’Pour atteindre ces objectifs, le Sénégal devra accélérer son produit intérieur brut (Pib) par habitant qui était en moyenne d'environ de 0,5 % pendant ces 30 dernières années, pour atteindre un taux de l'ordre de 4 à 5 %. Ce qui exigera que le gouvernement prenne des décisions stratégiques, en créant de nouvelles richesses basées sur des activités concurrentielles à l'échelle mondiale’’, souligne le rapport du Fmi. Selon le document, la tentative de réaliser les objectifs du Pse en se basant principalement sur l'investissement public à long terme ‘’ne va pas probablement réussir’’. Car une croissance forte et soutenue exige aussi la poursuite de l'investissement privé continu et celui direct étranger. Pour avoir un résultat escompté avec ce plan, il est nécessaire, selon les auteurs de ce rapport, de faire des investissements ‘’efficaces’’ dans les infrastructures publiques, le capital humain. Mais, aussi, de mettre œuvre des réformes structurelles. En réalité, le Sénégal est ‘’à la croisée des chemins’’, d’après la même source.

L'industrie doit ‘’redevenir une priorité nationale, au Sénégal

Dès lors, ‘’ces réformes restent essentielles, si l’Etat veut poursuivre sa politique industrielle. Au cas contraire, il risque de rater la voie de l'émergence. Cela signifie qu’il faut saisir les opportunités, en mettant en place des réformes capables de positionner le pays comme un acteur clé, d’abord, au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et, ensuite, au niveau international’’, préconisent les experts. Sur ce, leurs propositions ont été centrées sur l'idée d'une nouvelle approche des zones économiques spéciales. ‘’Une nouvelle politique de la zone économique spéciale mettrait rapidement en place le cadre institutionnel et réglementaire nécessaire, pour débloquer les investissements privés, y compris les investissements directs étrangers et ouvrirait l'espace économique aux petites et moyennes entreprises (Pme) pour une croissance forte, soutenue et inclusive’’, indique le document.

Dans ce sens, il est recommandé d’allouer des ‘’ressources plus importantes’’ à la Direction de l'industrie, qui est responsable de la mise en œuvre de la politique du gouvernement dans ce secteur.

En effet, d’après les experts du Fmi, la ‘’discrétion et la faible visibilité’’ des initiatives de celles-ci vont mettre en question le rôle de la politique industrielle dans le Pse. ‘’Pour que la politique industrielle soit un succès, elle doit être mieux restructurée et équipée en ressources financières et matérielles. Il est tout aussi important de veiller à ce que l'intérêt croissant du secteur minier ne marginalise pas au profil de l’industriel’’, souligne le rapport. Au niveau institutionnel, il devient ‘’urgent’’, selon le Fmi, de disposer d'un cadre de consultation. Ceci, pour assurer une ‘’vigilance stratégique’’, afin de ‘’promouvoir’’ un dialogue public-privé et de ‘’dynamiser et de maintenir’’ la dynamique d’émergence du secteur.

Au fait, il est signalé que l'absence d'un tel cadre va empêcher la mise en place d'une vision ‘’cohérente partagée’’ par tous les acteurs.

 Pour les 25 auteurs de ce rapport parmi lesquels le Pr. Ahmadou Aly Mbaye, ancien doyen de la faculté des Sciences économiques et de Gestion (Faseg), l'industrie doit ‘’redevenir une priorité nationale, au Sénégal, de la même manière que l'agriculture de laquelle découle une partie du potentiel de croissance du pays. Mais également, sa capacité à transformer la production agricole de telle sorte qu'elle s'intègre dans les chaînes de valeur agro-industrielle mondiale. À cette fin, le Sénégal doit décider de ses priorités : soit devenir ouvert aux importations massives ou s’industrialiser’’.

MARIAMA DIEME

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