Publié le 22 Nov 2022 - 12:18
MONDIAL-2022 - SÉNÉGAL / PAYS-BAS (0-2)

Les bons et les mauvais points

 

Dans un vrai match de Coupe du monde, le Sénégal a tenu, hier, la dragée haute à la sélection hollandaise menée par Virgil Van Djik. Pendant longtemps, les débats ont été équilibrés, jusqu’à ce que les Oranges trouvent la faille sur un centre de Frenkie de Jong venue de la gauche, parfaitement coupé par Cody Mathès Gakpo, à la 84e mn d’un match jusque-là assez bien maitrisé par les protégés d’Aliou Cissé.

 

LES BONS POINTS

Un solide bloc défensif

Dans ce premier match du Mondial qatari, le sélectionneur sénégalais a opté, hier, pour la prudence. Cela s’est ressenti sur la composition de l’équipe, majoritairement composée de joueurs d’expérience et confirmés. Ainsi, au milieu de terrain, coach Cissé a fait confiance à Nampalys Mendy, Idrissa Gana Guèye et Cheikhou Kouyaté. Trois vieux routiers au profil défensif, pour contenir le milieu adverse mené par le redoutable Frenkie de Jong. De ce fait, le 4-4-3 sénégalais a longtemps gêné les Bataves organisés en 5-3-2. Même si, dès leurs premières attaques, on a senti que les Hollandais pouvaient être redoutables, avec des mouvements coordonnés et des appels tranchants.

Néanmoins, Kalidou Koulibaly, Pape Cissé, Youssouf Sabaly et Abdou Diallo ont réussi une première mi-temps de haute volée, réussissant à écarter le danger, à chaque fois que besoin. C’est pourquoi le portier sénégalais, Édouard Mendy, n’a pas eu à s’employer sur la première période. Le bloc équipe sénégalais, tantôt haut, tantôt médian et très rarement bas, a considérablement perturbé les Bataves dans la relance. Puisque le trio d’attaque a fait les efforts, dans le repli défensif et le travail de harcèlement de l’arrière-garde. La seconde mi-temps a été du même acabit, jusqu’au premier but encaissé par Mendy qui n’avait jusque-là pas eu grand-chose à faire.

Donc, c’est une équipe sénégalaise sûre de son football, qui a longtemps fait jeu égal avec la sélection hollandaise, avec un bloc défensif en place et assez coordonné, pour coulisser et compenser les absences et les erreurs des uns et des autres. 

Un pressing de grande qualité

Comme l’a dit le sélectionneur, lors de sa conférence de presse d’avant-match, le Sénégal a su, depuis quelques années, se forger une identité de jeu. ‘’Nous avons des valeurs, une identité. (…) J’espère qu’on continuera à garder ce style qui nous va très bien’’, a déclaré, avant-hier, Aliou Cissé. Qui plus loin, a ajouté : ‘’Le football, c’est un ensemble de périodes dans un match. Il faut être costaud défensivement, jouer dans les transitions.’’

En effet, pour pouvoir jouer la transition, il faut mettre en place un pressing efficace, pour récupérer la balle tôt et surprendre l’adversaire. Dans ce registre, les Sénégalais ont été plutôt bons, hier. Puisque les protégés de Cissé ont récupéré un nombre incalculable de ballons dans l’entrejeu, du fait d’un pressing de tous les instants bien coordonné. Qui a permis de mettre sous l’éteignoir le maître à jouer adverse Frenkie de Jong.

En effet, au fil des années et des compétitions, la sélection menée par Aliou Cissé a développé un véritable savoir-faire dans le pressing qui a permis, hier, à l’équipe d’avoir une possession honorable (47 %, sur l’ensemble du match).

Le défi physique relevé

Les joueurs d’Aliou Cissé sont au point physiquement et cela s’est vu hier, lors du match inaugural du Mondial qatari. Au fil des minutes, la bande à Koulibaly a clairement pris le dessus sur les Bataves. Notamment sur la deuxième mi-temps où les Sénégalais ont clairement pris le dessus. D’ailleurs, sur l’ensemble du match, les Lions ont été à 55 % de duels gagnés.

Lors des 20-25 minutes avant le premier but des Pays-Bas, le milieu sénégalais a totalement noyé celui de l’adversaire, avec des récupérations de balle hautes qui ont donné lieu à des situations de but qui n’ont pas été bien exploitées.

Ceci est de bon augure pour les deux prochains matchs, notamment celui face aux rugueux et physiques équatoriens. 

LES MAUVAIS POINTS

Une attaque inoffensive

Comme on pouvait le redouter, l’absence de Sadio Mané a laissé un vide qui sera difficilement comblé. Hier, les Lions ont été inoffensifs. Lors d’une première mi-temps assez maitrisée, les attaquants sénégalais n’ont jamais pu exploiter les bonnes situations de but obtenues, à la suite de récupérations de balle hautes. Le manque d’automatisme a été flagrant. Souvent, le porteur du ballon n’a pas su quoi faire du ballon, car les offensifs étaient statiques. Sans compter cette fâcheuse tendance à demander le ballon dans les pieds, au lieu de prendre l’espace et de recevoir le ballon dans la course, pour créer du déséquilibre chez l’adversaire.

