Publié le 30 Nov 2022 - 20:56
MONDIAL-2022 - ÉQUATEUR / SÉNÉGAL (1-2)

Les choix judicieux d’Aliou Cissé

 

Dans un match haletant, hier, les Lions d’Aliou Cissé sont venus à bout d’une vaillante équipe équatorienne. Les options tactiques du sélectionneur, ainsi, son choix des hommes se sont révélés déterminants pour cette victoire historique dédiée à Pape Bouba Diop.

 

Pour une fois, le sélectionneur a mis la composition que tout le peuple attendait. Hier, les titularisations de Pathé Ciss, Pape Guèye et Iliman Ndiaye ont donné à l’équipe un allant dont elle avait cruellement manqué, lors de ses précédentes sorties. Ciss a mis de l’impact, Pape Guèye s’est projeté balle au pied et Iliman a éclairé le jeu.

Lorsqu’il a fallu faire des changements, le sélectionneur ne s’est pas renié. On aurait pu s’attendre à ce qu’il bétonne. Mais il a fait du poste pour poste : Pathé Ciss remplacé par Nampalys Mendy (75e) et Iliman Ndiaye par Bamba Dieng (75e). Il a plutôt injecté du sang neuf et permis aux Lions de retrouver de la souveraineté au milieu, avec l’activité de Bamba et Nampalys.

Lors du temps additionnel, voyant que les Équatoriens jouaient leur va-tout en envoyant de longs ballons dans la boite, il a fait sortir Boulaye Dia pour faire entrer Pape Abdou Cissé (90e+5) et gagner les duels aériens.

Les Lions remportent le défi physique

Dès leur première sortie, dans ce Mondial, contre les Pays-Bas, les protégés d’Aliou Cissé avaient montré qu’ils avaient du répondant dans le domaine physique. Ils l’ont confirmé hier, contre des Équatoriens réputés physiques et dont le jeu est fait de débauche d’énergie de tous les instants. Les premières minutes du match ont donné le ton de ce qui devait être la suite des événements dans ce match couperet où le Sénégal se devait de faire sauter le verrou équatorien, d’une manière ou d’une autre.

Mais pour cela, il fallait être souverain dans les duels et remporter la bataille du milieu. Dans ce chantier, la triplette Gana Guèye, Pathé Ciss et Pape Guèye a été rayonnante. Notamment Pathé Ciss qui a rapidement mis de l’impact. Et même lorsque l’Équateur a eu son temps fort, au cœur de la seconde mi-temps, les Lions n’ont pas été bouffés physiquement. Ils sont restés bien en place, ne concédant que peu d’occasions. D’ailleurs, le but de l’égalisation est venu sur un coup de pied arrêté. Et là, il y a peut-être des choses à rectifier, car l’option de la défense en zone, sur les corners, en lieu et place du marquage individuel, est lourde de danger. On l’a vu sur le but, lorsque l’adversaire arrive lancé, pour jouer un duel aérien, il a l’avantage sur son vis-à-vis.

Mais malgré cela, sur la première mi-temps, les Lions ont été rayonnants, au point que le sélectionneur équatorien a opéré, dès la reprise, deux changements au milieu, en faisant sortir Sarmiento pour Franco (46e) et Cifuentes pour Gruezo (46e). Deux profils plus offensifs, pour essayer de conserver plus la balle et aller inquiéter le portier sénégalais. Mais, rien n’y fit.

Tout ceci est de bon augure pour le 8e de finale contre les Three Lions qui sera une autre paire de manches. Il faudra courir, être solide dans les duels et résilient tout au long du match.

Une charnière solide

Kalidou Koulibaly, en plus d’avoir été le sauveur de l’équipe, avec son but de la 70e mn, a été, hier, l’auteur d’une performance XXL. Avec son compère de la charnière Abdou Diallo, ils ont mis sous l’éteignoir le redoutable Ener Valencia qui a traversé le match comme une ombre. Il n’a rien eu à se mettre sous la dent. Judicieux dans son placement et solide dans les duels, le capitaine a été une vraie locomotive. Il a bien lu les trajectoires de la balle et rayonné dans les airs. D’ailleurs, lors du premier acte, Mendy n’a eu aucun arrêt à faire. Les deux tirs équatoriens ont fui le cadre.

Le capitaine Koulibaly a su réguler le bloc, le faisant monter, lorsque le Sénégal a clairement pris l’ascendant sur son adversaire, et le faisant redescendre, lors du seul temps faible intervenu entre la 50e mn et l’égalisation. Et même là, les défenseurs, notamment la paire centrale, ont bien tenu les attaquants adverses.

Iliman Ndiaye à la hauteur des promesses

Attendu et réclamé par tout un peuple, le milieu offensif de Sheffield United n’a pas déçu les attentes, hier, pour sa première titularisation dans ce Mondial. Dès ses premières prises de balle et ses premières percées sur son aile, il a fait reculer le bloc défensif adverse de près de 20 m.

En effet, d’entrée de jeu, les Équatoriens ont voulu imposer un pressing haut. Mais ils ont vite déchanté, en grande partie, à cause des différences faites par Iliman sur ce côté droit sénégalais qui, d’habitude, est le côté faible, puisque le jeu sénégalais, depuis des années maintenant, penche clairement vers la gauche, avec la place prise par Sadio Mané.

Avoir un pendant de qualité à droite est riche de promesses pour le Sénégal. Mieux, Iliman peut jouer dans l’axe, en soutien aux attaquants. Dans la perspective d’un retour de Mané et Ismaëla Sarr qui retrouve son côté droit, la présence d’Iliman comme playmaker peut permettre de débloquer bien de matchs, notamment sur le continent africain où les sélections évoluent en bloc bas face au Sénégal.

En attendant, Iliman a montré qu’il a sa place dans l’équipe. En plus d’avoir fait les efforts défensifs, il a apporté cette touche technique qui a permis de desserrer très tôt l’étreinte de l’Équateur. 

Animation offensive en progrès

Les attaquants ne nous avaient pas habitués à pareille fête. Hier, lors d’une première mi-temps de grande facture, les attaquants, notamment Boulaye Dia, auraient pu faire la différence dans le premier quart d’heure. D’abord, par Idrissa Guèye dont le tir, depuis l’intérieur de la surface de réparation sur un bon centre d’Ismaïla Sarr à gauche, a fui le cadre. Ensuite, Boulaye Dia qui a trop croisé son tir, sur un service de Sabaly. Puis, ni Pape Guèye ni Ismaïla Sarr ou encore Pathé Ciss n’ont pu faire la différence.

Mais ce qu’il faut retenir de ce match, c’est le mouvement incessant, les appels tranchants et les percées d’Iliman Ndiaye et d’Ismaila Sarr qui n’ont eu de cesse de harceler l’arrière-garde adverse. On sent l’équipe monter en puissance et les offensifs, de plus en plus à l’aise dans le jeu. Boulaye a été précieux dans le jeu dos au but. Il a bien conservé la balle pour faire monter le bloc.

Contre les Anglais, il faudra être chirurgical et propre techniquement. Car si l’Angleterre a une attaque de feu, sa défense n’a jusqu’ici pas montré des gages de solidité. Il y aura des coups à jouer. Espérons que l’esprit de Pape Bouba Diop rôde dans les parages, pour refaire le coup de 2002.

GASTON COLY

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