Il aurait fallu faire des appels croisés et les bons déplacements par rapport aux coéquipiers, pour mettre en difficulté Van Djik et les siens. De ce fait, malgré une présence constante dans le dernier tiers adverse, nos attaquants se sont rarement retrouvés dans des situations de frappe. D’ailleurs, la seule et unique occasion de Boulaye Dia est venue d’un appel tranchant qui lui a permis de frapper en pivot et de trouver les gants du portier adverse Andries Noppert, en seconde période.

La prestation poussive d’Ismaëla Sarr n’a aussi pas aidé. La faute incombe plus au sélectionneur qui l’a fait jouer à gauche, à la place habituelle de Sadio Mané. Un poste qu’il n’a pas l’habitude d’occuper. Dans un match aussi important, il aurait fallu le laisser dans sa zone de confort, c’est-à-dire à droite, pour lui permettre de mener le front de l’attaque sénégalaise.

Dans l’ensemble, les Lions ont tiré 15 fois au but pour 4 tirs cadrés ; contre 10 tirs pour 3 cadrés pour l’adversaire qui s’est montré clinique.

Ainsi, en l’absence de Sadio Mané, véritable accélérateur de particules, il faudra apporter une réponse collective. Et ceci constitue un véritable chantier pour le sélectionneur. Car, compte tenu des résultats de la première journée de la poule A, la qualification pourrait se jouer au goal-average particulier et général. Les Lions devront cartonner le Qatar et jouer une finale contre l’Équateur.

Gana, prestation en berne

Idrissa Gana Guèye est l’un des tauliers de la Tanière et l’homme de confiance du sélectionneur. S’il continue à être aussi précieux dans l’équilibre de l’équipe, il a péché hier dans l’utilisation du ballon. Le joueur d’Everton a perdu énormément de balles et péché dans l’impact. Car, dans l’entrejeu, il a souvent été bougé par les adversaires dans les duels.

En l’absence de Sadio Mané, Gana a eu un grand rôle à jouer dans l’animation offensive. Mais sa prestation a été très neutre. Il n’a également pas été aidé par le manque de mobilité des attaquants, ce qui ne lui a pas permis de donner de la vitesse au jeu.

Coach Cissé, des choix non-payants

Hier, Aliou Cissé devait faire des choix, en l’absence de son maitre à jouer Sadio Mané. Comme souligné plus haut, il a fait le pari de l’expérience, dans ce match inaugural de la campagne des Lions, dans ce Mondial qatari. Ceux-ci se sont révélés non-payants, puisque les Lions ont été battus. Le coach était attendu, principalement, sur l’animation offensive. Son option de mettre Ismaëla Sarr sur le côté gauche a été non-concluante. D’autant qu’il aurait pu tenter le pari Iliman Ndiaye qui est le remplaçant naturel de Sadio Mané.

Au final, il a clairement manqué de technique et d’inspiration chez nos attaquants, pour perturber la défense batave.

L’autre handicap a, clairement, été le manque d’automatisme du trio d’attaque. Krépin Diatta a été longtemps sur le flanc et son retour n’a pas été impactant.

L’option d’un milieu de terrain travailleur pouvait se comprendre, face au favori du groupe pour la qualification au second tour. Mais après avoir pris la mesure de l’adversaire et surtout le dessus, physiquement, en seconde période, le sélectionneur a manqué d’audace, en ne faisant pas entrer un milieu plus créatif, pour aller chercher la victoire. Il est resté sur son schéma de jeu et l’équipe s’est fait piéger sur ce but de la 84e mn qui aurait pu être évité, si les milieux étaient montés sur Frenkie de Jong pour le gêner sur le centre qui a amené le but. Le joueur du Barça a eu toute la latitude pour déposer le ballon sur la tête de son coéquipier.

Le coaching n’a pas aussi fonctionné, même si certains choix ont été dictés par les faits de match (les blessures d’Abdou Diallo et Cheikhou Kouyaté). Il n’a pas voulu sortir Gana qui faisait un match plus que moyen. L’entrée de Bamba Dieng, quoiqu’intéressante, n’a pu être décisive, car il manquait clairement un pourvoyeur de bons ballons en attaque.

Mais tout n’est pas à jeter, car son approche tactique a été la bonne. Elle a gêné considérablement les Hollandais, sur une bonne partie du match. Le pressing haut aurait pu être payant, si les attaquants avaient pu trouver la clé pour ouvrir le coffre-fort hollandais. Dommage que le sélectionneur n’ait pas osé forcer le destin, pour aller chercher la victoire qui était à notre portée.

GASTON COLY

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